Adepte de la patate mais surtout de l’humour politiquement incorrect, David Berry a accepté de répondre à nos questions. Cette entrevue a ainsi pour but de mettre en lumière un auteur qui sort de l’ordinaire. Rencontre.
Bonjour, tout d’abord devons-nous vous appeler David ou Olivier ?
Le dernier qui s’est adressé à Dark Vador en l’appelant Anakin a pris cher. Alors ce sera David.
Vous êtes avant tout auteur jeunesse sous votre vrai nom mais vous signez également sous le pseudo David Berry des titres réservés à un lectorat adulte. Vous aimez faire le grand écart ?
C’est une question d’équilibre. On ne peut pas tout le temps écrire des histoires de licornes et de bébés chats, sinon on bascule dans le côté guimauve de la force. De temps en temps, je contrebalance avec des horreurs, ça me permet de rester sain d’esprit. Selon ma définition de « sain d’esprit », bien sûr.
On imagine bien les raisons qui vous ont poussé à prendre un pseudo, vous qui êtes professeur des écoles à mi-temps. N’avez-vous jamais eu de retours de la part de parents d’élèves sur vos sombres activités patatistes ?
Si et c’est tant mieux. Beaucoup de parents ont retiré leur gamin de l’école. Du coup, je fais classe avec 3 gosses, dont les parents ne savent pas lire. Mes journées sont plus relax, ça me laisse du temps pour dessiner mes patates. Pour de vrai, je n’ai jamais eu de retour. Soit ils ne sont pas au courant, soit ils s’en fichent.
Vos gags sont extrêmement drôles (si, si soyons honnêtes) mais flirtent immanquablement avec le politiquement correct. Avez-vous déjà reçu des menaces ?
Jamais. Pas même de message désagréable. Que des gentillesses. Une fois seulement, suite à une blague sur le handicap, j’ai eu un message m’indiquant que mon strip pouvait être interprété comme offensant pour les handicapés. Ce n’était pas mon but, je me moquais justement de ceux qui ont des a priori sur le handicap. Une discussion cordiale et constructive.
Vous êtes actuellement dans l’œil du cyclone sur Facebook où vous voyez constamment certaines publications ou tout simplement vos accès bloqués. Comment le vivez-vous ?
C’est incompréhensible. La page existe depuis plus de quatre ans, sans heurts. Depuis deux mois, plusieurs publications ont été effacées, ma page dépubliée, mon compte bloqué. C’est un peu vexant, certes, mais ce genre de choses est tristement à la mode. C’est agaçant, mais pas si grave.
Cela ne semble pas entamer votre moral puisque votre humour semble sans faille, vous avez alors pensé à créer un événement FB intitulé « le jour où les patates ont envahi Facebook ». Quel a été le bilan de cette journée ?
Pour l’organisation de cet événement, j’ai été coaché par Jean-François Copé. Le résultat a été à la hauteur de mes attentes. Ce jour-là, vous n’avez vu que des patates sur votre fil Facebook, non ? Non, vraiment ? Ah merde…
Avez-vous déjà vécu la censure de la part d’un éditeur ?
Dans Les Patates chaudes, mon premier ouvrage, quelques strips ont été adoucis. Ce n’était pas de la censure, mais un travail éditorial. Mes éditeurs prennent mes projets en connaissance de cause, il n’est donc pas question de retirer des strips.
Quelles sont vos références en matière d’humour en BD ou autre ?
Celle qui me fait le plus rire aujourd’hui, C’est Blanche Gardin. Je suis bercé également par Kaamelott et Bref. Ce qui m’inspire le plus, ce sont sans doute les prologues de Caméra café, car ils durent le temps d’un strip, c’est rapide et efficace.
Au départ, vous montiez vos gags sous forme d’un roman-photos, depuis vous avez opté pour une version dessinée. Quelle est la prochaine évolution dans votre travail ?
Visuellement, j’ai tenté un truc avec des contours, façon pop art. Mais ça n’a pas accroché les abonnés, du coup j’en suis revenu au classique. De toute façon, si j’avais voulu faire un truc beau, ça se saurait, vous voyez bien que je cherche le truc qui me demande le moins de boulot possible. Et là, je crois que je suis au max !
Au rythme des gags que vous diffusez sur le net, on imagine qu’un prochain opus de Patates pourrait voir le jour rapidement. Vous confirmez ?
Il est presque prêt. J’ai mon compte de vannes. Il y aura même deux strips d’abonnés, suite à un petit concours que j’ai organisé cet hiver. La sortie est prévue pour la fin d’année.
Avez-vous d’autres ouvrages prévus pour 2019 que ce soit sous votre pseudo ou votre vrai nom ?
Pas sûr que ce soit pour 2019, mais je bosse sur un polar avec des patates. C’est un exercice nouveau. Ce sera « bien con », comme un éditeur me l’a dit en le découvrant (c’était un compliment). En jeunesse, sous mon vrai nom, plein de choses chez plein d’éditeurs. Mais ce sont des choses un peu trop belles et propres pour qu’on en parle ici…
Continuez à nous faire rire, ne vous occupez pas des grincheux (d’ailleurs on voit bien que c’est ce que vous faites), on vous aime.
Merci ! Vous êtes donc deux à m’aimer, avec mon chat. Ah ! Mon chat me fait signe que non…
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 23 avril 2019.
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