Alors que le cinquième et avant-dernier tome de l’étonnante série Amphoria vient d’être publié, nous vous proposons de mieux connaître Charel Cambré, le dessinateur flamand de cette reprise audacieuse. Présent au dernier festival Quai des Bulles à Saint-Malo, il est revenu avec nous sur la conception de cette nouvelle et atypique vision de Bob et Bobette et sur son avenir déjà proche.
Bonjour ! La série Amphoria poursuit sa publication en français, avec un quatrième tome sorti en septembre et le suivant en décembre, mais c’est pour vous un projet déjà mené à son terme.
Oui, les six tomes sont finis pour nous depuis plus d’un an. Mais le scénariste et moi travaillons sur une suite de cette série, dont le premier tome sortira en mars 2017.
Est-ce une suite directe ?
Pas tout à fait, car l’histoire se passera avant celle d’Amphoria. Ce sera donc une sorte de préquelle. Sans trop en révéler, il y aura dans cette nouvelle aventure de nombreuses réponses aux questions que les lecteurs ont pu se poser dans la première série.
Quel bilan personnel tirez-vous de cette première reprise, très différente de votre travail habituel ?
Oui, c’est très différent, c’est la première fois que j’utilise un style comme ça dans une bande dessinée. Mais j’en suis très content, même si en regardant le premier tome, mon dessin n’est pas exactement comme je le souhaitais. Heureusement, j’ai senti une évolution de mon coup de crayon au cours de la série. C’est notamment parce que les parutions ont été très rapides, avec environ six mois pour faire un album.
Pensez-vous pouvoir encore évoluer sur la prochaine série ?
Bien sûr, je pense qu’on n’arrête jamais d’apprendre et d’évoluer. Et le scénario de Marc Legendre, en évoquant ce qui se passe avant Amphoria, va m’en donner la possibilité. Bien que, quand on a débuté la reprise, nous avions notre idée sur l’évolution qu’elle devait avoir, et qu’en travaillant dessus, d’autres éléments sont arrivés sans trop les prévoir.
Comment êtes-vous passé d’un dessin humoristique au semi-réaliste ?
Par la volonté de tester autre chose. Je pense que c’est un bon style pour moi, je n’aime pas le réalisme total et celui-ci me donne plus de possibilités. C’est même probablement un trait que je garderai pour de futurs projets. Mais je continue à passer de l’un à l’autre, je continuais à faire des strips humoristiques pendant Amphoria. Certains jours de la semaine, je devais faire des planches pour des magazines en Flandres, comme Philippe, Roi des Belges. Comme c’est un travail régulier, c’était impossible pour moi de me consacrer pleinement à un projet ou l’autre.
Avez-vous le même plaisir à dessiner une série comme Bob et Bobette qu’à illustrer une BD d’humour dont vous faites aussi les scénarios ?
Oui, car j’aime beaucoup pouvoir faire des choses très différentes dans la même semaine. Ça me donne aussi la chance de ne jamais être fatigué par un projet. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que j’apprécierais d’avoir un seul travail, je risquerais de m’en lasser et de ne pas être très bon. En faisant de l’humour, ça me détend et je peux enchaîner sur quelque chose d’autre. Mes semaines sont toujours très bien organisées pour me permettre ce planning qui me convient.
Quel est votre attachement à Bob et Bobette ?
En fait, on a grandi en Flandres avec Bob et Bobette comme avec Tintin ou Astérix en France. J’ai en plus eu la chance de travailler au Studio Vandersteen sur la série classique dès 2005 avant de dessiner Amphoria. Autant dire que je connais très bien cet univers, dont j’ai du lire tous les albums et que j’aime beaucoup. On me dit souvent que la nouvelle série est très différente mais je pense que les personnages sont fidèles. Nous avons grandi avec eux et c’est normal de les voir changer un peu. C’était une vraie envie de tenter de faire une série plus sérieuse qui s’éloigne d’un ton enfantin.
On vous sent enclin à exploiter votre culture belge et flamande à travers vos séries. C’est important pour vous ?
Oui. Quand j’ai vu Spirou repris par différents dessinateurs, je me suis dit qu’on pouvait certainement faire quelque chose de similaire avec une bande dessinée flamande, et ma première idée a évidemment Bob et Bobette. L’univers est en plus si grand qu’on pourrait le poursuivre à l’infini. D’ailleurs, dans la future série, il y aura encore plein de références à la série classique. On a utilisé plusieurs éléments qu’on a tirés des anciens albums pour les exploiter dans la nouvelle histoire. Je pense que ce sera très sympa pour les lecteurs qui connaissent bien les aventures de l’époque et qui pourront s’amuser à les trouver. On découvrira notamment comment Lambique a rencontré Crimson lorsqu’ils étaient jeunes ainsi que d’autres surprises assez intéressantes.
Partez-vous une nouvelle fois sur six albums ?
On ne sait pas encore. Le contrat porte pour l’instant sur trois albums mais, si on rencontre le même succès que sur Amphoria, on devrait pouvoir prolonger l’histoire. On verra.
On vous souhaite cette réussite, merci beaucoup !
Propos recueillis par Arnaud Gueury.
Interview réalisée le 29 octobre 2016
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