Titre : The Banks
Scénariste : Roxane Gay
Dessinatrice : Ming Doyle
Coloriste : Jordie Bellaire
Éditeur : Panini Comics
Parution : Août 2021
Prix : 19,95€
Celia Banks travaille dans une grande banque de Chicago, un travail pour lequel elle s’est investi jour et nuit et qu’elle mène avec professionnalisme et ambition. Mais le jour où le poste d’associé qui lui était promis est offert à un autre, la jeune femme trahit ses idéaux et se tourne vers sa famille, avec qui elle est en froid depuis des années. Car sa mère et sa grand-mère exercent une activité moins reluisante, étant voleuses depuis toujours. Celia compte sur leur expérience pour siphonner l’argent d’un client milliardaire qui ne sera pas facile à dépouiller. Mais sa rancœur est énorme. Pour Clara et Cora, une petite enquête sur la cible arrive à les convaincre rapidement de faire le coup. Par envie de vengeance…
« On ne pique pas n’importe quoi. On ne prend jamais trop. Et on ne vole pas les mauvaises personnes. On a rendu ta vie possible. Et on a échappé à la prison parce qu’on est douées. »
Il peut paraître aisé de mener un pur récit de casse, la formule étant souvent la même, d’un film à l’autre, d’un roman à l’autre. Mais c’est peut-être un des exercices les plus périlleux du genre, tant chaque détail et personnage doit être ciselé à la perfection et que le rendu visuel doit être précis. Malheureusement, il n’y a rien de tel dans The Banks. Roxane Gay coche bien toutes les cases pour plaire à un public large et actuel avec ses trois générations de femmes noires fortes et indépendantes dont l’une est gay, mais cela n’a jamais suffi à caractériser des personnages. Leurs relations prennent vite le pas sur le casse en lui-même, réduit à quelques clichés éculés, mais toutes les tensions se règlent en quelques cases bâclées et une poignée de dialogues d’une grande pauvreté. On est donc loin des modèles, de l’utra-cool Ocean’s Eleven au plus pantouflard The Score. Et s’il se tourne par instants vers le polar, l’album se heurte à d’autres concurrents dont l’écriture est un bijou, comme les œuvres d’Ed Brubaker. Il ne faut hélas pas compter non plus sur le dessin pour lui donner un aspect clinquant qui masquerait le vide de l’histoire, les planches de Ming Doyle étant désespérément vides de fonds et de décors. La rigidité des personnages, des postures bizarres, les visages changeant d’une case à l’autre, un trait général peu assuré… rien ne fonctionne. Même l’excellente Jordie Bellaire ne peut rien faire pour sauver l’ensemble.
Un ratage complet qui souligne que l’écriture d’un scénario mérite plus de travail et qu’avoir les meilleures intentions du monde ne suffit pas.
Arnaud Gueury
Réagissez !
Pas de réponses à “Banks (The)”