Titre : Le Fils de l’Ursari
Scénariste – Dessinateur : Cyrille Pomès
Coloriste : Isabelle Merlet
Éditeur : Rue de Sèvres
Parution : Avril 2019
Prix : 14€
Alors que leur vieille guimbarde a lâché un ultime hoquet, Ciprian et sa famille se voient contraints de rester un temps sur place. Mais les habitants de Tamasciu, comme les autres, n’aiment pas les Roms, même si Lazar, le père de famille, est un « Ursari », un montreur d’ours. Entre la haine ancestrale qu’on leur manifeste et les vols à l’étalage de Dimetriu, l’accueil vire à l’affrontement musclé. Un homme se propose alors de les aider à partir, loin. A Paris. En échange d’une simple reconnaissance de dette, qu’ils pourront vite honorer. Mais le rêve de voir la France se heurte à une sordide réalité à base de bidonville, de menaces et d’extorsion. Ciprian doit alors devenir pickpocket pour rembourser les passeurs, jusqu’à ce qu’il découvre, fasciné, des joueurs de « lézéchek » dans les jardins du « Lusquembourg »…
« Ces gens-là jouaient à un jeu. Un jeu qui les captivait si fort que plus rien n’existait autour d’eux. Pourquoi ce jeu-là m’a-t-il tout de suite attiré comme un aimant? »
Récit profondément humaniste qui n’occulte pas les dessous des trafics de personnes et l’impasse d’un peuple rejeté où qu’il soit, même – et surtout – dans son pays d’origine, Le Fils de l’Ursari est une belle et fidèle adaptation du roman de Xavier-Laurent Petit à laquelle Cyrille Pomès donne une énergie et une intensité folles. En suivant les pas des Zidar de la campagne roumaine aux bidonvilles de Paris, on voit le parcours hélas classique de familles naïves et débrouillardes tombant sous la coupe de trafiquants sans scrupules. Plutôt réaliste sur le fond, l’intrigue vire rapidement vers quelque chose de plus romancé lorsque le jeune Ciprian se révèle être un génie des échecs auprès de personnages un peu trop manichéens. Le contraste avec le début de l’album est assez surprenant, mais l’équilibre qui en découle sur les dernières pages est brillant, avec un joli final qui boucle la boucle.
Une belle adaptation qui apporte un vrai plus par rapport au livre et donne envie de le découvrir.
Arnaud Gueury
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