Titre : Le Dernier Espadon
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Teun Berserik
Dessinateur – Coloriste : Peter van Dongen
Éditeur : Blake et Mortimer
Parution : Novembre 2021
Prix : 15,95€
Sur la côte nord-ouest de la République d’Irlande, un conciliabule qui n’augure rien de bon a lieu entre les représentants de l’IRA et d’anciens officiers SS. Il y a fort à parier que l’opération terroriste d’envergure qu’ils souhaitent mener et qui les a conduits à assassiner et à « remplacer » le major Humbletweed concerne bientôt au premier chef Blake, nouveau chef du Mi5, et Mortimer… sinon l’Angleterre tout entière ! Pendant ce temps, en effet, la base de Makran, célèbre pour avoir été le théâtre du lancement des Espadons, décisif pour la victoire face à Basam-Damdu, est en passe d’être désaffectée. Cinq avions doivent être évacués dans la plus grande prudence. Le professeur Mortimer est convié pour superviser l’opération, car il est le seul à connaître leur système de démarrage complexe, et changer les codes un par un, afin de rendre les appareils inoffensifs. Problème, dès son arrivée sur place, en compagnie de Nasir, il est accueilli par le faux major Humbletweed…
Après le très décevant Cri du Moloch, sur tous les points, Le Dernier Espadon vient remettre la série dans le droit chemin. Il signe d’abord le retour de Jean Van Hamme, scénariste historique et pionnier de la reprise qui, avec le regretté Ted Benoit, avait réalisé de l’excellent travail (L’Affaire Francis Blake, L’Étrange rendez-vous). Ici, certains ennemis rappelleront un peu sa dernière intrusion dans la série, qui datait du diptyque La Malédiction des trente deniers. Mais cette présence des nazis, devenue indigeste par moments, n’est pas centrale ici. L’intrigue est prenante et très bien menée, avec les ficelles habituelles, certes, et une violence souvent gratuite (même si le thème du terrorisme ne pouvait augurer d’un album pacifique). Rarement un Blake et Mortimer aura été aussi sanglant. Mais rarement on aura eu également, pour contrebalancer, un humour aussi poussé. Oui, on se surprend à sourire, voire à pouffer, plus d’une fois. Les réflexions introspectives des héros sont aussi les bienvenues et pleines de malice. Graphiquement, le duo Peter van Dongen / Teun Berserik, déjà efficacement à l’œuvre pour La Vallée des Immortels, s’en tire avec les honneurs. Ce n’est pas vraiment du Jacobs, ce n’est pas tellement du Ted Benoit non plus, mais c’est du Blake et Mortimer dans l’esprit. On leur pardonnera quelques approximations car elles sont gommées par la réussite d’ensemble des nombreuses scènes d’action, qui ont dû leur donner pas mal de fil à retordre. Bravo messieurs pour cette réussite quasi totale qui devrait redonner le moral aux aficionados de la reprise, et surtout bravo Huguette Van Hamme sans qui cet album n’aurait probablement pas vu le jour. Les puristes, eux, continueront sans doute de regretter Jacobs ad vitam aeternam. On les embrasse.
Le Dernier Espadon est loin d’être le moins frais de la pêche. Le prologue (Le Bâton de Plutarque) était déjà réussi ; la suite de la première aventure des héros de Jacobs a su, elle aussi, inspirer ses auteurs.
Nicolas Raduget
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