Titre : Créature de la nuit
Scénariste : Kurt Busiek
Dessinateur – Coloriste : John Paul Leon
Éditeur : Urban Comics
Collection : DC Black Label
Parution : Septembre 2020
Prix : 18€
Jusqu’à ses neuf ans, le petit Bruce Wainwright s’est amusé de sa quasi homonymie avec son idole Batman. Mais le destin a joué avec lui en lui prenant ses parents de la même manière que le Bruce Wayne des comics qu’il adore. A sa sortie de l’hôpital, le jeune orphelin rumine sa colère et son incompréhension dans la solitude. Il aimerait que la police retrouve le meurtrier de sa famille mais l’enquête piétine. Lorsque une mystérieuse silhouette noire apparaît dans ses rêves et semble sur les traces de l’assassin, Bruce croit perdre la raison. Pourtant, les criminels de Boston commencent à prendre peur et à balancer un nom aux flics. A partir de son arrestation, le garçon comprend qu’il a la faculté de faire apparaître Batman. De quoi rendre le monde meilleur ?
« C’était comme si je l’avais toujours connu. Et j’ai su qu’il ne m’aidait pas par hasard. Je l’ai créé. J’ai souhaité quelqu’un tel que Batman. J’ai tellement souhaité qu’il existe. »
Après avoir déjà imaginé une histoire au pitch assez semblable dans Superman – Identité secrète, Kurt Busiek (Astro City) s’attaque au mythe de Batman plutôt qu’au personnage lui-même. Ici, pas de Gotham, de super-héros et de cascades spectaculaires, le scénariste s’intéresse davantage à l’image que laissent les grandes figures des comics auprès des lecteurs, dans une aventure surnaturelle qui fait la part belle à la psychologie du jeune protagoniste et à une étude sur le pouvoir et la responsabilité. En suivant Bruce Wainwright de ses neuf ans à l’âge adulte, on suit son évolution, ses doutes, ses espoirs, plongeant avec lui dans une psyché fragile. La force du récit est de ne jamais donner de clés certaines sur l’apparition de cette créature de la nuit aux allures de Batman, puisque les réponses apportées comportent quelques failles. Cette œuvre très forte qui dépasse le loin le cadre d’une bande dessinée super-héroïque ordinaire est de plus portée par la noirceur bienvenue du trait de John Paul Leon (Earth X)qui, à la manière d’un Michael Walsh (Comeback), use d’un encrage très épais, appuyant les ombres et les contours avec conviction. Un choix d’autant plus important que les dialogues sont peu nombreux, remplacés par des voix off omniprésentes sans être pesantes.
Une alliance d’auteurs pour le meilleur qui fait de cet album une curiosité incontournable.
Arnaud Gueury
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