Titre : Les Montagnes russes
Scénariste – Dessinateur : Jean-Louis Tripp
Éditeur : Casterman
Parution : Mars 2020
Prix : 27,95€
La bande d’amis avec laquelle JeanLouis aimait jouer – enfin… partouzer ou organiser des orgies – a décidé d’arrêter. Dans le couple qu’il forme avec Caroline, l’ennui s’est immiscé, au point que la séparation est inéluctable. Il se parodie d’ailleurs très drôlement comme étant “l’aventurier de la partouze perdue” ! Pour lui, la rupture n’est pas si difficile car il est très occupé avec Valérie. Mais cela ne dure qu’un temps car, suite à un épisode particulier, il rompt. Il n’était pas amoureux. Il baisait mais ce n’était pas ça. S’ensuit une période qui le mène à ne cohabiter qu’avec lui-même. Et cet autre lui-même ne va pas bien. Il se met alors à courir à en cracher ses poumons et s’envole au Népal pour le faire à 6000 mètres d’altitude. Une fois rentré, Capucine apparaît lors d’un salon du livre. C’est le coup de foudre ! Après de très très bons moments passés ensemble, la monotonie et la monogamie installées ne conviennent plus à JeanLouis qui se sépare de nouveau. Mais cette fois-ci il touche le fond au point de vouloir en finir avec la vie. C’est à ce moment-là qu’il apprend qu’il est papa ! Et il le sera une deuxième fois, pas avec la même femme, avant de pousser les portes d’un club échangiste avec Nathalie. Une libération où il retrouve des gens qui ont les mêmes comportements que les bonobos auquel il s’identifie volontiers.
Ce deuxième pavé – 368 pages, encore plus conséquent que le premier – sur les aventures sexuelles de Jean-Louis Tripp est du même acabit que le précédent. Une petite merveille qui réveille les consciences sur le fait que notre sexualité n’est pas sale. Nous aimons l’amour et le plaisir, Dame Nature nous a faits ainsi. Il ne faut pas en avoir honte ! Extases raconte donc « les choses de l’Amour sans voile ni fausse pudeur ». Selon les termes de l’auteur lui-même, cette série est en cela un « acte engagé, un véritable acte politique ». La portée de cette œuvre est d’autant plus grande que tout est écrit avec humilité, courage, humour (le satyre à grosse bite est toujours là !), tendresse, beaucoup de respect envers la Femme et use volontiers de l’autodérision (JeanLouis est tour à tour l’aventurier de la partouze perdue, un Bisounours ou encore un bonobo). Encore une fois, rien n’est à classer dans le pornographique. Tout est sensuel avec une mise en exergue des questionnements/doutes/inquiétudes lors de chaque situation qu’il rencontre. De plus, même les moments peu reluisants de sa vie sont mentionnés, comme les tromperies qu’il fait subir à Capucine, ses baises à droite et à gauche où il attrape des Chlamydiae. Mais cela fait partie du chemin d’émancipation d’un jeune homme où il y a des relations entre « adultes désirants » qui se réapproprient leurs corps pour se construire. Une véracité sans faille dans le récit où toute une intimité est mise à nue. Alors oui, on voit des boobs, des bites, des chounes, normal, il est question de sexe ! Cependant, le trait est très charnel, érotique et absolument pas outrancier. Le traitement graphique dans le club échangiste basé uniquement sur des illustrations pleine page – qui tranche littéralement avec le reste de l’album – est juste percutant, enivrant et excitant. Tout autant que la phase où JeanLouis pense à en finir avec la vie est oppressante à travers une succession de cases verticales de plus en plus sombres.
Jouissive ! On se répète mais il n’y a pas de terme plus approprié pour cette lecture.
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Extases #2”
11 juin 2021
Tu ne tueras point - La Ribambulle[…] termes, après des années à côtoyer l’optimisme et le positif à travers Magasin Général et Extases notamment. Pour ce faire, l’auteur a donc volontairement sélectionné deux catégories […]