
Enfant, Paul Gillon séjourne au sanatorium de Berck pour soigner sa coxalgie, tuberculose des os due à la répétition de chutes téméraires. Solitaire, il apprend à observer les petits faits imperceptibles et découvre la bande dessinée dont il nourrit son imagination. Quelques années plus tard, cet insoumis qui rêve de théâtre, de cinéma et de music hall signe des couvertures de partitions (pour des chansons de Charles Trenet, Tino Rossi…) et des caricatures, publiées dans Samedi-Soir, France-Soir et Gavroche, avant de pénétrer l’univers de la BD. À l’hebdomadaire Vaillant, il reprend Lynx Blanc, puis crée Fils de Chine. Paul a alors 22 ans, fréquente Saint-Germain des Prés, ses cafés, ses caves, sa faune. Il entre à France-Soir, au Journal de Mickey. Puis il se lance avec enthousiasme dans l’aventure de Métal Hurlant. S’il s’acoquine toujours avec les comédiens, ce monde se révèle à ses yeux de plus en plus superficiel. Changement de cap : il prend un appartement et se marie. Illustrateur, il est désormais aussi scénariste avec Jérémie. Il conjugue même les deux activités dans Les Naufragés du Temps pour lequel il est co-auteur avec Jean-Claude Forest, assouvissant ce désir d’œuvrer en science-fiction. Sa dernière série est la saga judiciaire L’Ordre de Cicéron, scénarisée pour Richard Malka. Magazines, journaux, albums, il multiplie les supports comme les perspectives de l’imaginaire. Paul Gillon était un Monsieur de la bande dessinée, disparu le 21 mai 2011, un homme qui a toujours suivi sa voie, guidé par un farouche désir de liberté, mais qui utilisait aussi sont talent comme moteur d’aventures collectives restées dans les annales de la BD. Il avait des ambitions pour son art, qu’il a contribué à porter plus haut : la bande dessinée le regrettera. © Glénat