Jonathan Munoz était présent au festival Quai des Bulles. Ses deux titres parus en 2018 nous ayant marqués, l’occasion était idéale d’aller lui poser quelques questions à ce sujet. Rencontre.
Après Godman en avril, Mauvaises mines est sorti en mai. Dès la couverture, tu nous mettais dans l’ambiance et si l’effet recherché est certainement d’attirer le regard, n’as-tu pas eu peur de rebuter certains lecteurs ?
Ce qui est amusant, c’est que moi j’avais fait une couverture avec un adulte qui tient une affichette et qui cache quelqu’un qui s’est suicidé. Et c’est mon éditeur qui m’a dit « Nan mais ça serait trop marrant qu’en fait ça soit sa petite fille qui tienne l’affiche ». Moi j’étais plutôt à me dire que c’était peut-être un peu chaud de montrer quelqu’un qui vient de se suicider sur une couverture de BD. Finalement on m’a conseillé d’aller encore plus loin, je trouve ça fascinant alors qu’au départ j’avais peur de la censure.
Comment t’est venue cette idée géniale de raconter l’histoire d’un auteur jeunesse qui décide de changer de style sans en informer son éditeur, un éditeur qui va du coup totalement péter un câble en découvrant la trahison de son auteur puisque bien évidemment aucune relecture n’a été faite avant l’impression et la mise en vente de la nouveauté ?
Je venais de sortir un livre à l’époque qui est légèrement passé inaperçu et c’est cela qui m’a touché. Je me suis dit que j’avais travaillé sur un album et qu’au final il n’est pas lu. Le public est silencieux en général, à part ceux que je rencontre en séances de dédicaces. En même temps, il y a une petite critique des éditeurs qui, des fois, ne lisent pas vraiment les projets mais il n’y a rien d’autobiographique dans ce cas car je suis assez bien suivi.
Mais il y a quand même un petit côté personnel dans ce titre ?
Oui, carrément. En gros, ce projet est né parce que pendant deux ans j’ai envoyé dossiers sur dossiers et les éditeurs ne répondaient jamais. Je me disais que c’était bête de laisser tout ce travail-là végéter et c’est là que m’est venu l’idée d’écrire l’histoire d’un auteur qui essaye de percer dans le milieu. C’était une histoire réaliste mais ça m’a rapidement saoulé car j’avais envie de déconner. Malgré des faits réels racontés, c’est complètement imaginaire sur le fait des expérimentations graphiques. A la base, je souhaitais vraiment réaliser un livre d’illustrations, j’aime bien ce genre d’albums mais ce qui me dérange plus c’est l’enchaînement de blagues. L’idée a donc germé de faire une BD qui lie un peu le tout pour que l’ensemble ait un sens.
On peut dire que tu n’as aucune limite. Était-ce ce que tu recherchais en intégrant la collection Glénaaarg ?
J’ai des limites mais elles sont personnelles. Je n’aime pas qu’on m’impose des limites, je trouve ça très bien qu’on puisse sortir des livres qui soient borderline. Je ne sexualiserai pas une petite fille parce que je n’ai pas envie de le faire en fait mais c’est ma limite personnelle. Par contre, je veux qu’on puisse le faire, c’est une volonté qu’on puisse le faire. Libre à toi de le lire ou pas.
Des projets déjà sur le feu ?
Godman était censé être un one-shot mais l’éditeur a vraiment aimé, du coup il m’a commandé un tome 2 directement. J’ai d’autres projets mais je préfère ne pas en parler car avant je parlais des projets et ça ne se concrétisait pas, donc je ne veux pas me porter la poisse. Ah si, j’illustre un jeu de société qui s’appelle Le Bois des Couadsous 2 qui est la suite d’un jeu sur lequel je travaillais déjà. A côté de mon boulot de dessinateur, je suis prof dans une école d’art à Lyon qui s’appelle Ynov.
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 13 octobre 2018.
Toutes les images sont la propriété de leurs auteurs et éditeurs et ne peuvent être utilisées sans leur accord.
Réagissez !
Pas de réponses à “Dans la bulle de… Jonathan Munoz”