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© 2024 Editions Eyrolles
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- Titre(s) : Henri de Toulouse-Lautrec
- Scénariste(s) : Francesco Matteuzzi
- Dessinateur(s) - Coloriste(s) : Valerio Pastore
- Editeur(s) : Eyrolles
- Parution : Janvier 2024
- Prix : 19,90 €
- EAN : 9782416011573
Paris, début du XXᵉ siècle. Devant le célèbre Moulin-Rouge, une vendeuse de cigarettes et de noisettes, dans la force de l’âge, narre avec une grande émotion l’histoire du peintre Henri de Toulouse-Lautrec-Monfa. Petit (mesurant moins d’1,52 mètres), boiteux et laid comme il aimait à le rappeler, il installa son atelier au pied de la butte de Montmartre et se lia d’amitié avec beaucoup des personnalités remarquables de la culture : les peintres Edgar Degas, Vincent Van Gogh, Suzanne Valadon (qui fut son amante pendant deux ans) ou le chansonnier Aristide Bruant. Son talent fut récompensé puisqu’il vit ses œuvres exposées durant plusieurs années consécutives au Salon des Indépendants. Ce peintre de la Belle-Époque fréquenta avec assiduité les « lieux du vice » de Montmartre et de Pigalle : le Chat Noir, le Moulin de la Galette, le Moulin Rouge dont il devient d’ailleurs un fidèle habitué jusqu’à faire partie des murs, puisqu’il réalisa pour ce lieu des affiches et des tableaux. Le monde populaire de la nuit, sa source d’inspiration, lui permit de trouver ses sujets de prédilection qu’il représentait avec empathie et tendresse : les rebuts de la société, les femmes parmi lesquelles figurent en tête les danseuses et chanteuses du Moulin-Rouge (Louise Weber dite la Goulue, Jane Avril, Yvette Guilbert, etc), les prostituées, les comédiennes. Loin d’être la personne la plus commode du monde, il suffisait à ce génial portraitiste de dessiner pour que toutes les portes s’ouvrent à lui, même s’il gardait à l’esprit que « ce qui compte dans l’art comme dans la vie, ce sont les personnes ! ».
« Les choses importantes sont celles que l’on fait de son vivant, tu ne crois pas? Lui, il en a fait tant… Mon dieu, il en a fait tant. »
Après Hokusai et Anna Politkovskaïa, le scénariste Francesco Matteuzzi s’empare avec brio de la biographie du peintre, lithographe, illustrateur, affichiste et dessinateur Henri de Toulouse-Lautrec. Par l’intermédiaire d’une narration originale faisant des va-et-vient dans le passé, il lève le voile sur certains traits de caractère de ce travailleur acharné de l’art : son franc-parler, son addiction à la boisson et aux plaisirs charnels des professionnelles de l’amour, ses hospitalisations à répétition pour des crises de delirium tremens, ses relations complexes avec son père qui avait honte de lui (d’où le recours, au début, aux pseudonymes), son autodérision… L’auteur montre ainsi comment Toulouse-Lautrec jouait avec ses failles, notamment de son handicap physique (comme le révèle la planche en sépia de l’album) : plutôt que d’en rougir ou d’en être meurtri, il l’abordait frontalement devant des interlocuteurs décontenancés. En effet, ce noble qui fréquentait les bas-fonds voulait se sentir comme les autres. Si ce roman graphique livre un témoignage très intéressant sur l’évolution de Paris, à travers de superbes planches muettes et colorées sur les lieux emblématiques de la capitale (avec un accent mis sur la construction du Moulin-Rouge en 1889), il aborde également les conditions de vie difficiles des artistes à la Belle-Epoque. Montmartre représentait donc pour eux un point de chute économiquement accessible et géographiquement attractif. Concernant le graphisme, le dessin remarquablement lumineux de Valerio Pastore, mis en relief par un encrage délicat, restitue avec justesse l’ambiance grisante des nuits de Montmartre que l’on retrouvait sur les affiches, dessins, aquarelles, lithographies et peintures de Lautrec. L’illustrateur garde la part de mystère de l’artiste en masquant ses yeux derrière des verres de lunettes de couleur bleue. Mention spéciale à la magnifique fin qui révèle l’identité de la narratrice, intime du dessinateur !
Une passionnante biographie haute en couleur sur Henri de Toulouse-Lautrec pour découvrir à la fois l’homme et l’artiste.
Marie Chicaud
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