Dans la bulle de… Michel Koeniguer

Michel Koeniguer était de retour en début d’année avec le premier opus de la trilogie Misty Mission. Présent lors du dernier festival d’Angoulême, nous en avons profité pour lui poser quelques questions. Rencontre.

Michel Koeniguer 2016

2016 © La Ribambulle

Bonjour Michel ! Peux-tu nous présenter en quelques mots l’intrigue de ta nouvelle série, Misty Mission ?

C’est une histoire un peu plus complexe que Bombroad parce que cette fois j’ai introduit deux personnages, l’un se retrouve dans l’aéromobile, plus communément connu sous le nom de la 1ère de cavalerie, et l’autre personnage est pilote et il intègre une unité de reconnaissance qui a réellement existé au Vietnam et qui volait sur des F-100. C’était une petite unité qui était chargée de repérer sur la piste Hô Chi Minh où était acheminée du matériel du Nord Vietnam vers le Sud. Ces pilotes prenaient énormément de risques avec leurs avions et rentraient régulièrement avec des appareils criblés de balles. J’ai donc essayé de faire quelque chose de différent de Bombroad. Dans le récit, il y a également l’amitié entre les deux personnages principaux qui joue un rôle prépondérant, d’ailleurs on retrouvera celle-ci au début de chaque tome de la série. En effet, dans le premier tome on les voit tous les deux avant leur départ pour le Vietnam, dans le second épisode que je suis en train de réaliser ils ont fait un tour de service et sont de nouveaux au pays. Ces passages permettent de voir leur évolution psychologique liée à la guerre.

Chacun de tes personnages fait d’ailleurs partie d’une classe sociale différente.

Cela fait partie des choses que je souhaitais développer avec cette histoire, l’un des personnages est issu de la bourgeoisie du sud de l’Amérique et l’autre vient de la classe ouvrière. Le premier se retrouve dans l’aviation comme son père lors de la seconde guerre mondiale et cela n’est pas forcément dû à sa classe sociale, car aux États-Unis c’est beaucoup plus ouvert, un paysan peut par exemple devenir pilote. Le second personnage se retrouve à la guerre un peu contraint et forcé mais je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher la lecture à ceux qui achèteront l’album.

Misty Mission image 1

© Paquet / Koeniguer

Tu as eu ta période BD policière et mafia mais désormais ta production se tourne essentiellement vers les BD de guerre et plus précisément vers le Vietnam. Comment expliques-tu cet intérêt pour cette période historique ?

Mon intérêt pour l’Histoire a repris le dessus car, à la base, je suis passionné d’Histoire. Il y a quelques temps par exemple, je suis tombé sur un article qui parlait d’une unité irlandaise pendant la guerre mexicano-américaine en 1850, un truc complètement improbable et pourtant… Les soldats étaient irlandais catholiques et étaient brimés dans l’armée américaine, elle, protestante et les Mexicains les accueillaient au sein de leur armée. Ce sont des faits historiques assez inconnus, cela apparaît comme un détail mais je trouve cela excellent et qui donne des idées pour développer des histoires. Pour The Bridge, c’est mon intérêt pour l’Histoire géopolitique qui a repris le dessus et pour le Vietnam avec Bombroad et Misty Mission c’est parce que je m’y intéressais il y a une vingtaine d’années, je collectionnais le matériel. Je faisais partie d’une association et avec ses membres nous achetions du matériel, ça ne coûtait rien car ça venait des stocks qui étaient en Allemagne, il y avait certaines choses que je payais 20 francs. Quand la collection Cockpit a été créée, je me suis dit que je ferais bien un scénario là-dessus, Pierre Paquet m’a encouragé à le faire. Personnellement, je ne porte pas de jugement et donc pas de parti pris, je ne veux pas dire que d’un côté il y a les gentils et de l’autre les méchants, ce n’est pas comme ça que ça se passe, c’est beaucoup plus compliqué. Cela a déjà surpris par le passé, par exemple avec The Bridge car je n’avais pas pris parti pour les Irakiens ni pour les Américains.

Est-ce que par la suite tu souhaites développer de nouvelles histoires sur ce sujet ou as-tu fait le tour ?

Au bout de six albums consacrés au Vietnam, je vais considérer que pour le moment j’aurais fait le tour. Lors de cette guerre, contrairement à la seconde guerre mondiale, les combats aériens sont plus limités donc très vite on risque de se retrouver à faire la même chose et à un moment donné cela risque de lasser le lecteur. Sur le second tome de Misty Mission, j’essaye de montrer autre chose, par exemple quand ils faisaient des missions de secours. Là j’avais vu dans un livre que l’armée américaine avait engagé 108 appareils pour sauver un soldat et au final ils ont échoué. Après Misty Mission, je vais développer une série sur la seconde guerre mondiale et plus précisément sur la dernière semaine de guerre car généralement on ne sait pas, ou on ne veut pas savoir, que les derniers défenseurs de Berlin étaient des SS français. Ils étaient 300 et ils se sont battus comme des lions, c’est leur histoire, qui s’est passée du 24 avril jusqu’à la capitulation, que je souhaite raconter. Ce sera en deux tomes et je suis actuellement en cours d’écriture. C’est un sujet un peu plus délicat à manier et qui reste sujet à polémique.

Misty Mission image 2

© Paquet / Koeniguer

Jusqu’à maintenant on a surtout lu des albums de toi sur des thèmes sérieux, une comédie made in Michel Koeniguer ça donnerait quoi ?

Vous avez déjà eu un petit aperçu de ce que ça pourrait donner avec Eightball Hunter que j’ai scénarisé pour Callixte, qui a un petit côté comédie par moment. J’avais fait quelque chose un peu inspiré des téléfilms policiers qui passaient en seconde partie de soirée sur TF1 et qui s’appelait Hollywood Night. Il y avait en général des scénarios sympas, un peu léger également et des dialogues un peu lâchés.

Tu as fait tes débuts en BD aux éditions Pointe Noire en 2002 avec le premier tome de Bushido. Depuis tu as repris et conclu cette série aux éditions Paquet et tu as poursuivi avec cet éditeur sur tes différentes séries. Quel est le secret d’une collaboration aussi fructueuse entre un éditeur et un auteur ? As-tu déjà proposé tes talents à d’autres éditeurs ?

En fait, j’ai à chaque fois enchaîné projet sur projet. J’ai fait des propositions infructueuses chez d’autres éditeurs et à chaque fois je suis arrivé avec des projets qui collaient avec la ligne éditoriale des éditions Paquet. Avec Bombroad et Misty Mission, la collection Cockpit était idéale pour accueillir ces titres, elle est prestigieuse et est dirigée par Romain Hugault qui suit de près tous les projets.

Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.

Propos recueillis par Nicolas Vadeau.

Interview réalisée le 29 janvier 2016.

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Description de l'auteur

Nicolas Vadeau

Département : Eure-et-Loir Séries préférées : Les Aigles de Rome, Lincoln, Tony Corso, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, Une nuit à Rome, Lastman, Mamette, Le Voyage des Pères… Auteurs préférés : Enrico Marini, Jérôme Jouvray, Wilfrid Lupano, Régis Hautière, Jim, Philippe Fenech, Bastien Vivès, Nob, Jean-Pierre Gibrat, Zidrou, David Ratte, Olivier Berlion… J’aime aussi : le sport et particulièrement le badminton, le cinéma, la musique et vivre à la campagne.

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