Titre : Le Royaume de Ressine
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Frédéric Genêt
Coloriste : Annelise Sauvêtre
Éditeur : Le Lombard
Parution : Septembre 2019
Prix : 14,45€
Benvenuto Gesufal croupit dans une geôle ressinienne en attendant d’être probablement exécuté. Comment l’ancien phalangiste de Ciudalia en est-il arrivé là, lui qui est pourtant si malin ? Un mois plus tôt. La guerre avec le Royaume de Ressine fait rage et le régiment Burlamuerte fait un carnage dans la ville portuaire de Cyparissa. Cependant, alors que tout laisse penser que la victoire est acquise, le Podestat Cladestini (du Parti Ploutocrate) et ses navires sont victimes d’une attaque surprise au large des côtes de Cyparissa où les feux de l’ennemi ne leur laissent aucune chance. Son principal opposant mort sur le front, le Podestat Léonide Ducatore (du Parti Souverainiste) se retrouve ainsi seul à la tête du commandement de Ciudalia avec l’aval du Sénat. Le rusé politicien décide de fait de prendre la mer et de se rendre lui-même sur le champ de bataille avec son bras droit Benvenuto, qu’il charge d’une mission secrète, afin de revenir en héros et définitivement asseoir son hégémonie déjà grandissante. Son but est de gagner la guerre mais la question est de savoir comment il compte le faire. Pour cela, il va utiliser/sacrifier son pion Benvenuto, qui a conscience de sa réelle condition, sur l’échiquier du pouvoir.
Nous avions été fortement impressionnés par la qualité globale du premier volet de cette adaptation du roman de fantasy éponyme proposée par Frédéric Genêt (Samurai) et ce deuxième tome ne fait que conforter ce sentiment. L’auteur met parfaitement en scène les propos du romancier Jean-Philippe Jaworski qui décrit les mécanismes politiques utilisés par un homme sans scrupule, Léonide Ducatore, afin d’obtenir le pouvoir absolu. Il joue avec la guerre, la paix et ses « collaborateurs » comme s’ils n’étaient que des pions sur un plateau de jeu. Bien évidemment, il en est de même de nos jours où les habiles mensonges des politiciens, leurs honteuses manipulations et les horribles sacrifices sur l’autel du pouvoir qu’ils se permettent de faire sont monnaie courante et passés sous silence. Le monde fictif créé fait passer la pilule mais n’empêche absolument pas de s’interroger et de voir derrière cette aventure une critique de notre société contemporaine. Il nous tarde donc de voir ce qu’il adviendra du « pion majeur » Benvenuto entre les mains du « Roi » Ducatore. Une curiosité d’ailleurs accentuée par le cliffhanger ! Si l’histoire nous tient bien en haleine du début à la fin, la retranscription graphique qui en est faite, quant à elle, régale nos « papilles oculaires ». Frédéric Genêt tient magnifiquement l’univers ainsi que les personnages et nous immerge un peu plus aux côtés de Benvenuto. Le trait est toujours aussi classieux et bien mis en exergue par une colorisation à quatre mains réalisée avec Annelise Sauvêtre (Les nouvelles aventures de Sarkozix).
Une suite qui tient toutes ses promesses.
Stéphane Girardot
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