Après avoir rencontré une première fois Céline Deregnaucourt, en compagnie de Ludovic Villain, son scénariste sur Eli & Gaston, en 2019, nous sommes à nouveau allés à sa rencontre pour discuter du second tome de la série.
Bonjour Céline, ravi de te retrouver pour parler d’Eli & Gaston, un premier album qui a rencontré le succès en librairie à tel point qu’un second tome est paru en 2021, ce qui permet désormais de parler plutôt d’une série.
Effectivement les lecteurs ont été au rendez-vous, ils ont beaucoup aimé, ce qui a amené notre éditrice à nous demander si on était partant pour faire d’autres aventures d’Eli & Gaston. Bien évidemment nous étions super motivés vis-à-vis de cette idée et c’était parti pour un second album. L’intrigue se déroule toujours chez grand-mère Jo où Eli va passer ses vacances, cette fois-ci elle va se retrouver embarquée dans une histoire avec de nouveaux personnages, toujours dans la forêt, à la recherche d’une plante magique qui ravive les souvenirs. Je n’en dis pas plus pour ceux qui ne l’ont pas lu…
Au niveau des couleurs utilisées, c’est un peu dans le même ton automnal que dans le premier tome, même si celui-ci se déroulait en été. Il y a une certaine forme de continuité.
C’est vrai que le premier volume se passe en été, même si on me dit souvent que ce sont deux tomes sur l’automne. Mais cela est dû au personnage de Tristefeuille, qui ramène l’automne plus tôt que prévu, ce qui explique l’utilisation de couleurs spécifiques. Il faut savoir que l’automne est une de mes saisons préférées et c’est là où je trouve que l’on peut vraiment se lâcher au niveau des couleurs, je m’éclate carrément. J’étais donc ravie que cette aventure se déroule en automne mais je pense que Ludovic ne voudra pas écrite toutes ses histoires en automne, chose que je comprendrais bien entendu. Il faudra que je me calme au niveau des couleurs et tant pis, je serais peut-être frustrée de ne pas pouvoir mettre plein de couleurs par exemple avec l’hiver, mais je ferais avec.
En parlant de couleurs, les scènes nocturnes sont malgré tout super lumineuses.
C’est quelque chose avec lequel j’aime particulièrement jouer, les ambiances et les lumières. Du coup, quand il fait nuit, j’aime ajouter des petites lucioles, des étoiles, des choses qui brillent, pour donner ce côté magique.
La réalisation de ce second tome a-t-elle été plus simple, vu que tu avais posé l’ambiance générale ?
Mon travail sur le premier opus avait été assez simple, je n’avais pas rencontré de difficultés particulières, il en a été de même pour la suite. Cela a été malgré tout plus facile dans le sens où j’avais déjà créé les personnages principaux et certains lieux. La collaboration avec Ludo s’est déroulée de façon très fluide, nos échanges ont été assez enrichissants et nous ont guidé assez rapidement vers ce que l’on souhaitait tous les deux.
Justement dans ce second tome il y a l’arrivée de deux personnages, Hermine et Edmond. Peux-tu nous expliquer comment tu les as créé graphiquement ?
Je me suis imprégné du scénario que Ludo m’avait donné, un peu comme je l’avais fait pour la grand-mère d’Eli. Je me suis inspirée de mon grand-père, même s’il ne lui ressemble pas totalement, ce sont plus des détails telles que les grandes mains qu’il avait, son travail à la campagne et ce genre de choses. Quand je crée des personnages, cela m’évoque ma famille. Pour le personnage d’Hermine, je me suis plus inspirée de l’animal dont est tiré son nom, je pense par exemple à son petit chignon qui rappelle les oreilles de l’hermine, avec des cheveux blanc et une cape blanche pour rappeler les caractéristiques de l’animal.
Cette nouvelle aventure confronte deux personnages féminins jeunes avec des caractères assez forts, ce n’est pas forcément ce que l’on a l’habitude de voir en BD.
C’est Ludo qui crée les intrigues et les personnages qui les font vivre mais j’aime dessiner des personnages qui ont du caractère, qui ont des défauts aussi. C’est le cas d’Eli et Hermine ici, deux personnages qui apprennent à se connaître au fil de l’histoire même si les débuts ne sont pas simples.
Ce tome 2 représente aussi la transmission du savoir entre les générations.
Carrément, c’est exactement le thème que l’on souhaitait mettre en avant dans cette aventure, la transmission du savoir entre les grand-parents et les petit-enfants vis-à-vis de la protection de la forêt, des savoirs ancestraux par rapport aux plantes et à la nature.
Eli semble avoir un destin tout tracé et on se dit qu’on ne peut pas s’arrêter sur ce deuxième tome.
Il n’y a rien d’officiel encore mais Ludo a déjà commencé à écrire une troisième aventure. Donc, si tout va bien, vous aurez droit à d’autres péripéties d’Eli & Gaston, ce qui permettra de développer un peu plus encore la destinée de notre jeune héroïne.
Apportes-tu des éléments, des propositions, autre que visuels, à Ludovic lors de la phase d’écriture de chaque aventure ?
Il y a toute une première partie où Ludovic m’envoie la version 1 du texte, on en discute et souvent, oui, je mets mon petit grain de sel en lui faisant des propositions car j’ai une vision parfois différente pour certaines scènes. Je lui propose aussi de faire faire telle ou telle chose aux personnages et, comme il est très sympa, il accepte (rires). Il arrive parfois que j’oublie de lui dire que j’ai apporté des modifications dans le storyboard, j’ajoute des petits passages qui me semblent poétiques ou importants pour les émotions. Ce sont pour moi des ambiances et moments qui sont indispensables et en général mes propositions sont validées par Ludo.
Comme tu le disais tout à l’heure, tu ajoutes des petites lucioles, des détails graphiques. C’est un plaisir pour toi d’agrémenter tes planches librement ?
Mais trop. Justement dans le scénario que me donne Ludovic, il n’y a pas trop de descriptions, il ne me découpe pas les cases et les pages, il me raconte par séquence ce qui se passe avec telle ou telle ambiance. Ensuite c’est moi qui imagine le décor, ce que je souhaite y mettre avec très souvent pas mal de détails en arrière-plan dont beaucoup d’animaux que j’adore dessiner.
Peux-tu nous parler de tes inspirations et références pour la création de tes personnages ? Tu nous parlais tout à l’heure d’Edmond et Hermine mais as-tu autre chose à nous révéler sur ce secret de création ?
J’ai deux chats chez moi donc déjà tout ce qui concerne les poses et les attitudes des chats j’ai matière pour m’inspirer, c’est souvent très drôle. Pour le reste, je puise vraiment dans ce que je vois dans ma vie de tous les jours. Par exemple, quand je vais me promener dans la nature, j’adore observer les oiseaux, les animaux en général mais aussi les plantes, un peu comme tout le monde j’imagine.
Y a-t-il un personnage en particulier que tu apprécies dessiner ?
Il n’y en a pas un plus que les autres que j’aime dessiner, non. Je prends autant de plaisir à dessiner chacun d’eux, après peut-être que Gaston se démarque éventuellement parce que c’est celui à qui je fais faire le plus de pitreries donc forcément je m’amuse plus avec lui. Au niveau expressivité, c’est sur ce personnage-là que je me lâche le plus.
Connaissais-tu la collection Etincelle avant de signer chez Ankama ?
Je ne suis pas une grande lectrice de bande dessinée, mais il y a une BD qui m’a fait aimer la BD c’est Le Trop grand vide d’Alphonse Tabouret. C’est ma BD préférée, elle m’a permis de comprendre que l’on pouvait faire plein de trucs chouettes en BD et que c’était beaucoup moins classique que ce que je pouvais penser. Du coup, cet album fait partie de la collection Etincelle et, quand j’ai signé dans celle-ci, j’ai pu dire que j’avais réussi ma vie, mon nom était en-dessous de celui d’Alphonse Tabouret (rires).
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 30 octobre 2021.
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