
© 2021 Casterman

- Titre(s) : Corto Maltese – Océan noir
- Scénariste(s) : Martin Quenehen
- Dessinateur(s) : Bastien Vivès
- Editeur(s) : Casterman
- Parution : Septembre 2021
- Prix : 22,00 €
- EAN : 9782203224735
2001. À quelques encablures de Tokyo, au large des côtes japonaises, des pirates accostent un yacht. Parmi eux, une silhouette reconnaissable entre toutes se détache dans l’ombre. Celle du capitaine du bateau, Corto Maltese, qui ne sent pas trop les deux autres gars qui accompagnent Marcus, d’autant plus qu’il ne sait absolument rien de leur mission. Malheureusement, il la découvre à la faveur de coups de feu qui résonnent dans la nuit. Il s’empresse alors de monter à bord du navire de luxe où il tombe par hasard sur la présumée cible de ses comparses, le docteur Fukuda avec qui il s’échappe car Corto ne tue pas pour de l’argent. Sur le chemin qui les mène vers l’île nippone, le vieil homme lui révèle qu’il garde un secret mythique, convoité par une secte secrète nationaliste nommée Océan noir et des narcos sans scrupules, dont la clé semble se trouver dans un livre qu’il protège comme la prunelle de ses yeux. Il n’en faut pas plus au gentilhomme de fortune pour se jeter à corps perdu dans cette quête où son chemin croise comme toujours de belles et fortes femmes mais aussi un certain Raspoutine. Une nouvelle aventure l’entraîne de Tokyo à Cordoue en passant par Rinconada, la ville la plus haute du monde dans la Cordillères des Andes.
C’est une sacrée gageure pour Martin Quenehen et Bastien Vivès que de s’attaquer à un monument du 9e Art tel que Corto Maltese. Nous en découvrons tous le résultat aujourd’hui avec une certaine surprise car rien n’a fuité des éditions Casterman avant la sortie de la bande dessinée le 1er septembre. Océan noir n’est pas une aventure du marin s’inscrivant dans la continuité de celles brillamment réalisées par Juan Diaz Canalès et Ruben Pellejero. Le duo de Quatorze juillet propose une réinterprétation du mythe, un album hommage, en prenant le parti de transposer cet épisode de Corto Maltese dans une temporalité plus proche de la nôtre, en 2001 autour du tristement célèbre 11 septembre, et celui de faire disparaître la marinière, la redingote et la casquette emblématiques du personnage, tout en le rajeunissant un tant soit peu. De quoi déstabiliser les puristes ! Cependant, il reste l’essentiel. La quintessence de la série est bien là et l’on retrouve toutes les qualités intrinsèques mais aussi tous les défauts de Corto. Au final, c’est une aventure telle qu’Hugo Pratt aurait pu l’écrire. Comprenez qu’il s’agit là d’une véritable réussite par laquelle on se laisse porter sans aucun mal avec de l’action, de la poésie, une chasse trésor qui n’existe pas (?) et son lot de légendes mais aussi d’Histoire. Le tout est porté par le graphisme efficace de Bastien Vivès, qui a su s’approprier/réinventer le héros le plus sexy de la bande dessinée sans essayer de faire du Pratt. Une prouesse que le dessinateur a pu réaliser en se concentrant uniquement sur le dessin sans avoir à se soucier de l’écriture. Ainsi, on découvre une autre facette de l’auteur avec des cases et des planches plus denses comme celles en début d’histoire qui se déroulent à Tokyo. Et de retrouver cette maîtrise des niveaux de gris qui est une de ses forces.
Un exercice des plus périlleux réalisé avec brio où les auteurs ont trouvé le parfait équilibre entre modernisme et conservatisme.
Stéphane Girardot
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Une réponse to “Corto Maltese – Océan noir”
2 novembre 2022
Dernier week-end de janvier (Bastien Vivès) - Casterman[…] sa fraîcheur, il a travaillé avec le scénariste Martin Quenehen sur Quatorze Juillet et Corto Maltese. De plus, le choix du FIBD comme cadre n’est pas anodin car Bastien Vivès y est très attaché. […]