Titre : Vanko 1848
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateurs : Philippe Berthet & Dominique David
Coloriste : Meephe Versaevel
Éditeur : Dupuis
Collection : Grand public
Parution : Mars 2021
Prix : 15,95€
En 1848, la violence règne au Monténégro. Se rangeant du côté de l’insurrection paysanne contre le prince-évêque, le jeune médecin Vanko Winczlav échappe de peu à la capture. Il trouve refuge à Dubrovnik, en Croatie, mais de nouveau pris au piège, dans une auberge, il est aidé par une Bulgare exploitée dans l’établissement et tous deux parviennent après quelques étapes à prendre le bateau pour l’Amérique. Privée de papiers d’identité, la jeune femme, prénommée Veska, épouse Vanko durant la traversée pour pouvoir être autorisée à rester lors du débarquement. A New York, Veska, installée comme couturière, accouche de l’enfant non désiré de son bourreau croate et refuse de l’élever. Vanko, qui a refusé de l’avorter, a trouvé une place d’infirmier à défaut de pouvoir faire valoir son diplôme de médecin. Il tombe amoureux d’une collègue. Le couple issu du mariage arrangé se sépare, mais les aventures des Winczlav sont loin d’être terminées…
« Vanko Winczlav… de quel trou perdu sors-tu avec un nom pareil?
– Je suis un Serbe du Monténégro, dans les Balkans.
– N’importe quoi. Enfin, tu baragouines l’anglais, c’est déjà ça. Je t’inscris comme Winx, d’accord? Ça fait plus américain. »
C’est un plaisir sincère de retrouver Jean Van Hamme au scénario d’une nouvelle série, qui plus est avec une autre référence, Philippe Berthet, au dessin. Les deux auteurs, épaulés graphiquement et aux couleurs par Dominique David et Meephe Versaevel, mettent toute leur expérience au service de ce récit prenant, racontant les origines de la fortune dont héritera plus tard Largo Winch. Loin des intrigues financières du milliardaire, parfois ardues à comprendre, on est ici dans le registre plus classique de la saga familiale, avec ses drames, ses réussites et ses ellipses temporelles. Jean Van Hamme est d’ailleurs en terrain connu après Les Maîtres de l’Orge. Bien servie par la finesse et la précision du trait, l’intrigue est d’une grande clarté et se laisse suivre avec plaisir. Après une solide et dramatique introduction au Monténégro, on se plonge avec délice dans ce contexte de l’Amérique de la seconde moitié du XIXe siècle, croisant ici ou là des personnages authentiques, comme l’inventeur Isaac Singer qui révolutionna la couture, et qui n’est pas là que pour le clin d’œil. Maniant à merveille les ressorts dramatiques et les répliques percutantes, cette nouvelle paire d’auteurs, expérimentés chacun de leur côté, s’avère très convaincante, et nous avons déjà hâte de rencontrer la génération de 1910 dans le deuxième opus.
Une saga familiale sur le temps long qui ne devrait pas décevoir les amateurs.
Nicolas Raduget
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