Titre : La Mère Patrie
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Frédéric Genêt
Coloriste : Annelise Sauvêtre
Éditeur : Le Lombard
Parution : Février 2021
Prix : 14,75€
Benvenuto Gesufal est de retour à Ciudalia après son « séjour » dans les geôles ressiniennes. Sur les quais, tout le clan Masttigia est là et il prend peur lorsqu’il confond Dulcino avec son frère Bucefale qu’il a tué précédemment. En fait, Don Tremorio veut seulement le remercier d’avoir tout tenté pour sauver son fils. Ainsi, Don Benvenuto est accueilli en héros. Cependant, il est physiquement très touché. À commencer par des cicatrices sur le visage et un trou béant laissé par la disparition de ses dents. Alors qu’il n’aspire qu’à profiter de sa convalescence en ayant la paix, du vin, un lit et une femme, il a l’impression que tous veulent l’en empêcher. Donna Clarsissima ne cesse de le relancer à propos du Macromuopo, la Guilde des Chuchoteurs le menace, Dulcino lui tourne autour et son physique ne suit pas face à Don Oricula. Malgré tout, il arrive à rester suffisamment en retrait pour observer les complots mis en place par son maître, et désormais associé, Don Ducatore. Alors que tout semble assez calme dans la cité, le meurtre de Don Coccio vient changer la donne. Et la séance d’attribution des charges et des marchés dus à leur victoire sur Ressine va se transformer en un véritable tribunal voué à juger les actes du podestat souverainiste. Malheureusement, Benvenuto sera le premier à en faire les frais.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Don Benvenuto Gesufal, tout spadassin qu’il est, en prend plein les dents pour la Mère Patrie (la retranscription graphique de ses blessures est assez remarquable d’ailleurs) ! Même s’il arrive à glaner quelques billes pour jouer dans la cour des grands, il a toujours plusieurs coups de retard qui font qu’il se retrouve dans des situations très complexes, voire à la limite du létal. Heureusement, son instinct de tueur lui permet de s’en sortir de justesse. Mais combien de temps cela va-t-il encore durer ? Frédéric Genêt (Samurai) poursuit avec brio l’adaptation du roman éponyme de Jean-Philippe Jaworski dans lequel complots, alliances, trahisons, meurtres, manipulations et jalousies sont les bases de la politique ciudalienne afin d’obtenir le pouvoir. Non seulement sur le peuple mais aussi sur les territoires alentours. Une véritable leçon de géopolitique en somme. Notons que ces intrigues se jouent à tous les niveaux. On le voit notamment avec Donna Clarissima qui se sert de Benvenuto contre le Macromuopo. Ce troisième opus est très dense d’un point de vue scénaristique mais le travail réalisé par l’auteur nous permet d’en avoir une lecture fluide et surtout passionnante… haletante. Une fluidité que l’on retrouve dans le dessin qui est tout simplement sublime. L’expressivité des personnages, le “chara design”, les décors et les cadrages nous immergent littéralement dans l’univers fantasy du romancier, bien aidé en cela par la très belle mise en couleurs, à quatre mains, réalisée avec Annelise Sauvêtre.
Un excellent album qui se termine par un nouveau cliffhanger très marquant ! De fait, la suite est attendue avec beaucoup d’impatience.
Stéphane Girardot
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