Titre : Fille de Pandora
Scénariste – Coloriste : Sybille Titeux de la Croix
Dessinateur – Coloriste : Amazing Ameziane
Éditeur : Jungle!
Parution : Janvier 2017
Prix : 10,60€
Mexico, 1911. Porfirio Díaz est au pouvoir depuis trente-quatre ans mais la révolution est en marche avec Émiliano Zapata à sa tête. Dans ce contexte mouvementé, Amparo Salguero Horcas nous raconte l’histoire de sa famille qui vit dans un petit village situé dans la région de Morelos. Entre autres membres, il y a sa grand-mère Encarnación qui a eu trois garçons – dont deux sont morts et un troisième est en exil – et trois filles – Delfina, Maria et Pandora (la maman d’Amparo). Ces dernières sont mariées respectivement à trois frères, trois bandidos – Tadeo, Fausto et Dante – qui ne sont pas vraiment des plus efficaces et plutôt dépensiers. Pour passer le temps, la fillette joue souvent près de la vieille pyramide avec ses cousins Felizita et Nazarío. Mais un jour, « abuelita » demande aux filles leurs poupées et à Nazarío son nounours pour cacher de l’argent à l’intérieur. Mais d’où viennent tous ces « pesos » ? Encarnación révèle alors aux enfants un grand secret qu’ils devront garder toute leur vie : celui de trois « desperadas » qui ne sont autres que leurs mères !
Après le remarquable Muhammad Ali, Sybille Titeux de la Croix et Amazing Améziane collaborent à nouveau sur ce projet plein d’humour qu’est Desperados Housewives, et qui est en tout premier lieu une ode au Féminisme. Un hommage à ces femmes qui ont pris les armes et jeté leurs casseroles pour suivre Émiliano Zapata dans la révolution mais aussi à celles qui ont fait leur propre révolution contre le machisme comme nos « desperadas » ! Une histoire plaisante, agrémentée de faits historiques, parfaitement scénarisée par Sybille Titeux de la Croix qui alterne volontiers les narrations d’Encarnación et Amparo avec des scènes d’action. La scénariste s’offre même luxe d’un anachronisme en intégrant à la période le découvreur du Machu Picchu, Hiram Bingham, dans le rôle d’une des victimes des sœurs Salguero Horcas et n’hésite pas à ridiculiser leurs maris. Outre la référence flagrante dans le titre à la série télé Desperate Housewives, vous apprécierez également celles au Chasseur de la nuit, un film de Charles Laughton réalisé en 1955 (indices : poupée et voiture). Rien d’étonnant lorsque l’on connait un tant soit peu les auteurs ! Graphiquement, Amazing Améziane va à l’essentiel avec un dessin épuré et dynamique qui sert très bien le récit. L’ensemble est judicieusement mis en couleurs à quatre mains par les auteurs avec une palette chromatique qui sent bon les tacos !
Une histoire de famille en marge de la révolution mexicaine instructive et « muy simpática » !
Stéphane Girardot
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