Titre : Dans les forêts de Sibérie
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Virgile Dureuil
Éditeur : Casterman
Parution : Novembre 2019
Prix : 18€
L’écrivain voyageur Sylvain Tesson décide de vivre seul de février à juillet 2010 dans une cabane, une isba de bois, sur les bords du Lac Baïkal, située à cinq jours de marche du premier village. Une idée qui lui est venue sept ans auparavant lors d’une première visite sur les lieux et qui a germé avant de se concrétiser en un ermitage silencieux accompagné de livres, de cigares et de vodka. Il est d’autant plus coupé du monde que l’ordinateur, qui ne supporte pas le différentiel de température, crame dès les premiers jours et le téléphone satellite capte très mal, voire pas du tout. Ce séjour est une véritable introspection durant laquelle Sylvain Tesson marche, explore, observe, contemple, pêche sa nourriture, côtoie de très rares voisins, fait du patin à glace sur le lac, se fait peur en tombant nez à nez avec un ours ou encore en tombant dans l’eau glacée alors que la glace cède sous ses pieds. Dans la nature démesurée, il vit simplement et lentement de la fin de l’hiver jusqu’au début de l’été. Jour après jour, il consigne son ressenti dans des carnets qui donnent naissance à un livre édité en 2011 : Dans les forêts de Sibérie.
Adaptation du roman, cette bande dessinée éponyme de Virgile Dureuil est (sur)prenante à plus d’un titre. D’une part, parce qu’il s’agit de la première production de l’auteur pour le 9ème Art, dont le trait ainsi que la mise en couleurs sont d’une maturité incroyable. D’autre part, porté par les mots de Sylvain Tesson, dont les écrits passionnent le dessinateur, de jour en jour et de mois en mois, le dessin invite réellement à la contemplation et à faire une pause. Chose extraordinaire, le lecteur se prend à lire au rythme de vie du voyageur écrivain, lentement. En prenant le temps de se questionner sur les thèmes abordés. Qu’est-ce que la vraie liberté ? Quelle est la véritable richesse ? Quid du temps qui passe ? La retranscription graphique en est parfaite. Selon Sylvain Tesson : « Si ma mémoire savait peindre, cela donnerait ce livre ». Nul doute que l’impact sur le lectorat est identique, ou tout du moins très proche, de celui du roman. Le Lac Baïkal, le cap des cèdres du nord, la taïga, l’île d’Olkhon, les montagnes de Bouriatie prennent vie et sont de véritables acteurs sous les crayons et les pinceaux de l’illustrateur. Une œuvre très intimiste où le romancier se dévoile complètement et dont la quintessence transpire des cases avec finesse.
Une adaptation très réussie qui donne envie de (re)découvrir le roman de Sylvain Tesson et pousse à la réflexion.
Stéphane Girardot
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