Titre : Bienvenue à Sad City
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Davide Tosello
Éditeur : Vents d’Ouest
Parution : Septembre 2020
Prix : 14,95€
A Sad City, il y a le Tears Shop. Là où Blue, petite fille qui doit vivre sa vie dans ses cauchemars, va devoir vendre ses larmes. A Sad City, il y a des insectes aux yeux mauvais, de la puanteur, de la peur. Blue y rencontrera des âmes vides, sans émotions, comme purgées entre trouble et désarroi. Elle va devoir déjouer des pièges que le Directeur de la ville, sournois voleur de sens, va lui tendre. Le Diable en personne qui, aux détours des larmes de la petite fille, va lui promettre de réaliser tous ses rêves les plus fous. Accompagnée de sa baleine bleue et de son ami M.J., Blue va faire la connaissance d’une ville où tristesse rime avec monstres spectaculaires, un parc d’attraction de la mélancolie où vont d’entremêler les paysages horrifiques et les boutiques attractives dérangeantes. Pour sauver ses rêves, elle va devoir encore une fois affronter ses pires cauchemars.
Davide Tosello a fait ses armes dans le monde des jeux vidéo, et a notamment collaboré avec Supercell. Il nous offre ici sa seconde œuvre, abandonnant par là même tous les codes identitaires de la bande dessinée pour enfant et laissant libre cours à une allégorie poétique qui traite les thèmes de la nature, de la peur des monstres, de l’enfance. La double lecture enchante, le dessin surprend, les couleurs intriguent. Une nouvelle aventure de Blue, que l’on retrouve, une fois encore, coincée entre rêve et réalité. Le lecteur est prisonnier des images, des sons, des couleurs, le tout donnant lieu à des hallucinations produites par ce conte merveilleux. Car il n’est pas plus sombre que cette histoire glauque où s’entremêlent d’horribles personnages et des lieux dignes des esprits les plus torturés. Pourtant, la symbolique de la ville où l’on vous vole vos larmes n’est-elle pas celle de cette société où tous s’isolent, s’autocentrent pour ne pas regarder la réalité en face ? Et qui sont ces vendeurs de rêves que nous enrichissons sans parfois même nous en rendre compte ? De cette confusion générale des sens, de ces questionnements, nait une magnifique histoire pour enfants et adultes : celle où s’affrontent le bien et le mal, celle où les méchants sont méchants et celle où l’on doit vaincre ses propres peurs pour avancer dans la vie. Ce « Sad City » est plus utile qu’une visite au Centre Médico Psychologique, c’est un médicament, un traitement profond où l’on plonge, dans lequel on se laisse couler, vidant ses poumons de tout son air… Mais quand le fond apparait, lorsque tout est noir, il suffit, comme Blue, de donner ce petit coup de pied qui va nous projeter de nouveau vers la surface et nous redonner goût à la vie.
Un conte fabuleux aux couleurs douces et aux codes complexes, une double lecture passionnante, un vrai coup de cœur visuel.
Jérôme Prévot
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