Titre : Carnets de thèse
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Tiphaine Rivière
Éditeur : Seuil
Parution : Mars 2015
Prix : 19,90€
Une thèse. 5 petites lettres. Jeanne Dargan, prof au collège, n’imaginait pas que se lancer dans une thèse de littérature allait à ce point changer sa vie. Même quand on est mis en garde des difficultés, l’appel de la recherche est le plus fort. On sait que certains ont eu du mal avant nous mais on se dit qu’on peut y arriver. Or, c’est une grande aventure qui débute, et qui se termine on ne sait jamais trop quand. Il faut d’abord réussir à se financer, puis expliquer à son entourage ce qu’on fait sans passer pour un extra-terrestre, s’organiser pour travailler en solitaire, et bien sûr établir une relation de confiance avec son directeur. 3 ans pour tout faire, vraiment ? Chiche.
Si elle a arrêté sa thèse pour se consacrer à la bande dessinée, Tiphaine Rivière ne s’inspire pas uniquement de son expérience doctorale. Travaillant également dans l’administration, elle a pu recueillir les témoignages de plusieurs de ses « collègues » et s’en inspirer pour raconter l’histoire fictive de Jeanne. Chaque doctorant a son propre parcours, mais pourra s’identifier à l’héroïne par intermittence. L’enthousiasme du début, les craintes qui surgissent rapidement devant l’ampleur de la tâche, et les embûches morales et matérielles disséminées sur tout le parcours, sont abordés avec justesse. Derrière la caricature, l’humour très efficace et un dessin soigné, qui font de cet album un divertissement de grande qualité, se cache aussi un retour sur une expérience riche intellectuellement mais souvent traumatisante, qui interpelle sur les failles du système. Cette publication, dans la lignée de plusieurs démarches de doctorants qui se multiplient sur internet depuis quelques années, fait donc office de défouloir rassurant et solidaire. Le doctorant est au moins compris par ses semblables, il n’est pas seul dans cette galère. Quant au lecteur extérieur, il en apprend davantage sur une activité qui n’est pas toujours très comprise.
Un retour drôle et utile sur une expérience de thèse.
Nicolas Raduget
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