Une BD d’humour sur les fast-food, ça peut sembler un peu réducteur vis-à-vis du contenu du premier tome de Frites Coca ?, mais l’idée de Clémence Perrault et Dav est on ne peut plus originale. Rencontre.
Votre premier album commun vient de paraître aux éditions Glénat. Vous faites partie du même atelier (les Z’aéro Graff) à Cholet, comment est née cette collaboration ?
Clémence Perrault : Je travaillais à l’époque en mi-temps dans la restauration rapide, en attendant de pouvoir développer un projet. Je galérais un peu à trouver des idées, c’est Dav qui m’a mise sur la voie en me disant : « Mais tu nous racontes toujours des anecdotes de tes journées au resto, pourquoi ne pas en faire quelque chose ? ». Seulement, j’avais besoin de quelqu’un pour mettre tout ça en forme et rendre cela drôle et attrayant à lire. Dav, avec son expérience et super doué en la matière, s’est proposé pour écrire le scénario et storyboarder le tout, c’est ainsi que le projet Frites Coca ? est né en juin ou juillet 2013.
Dav : Avec quelques copains, Clémence et moi travaillons dans l’Atelier des Z’aéro Graff à Cholet. Quand quelqu’un cherche une idée, les autres lui répondent, ça permet de débloquer les choses plus vite qu’en travaillant tout seul. Quand Clémence a commencé à chercher une idée de projet BD, son expérience dans la restauration rapide m’a semblé être une bonne piste de départ.
Comment cela se passe-t-il pour la réalisation des gags ? En effet, si Dav est scénariste, Clémence a travaillé dans un fast-food par le passé et doit avoir pas mal d’anecdotes sur le métier.
D : On entend souvent quelqu’un dire à un auteur BD : « c’est hyper marrant ça, tu pourrais en faire une BD ! » Mais en réalité non, il peut y avoir une situation de départ rigolote, mais il manque souvent la chute nécessaire au gag. J’ai donc récupéré un tas d’anecdotes d’équipiers de fast-food, en plus de celles de Clémence, et réécrit le tout avec le recul de quelqu’un d’extérieur à cet univers, pour rendre ça accessible à tous.
CP : J’arrive avec une anecdote vécue au restaurant ou même parfois juste une idée – le toboggan des jeux pour enfants, le fait que des clients essayaient de récupérer des burgers gratuits en prétextant qu’on en avait oublié dans leur commande – et on en discute avec Dav. Parfois, ce qui était drôle entre collègues de restaurant ne l’était pas pour ceux qui n’y travaillaient pas, ou n’était pas compréhensible du « grand public » ; c’est en cela que Dav retravaillait le tout, quitte à remodeler quelques chutes pour rendre les gags meilleurs, il me montrait un storyboard et je n’avais plus qu’à dessiner la planche !
Vous avez dédicacé dans un McDonald’s à Cholet récemment, est-ce une expérience unique dans l’établissement où Clémence à travaillé ou ce type de rencontres pourraient se répéter en cas de demande ?
CP : C’était ma toute première séance de dédicace pour Frites Coca ? et c’est amusant et presque symbolique qu’elle se déroule là où j’ai travaillé. Je n’ai pas arrêté de dédicacer ! Si on nous propose un autre restaurant, nous en discuterons avec plaisir !
D : Moi, tant qu’il y a à manger, je suis partant.
Clémence, comment tes anciens collègues ont-ils accueilli le blog puis l’album ?
CP : J’ai eu de la chance d’avoir d’emblée beaucoup de soutien de la part de mes collègues. Quand le blog est apparu et lorsque nous avions un rythme de parution hebdomadaire des gags, mes collègues de restaurant m’en parlaient beaucoup sur place : ils se retrouvaient dans les aventures d’Estelle. Ils ont aussi très bien accueilli l’album !
Sur le blog Frites Coca ? on peut voir bon nombre de planches et d’illustrations non utilisées dans ce premier tome. Une suite est donc possible ?
CP : En fait, pour l’album, on a plutôt mis l’accent sur l’histoire d’Estelle : ce qui fait qu’elle postule pour son premier job au restaurant rapide, ses études en école d’art, ses copains, sa « rivale »… Ces histoires sont justement des inédits pour l’album, d’autre part nous n’allions pas remettre tous les gags parus sur le blog car l’intérêt était de proposer du neuf aux lecteurs. Ainsi, concernant l’histoire d’Estelle, sans trop en dire il y a une progression tout au long de l’album et une suite est tout à fait possible, nous n’avons pas fini de raconter son histoire !
D : C’est l’éditeur qui nous a tout de suite expliqué qu’il ne voulait pas une simple suite de gags, mais une histoire. On a donc décidé de raconter un morceau de vie d’Estelle, une étudiante qui découvre le monde du travail et doit concilier le tout, en gardant les gags pour ponctuer le récit. Ça nous permettait de développer le personnage dans une petite comédie, plutôt que de faire un recueil du blog.
Si jamais un tome 2 ne pouvait voir le jour (on croise les doigts pour que l’éditeur valide un deuxième album), continueriez-vous malgré tout à alimenter le blog si d’autres idées vous venaient à l’esprit ?
CP : J’aimerais bien, oui. Le côté blog et sa capacité à générer du lectorat et des réactions sur les réseaux sociaux m’a plu, et cela m’astreignait aussi à poster régulièrement pour entretenir tout cela. Cela va dépendre du tome 2 mais aussi de nos projets personnels respectifs !
D : C’est toujours un peu compliqué. Si le projet ne rencontre pas son public, est-ce que cela vaut le coup de continuer à le faire vivre malgré tout ? Le blog est un endroit super récréatif, mais chronophage ! Comme dit Clémence, cela dépendra du temps que nous laisseront nos autres projets… tome 2 inclus !
Clémence, tu as participé à un collectif auparavant mais Frites Coca ? est le premier album que tu dessines complètement. Comment as-tu vécu cette expérience et est-ce que cela correspond à ce que tu espérais quand tu as choisi de faire ce métier ?
CP : J’ai adoré travailler sur cet album. J’ai pu pleinement m’épanouir au niveau du dessin, j’espère avoir créé quelque chose qui se tient, en tout cas c’était un vrai plaisir que de dessiner ces planches. Et l’histoire me parlait forcément du fait de mon expérience en restauration rapide. J’ai eu de la chance que le blog séduise Glénat et que l’éditeur me permette de faire mon « premier » album dans Tchô! La Collec’, qui compte quand même du beau monde ! C’est très valorisant. A vrai dire, je ne pensais pas que cela se passerait aussi bien avec ce projet !
Tu as un style graphique qui rappelle certaines BD ou dessins animés américains. Influences assumées de ta part ?
CP : Oui, tout à fait ! J’ai grandi devant Cartoon Network, à l’époque où la chaîne diffusait des vieux Hanna-Barbera, Tex Avery, mais aussi des dessins animés bien barrés comme Le Laboratoire de Dexter ou les Super Nanas. J’aime le côté coloré, très cartoon mais aussi un peu rétro parfois.
Dav, on l’a vu avec le DavBook, tu as explosé des records sur Ulule. Cette expérience te donne-t-elle des idées pour par exemple éditer un album dans le futur ?
D : Oui j’ai plusieurs projets en tête pour ça, mais c’est une expérience qui prend du temps, et il me reste quelques exemplaires à envoyer du DavBook à des contributeurs qui l’attendent depuis presque 2 ans !!! Hors de question de lancer un autre projet tant qu’ils n’auront pas été satisfaits !
Quelles sont vos actus respectives pour le restant de l’année 2017 ?
D : Je travaille sur des adaptations de licences en BD, en particulier la série d’animation Les As de la Jungle, qui doit sortir chez Delcourt cet été.
CP : En ce moment, je travaille sur un ensemble de livres jeunesse mettant en scène des jouets très connus, je ne peux pas en dire plus mais c’est pas mal, ça laisse un peu de suspense.
Merci à vous deux d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 15 mars 2017.
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