Titre : Bérézina
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Virgile Dureuil
Éditeur : Casterman
Parution : Novembre 2021
Prix : 20€
2012. Les idées de voyage jaillissent au cours d’un précédent périple. Et c’est en juillet, lors de l’un d’entre eux en Terre de Baffin, que Sylvain Tesson et Gras décident de revenir du salon du livre de Moscou, qui a lieu en décembre, en side-car afin de refaire la route de l’armée napoléonienne en pleine débâcle. Ainsi, 200 ans après la retraite de Russie, les deux compères embarquent avec eux le photographe Thomas Goisque ainsi que deux amis russes, Vitaly et Vassili, pour commémorer à leur façon ce bicentenaire qui, de Moscou à Paris, les fait passer par la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne aux commandes de leurs indestructibles Oural. Bien évidemment, comme Napoléon et ses hommes, ils traversent eux aussi le fleuve Bérézina. D’aucuns disent que la bataille qui s’est déroulée en ces lieux est le symbole le plus marquant de la campagne de 1812. D’ailleurs, Bérézina est, au fil du temps, devenu un nom commun pour désigner les échecs cuisants. Le chassé-croisé au cœur de l’hiver, entre le XIXe et le XXIe, fait vivre au lecteur, aux côtés des cinq aventuriers, un événement majeur de l’Histoire française qui annonce le déclin puis la chute d’un Empire.
Publié cet été en avant-première dans Le Figaro Magazine, Bérézina est la brillante adaptation de l’ouvrage éponyme de Sylvain Tesson, paru chez Michel Guérin en 2015, réalisée par Virgile Dureuil. L’auteur est d’ailleurs un récidiviste des faits car en 2019 il avait déjà transformé l’écrivain voyageur contemporain en héros de papier dans son excellente transposition de Dans les forêts de Sibérie. En cette année du bicentenaire de la disparition de Napoléon, cette bande dessinée est un hommage original fait à l’Empereur qui oscille entre deux époques, le XIXe et le XXIe, pour évoquer cette fameuse débâcle. Un récit très instructif, entraînant et immersif où l’équilibre entre les phases d’aventure contemporaines et celles historiques est parfait. Ces dernières se répondent mutuellement et se complètent tout en faisant progresser le périple des cinq aventuriers. L’angle d’approche est des plus originaux pour traiter cet événement historique. Pour sa deuxième bande dessinée, Virgile Dureuil nous gratifie d’une prestation graphique une nouvelle fois très réussie et pleine de panache qui se fait le parfait écho des propos rigoureux du romancier qui met en avant certaines anecdotes intéressantes.
Encore une réussite pour Virgile Dureuil qui donne une nouvelle fois envie de se (re)plonger dans un roman de Sylvain Tesson.
Stéphane Girardot
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