Thomas Priou était présent au festival d’Angoulême fin janvier, l’occasion idéale pour revenir sur sa nouvelle série jeunesse : Trappeurs de rien. Rencontre.
Deux tomes de Trappeurs de rien sortis en 2016, la série devrait tenir un rythme similaire avec deux nouveaux titres en 2017. Heureux de cet engouement pour ta série ?
Je suis plutôt content parce qu’il y a un éditeur qui nous soutient et qui défend vraiment très très bien cette série. Là il s’avère que l’on a eu une version souple du tome 1 pour l’agglomération amiénoise qui a permis de toucher encore un peu plus de lecteurs, on est donc ravi. A partir de là on continue la série, le tome 3 sortira au mois d’avril et le tome 4 est programmé pour octobre. On réfléchit actuellement au tome 5 et ensuite on verra.
Publier deux tomes par an permet-il d’accrocher les lecteurs ?
Effectivement, pour le lectorat il est important d’avoir un rythme aussi soutenu, on considère que pour attirer le public et le fidéliser il faut que les sorties soient de plus en plus proches. On fait donc au mieux pour proposer deux tomes par an en sachant, par contre, que pour le tome 5 la pagination va évoluer, cet album comportera quasiment deux fois plus de pages que sur les autres titres de la série. On espère que cela satisfera nos lecteurs.
Le tome 3 sortira en avril. Que nous réserve ce nouvel opus ?
Le titre de l’album sera Coco a disparu et donc c’est l’histoire du perroquet que l’on a eu l’occasion de voir dans les deux premiers tomes. Cela va amener nos trois trappeurs à faire une escapade en forêt pour partir à sa recherche et le défi de cet album est qu’en terme d’ambiance on va être sur un album de nuit. Sur trente pages, tout va se dérouler la nuit. Nous essayons de donner une réelle identité à chaque tome, nous étions sur du bleu-vert sur le premier tome, l’orangé-rouge sur le second et là sera du bleu-nuit.
Quand on pense aux BD animalières jeunesse, on pense forcément à l’univers Disney. Est-ce une référence pour toi sur cette série ?
Plus ou moins. Quand on pense à Disney, on pense forcément aux dessins animés mais personnellement ce n’est pas mon cas, en tout cas dans le processus de création de cette série. J’ai plutôt pensé aux albums de La Jeunesse de Picsou réalisés par Don Rosa, c’est un personnage Disney mais avec un point de vue d’auteur permettant de donner une identité complète au personnage de Picsou. En pensant à cela, je voyais le grand récit d’aventures, de grands paysages, mais également le côté canard aussi, aventurier, et la ruée vers l’or. Evidemment on n’a pas fait de plagiat, c’est uniquement une inspiration mais ce n’est pas la seule. J’adore le travail de Tébo avec récemment son album sur Mickey (La Jeunesse de Mickey) mais je suis très fan de son boulot depuis des années. Des BD telles que Ariol ou Avni enrichissent mon graphisme et mon univers je pense.
En tant qu’auteur de BD tu travailles avec divers éditeurs mais également pour plusieurs magazines (Lanfeust Mag, Spirou et le Journal de Mickey). Abordes-tu le travail sur un album de la même façon que ton travail pour les magazines et qu’est-ce qui diffère ?
Ce qui diffère, c’est le rythme qui est moins soutenu. C’est-à-dire que, pour la presse si on me demande une double page de jeux, je sais que dans un temps relativement court je vais pouvoir faire la page et passer à autre chose. Un album, c’est un travail de plus longue haleine, on débute l’album, on le développe et cela prend des mois et des mois. La presse me permet de me changer un peu les idées et j’adore cela car il faut être réactif. Je travaille notamment pour Spirou et c’est super chouette, je travaille aussi pour Bayard, je développe pour eux une nouvelle série qui s’appelle Darwin.
Jusqu’à maintenant tu n’as jamais sorti d’album au format classique en 46 planches. Hasard ou non ?
C’est un gros hasard, je pense que quand j’étais gamin et que je voulais faire ce métier, je rêvais de l’album classique de 46 pages. A l’heure actuelle, je n’ai fait que du 30 pages et à chaque fois c’est uniquement un hasard. Pour Alexandrine, à la base ce devait être un 46 pages et on l’a scindé en deux fois 30 pages. Le but dans un avenir proche est que je puisse réaliser un album dit classique. Ce n’est donc pas un manque d’envie de n’avoir pu concrétiser ce type d’ouvrage.
Tu fais beaucoup de BD animalières pour la jeunesse, à l’avenir comptes-tu réaliser un album plus adulte ?
Travailler sur ces albums est également un gros hasard, enfin plus ou moins, j’adore la jeunesse mais je ne me suis jamais dit que j’allais être un dessinateur spécialisé dans le genre. C’est mon dessin qui a fait que ça correspond à une tranche d’âge spécifique, je pense qu’il va falloir que je travaille mon style pour pouvoir toucher un autre lectorat. J’ai un projet avec Aurélien Ducoudray qui, pour le coup, sera un peu plus sérieux, un album entre 60 et 80 pages. Je pense que ce sera un album qui ne sortira pas avant 2019. Aurélien est très fort comme scénariste, j’adore ce qu’il écrit et je suis très content d’avoir la possibilité de travailler avec lui. Cela me permettra de trancher complètement avec ce que je fais actuellement.
Tu aimes les jeux vidéo, certains dessinateurs bossent également dans le domaine. Ce type d’expérience pourrait te tenter ?
Le jeu vidéo, je le considère comme une passion, je fais beaucoup de retrogaming entre autres car je suis un gros nostalgique de l’époque Super Nintendo et Playstation. Même si j’y ai pensé à une époque quand je me cherchais un peu vers 10-12 ans, je me dis que ce n’est pas plus mal que je ne bosse pas dans ce domaine. Cela ne m’éclaterait pas forcément car bosser avec une équipe de 80-100 personnes, ce n’est pas ce qui m’enchante le plus. Je pense que l’on est beaucoup moins maître de ce que l’on fait quand on est dans ce type de studio que dans la bande dessinée.
Tu as réalisé la carte de vœux de l’association La Ribambulle. Tu as choisi de rendre hommage à la couverture de l’album Le Schtroumpfissime. Peux-tu nous expliquer pourquoi ce choix en particulier ?
Cela m’a paru super évident car la contrainte de base pour réaliser cette carte de vœux était de faire référence à un album célèbre. Le Schtroupfissime est un album que j’aime beaucoup. La narration et le dessin de cet album sont excellents, je suis un grand fan du travail de Peyo entre 1960 et 1990. C’est un album qui a du fond, qui paraît très naïf mais il y a un double-sens mis en place avec beaucoup d’intelligence. Peyo est une grande référence pour moi au même titre qu’Albert Uderzo, René Goscinny et tous les classiques des années 60. Réaliser cette carte de vœux avec pour référence Le Schtroumpfissime m’a permis de faire mumuse avec mes personnages ainsi que la mascotte de la Ribambulle.
D’autres projets pour 2017 ?
En plus des tomes 3 et 4 de Trappeurs de rien, j’aimerais commencer à travailler sur le tome 5 en fin d’année. J’ai pas mal de boulot lié à la presse ainsi que du parascolaire et puis je dois aussi me pencher sur le projet que j’ai avec Aurélien Ducoudray aux éditions de la Gouttière.
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 27 janvier 2017.
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