Titre : Gravé dans le sable
Scénariste : Jérôme Derache
Dessinateur – Coloriste : Cédric Fernandez
Éditeur : Philéas
Parution : Octobre 2020
Prix : 19,90€
Juin 1944. Puisque le Débarquement s’annonce comme une catastrophe pour les premiers malheureux qui mettront pied à terre sur les plages normandes, l’état-major américain décide de tirer leur ordre de sortir au sort. Pour Lucky, c’est l’occasion de profiter de sa chance légendaire dans un moment qui peut changer sa vie. Mais comme pour des milliers d’autres, tout s’arrête à Omaha Beach. Sa veuve, Alice, décide alors de refaire sa vie en Australie. Un de ses compagnons survivants, Alan, fait de son côté le choix de rester en France auprès de celle qui l’a soigné, Lison. Vingt ans plus tard, Alice réapparait pour une commémoration. Au fil d’une conversation avec les vieux camarades de Lucky, la jeune femme découvre ce qui s’est tramé derrière sa mort et entreprend de confronter les responsables…
« J’ai jamais compris pourquoi il a voulu narguer la mort, alors qu’il était attendu par une belle femme comme vous! Il y avait déjà assez de risques… il n’avait pas besoin de faire le con en plus. »
En 2014, les lecteurs voyaient être réédité le premier roman de Michel Bussi, Omaha Crimes, paru quelques années avant que l’écrivain normand ne devienne un véritable phénomène littéraire. Si Gravé dans le sable n’est pas exempt de quelques menus défauts « de jeunesse » et d’ajouts un peu inutiles (la sénatrice manipulatrice et le tueur qu’elle engage), le thriller parvient déjà à captiver par son intrigue étalée sur plusieurs décennies et ses rebondissements et faux semblants nombreux. Jérôme Derache restitue parfaitement ce récit à tiroirs, dispersé entre plusieurs personnages menant des enquêtes parallèles et plusieurs époques, depuis le Débarquement jusqu’au milieu des années 90. Le format conséquent de l’album, grâce à ses plus de 120 pages, permet justement de prendre le temps de développer chaque protagoniste ayant un réel rôle à jouer. Jusqu’à son final qui devient de plus en plus prévisible au fil des planches, l’histoire captive et gère ses effets et mystères à merveille, non sans prendre le temps d’installer ses décors et ses ambiances. Cédric Fernandez réussit à suivre ce mouvement avec aisance, s’adaptant à tous les lieux, de la Normandie aux Etats-Unis, et tous les moments, des années 60 aux années 90. L’exercice délicat du vieillissement des héros, pas toujours facile à réaliser sans tomber dans les clichés, est également très réussi et concourt à l’élégance visuelle de ce très bel album.
Une adaptation fidèle et prenante d’un thriller efficace.
Arnaud Gueury
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