Titre : La Ballade du soldat Odawaa
Scénariste : Cédric Apikian
Dessinateur – Coloriste : Christian Rossi
Éditeur : Casterman
Parution : Octobre 2019
Prix : 19€
Février 1915. De nombreux Amérindiens font partie du contingent canadien envoyé en Europe, notamment en France, pour combattre les Allemands. Joseph Odawaa, matricule Tomahawk, est l’un d’entre eux. Né d’un père faisant partie de la nation Cree et d’une mère française, le tireur d’élite est redouté par l’ennemi et sa tête mise à prix en regard de ses faits d’armes surhumains et très violents. C’est parce qu’il a besoin de cet homme précisément que le Colonel Desjoyaux reçoit le Capitaine Keating, son supérieur hiérarchique. Il sollicite auprès de ce dernier un coup de main pour se débarrasser d’un groupe de maraudeurs, mené par le Commandant Heinrich Von Schaffner, qui pille le patrimoine national. Surprenant car Von Schaffner a été abattu par Odawaa lui-même selon Keating. Pourtant, les rapports sont formels. Serait-il revenu d’entre les morts ? Au cœur du premier conflit mondial, une traque s’organise. Un véritable western en marge du « bal » où mythe littéraire et honneur familial s’invitent dans la danse et brouillent les pistes.
Cédric Apikian a initialement écrit le scénario de La Ballade du soldat Odawaa pour en réaliser un long métrage. Le destin en a voulu autrement et c’est donc sous la forme d’une bande dessinée qu’il voit le jour. Le résultat est plutôt convaincant et surprenant. Il y a de l’originalité, le rythme narratif est soutenu et le suspense de la traque monte crescendo. La lecture nous tient bien en haleine du début à la fin de cette fiction qui peut être considérée comme un double hommage, à la fois aux Amérindiens des troupes canadiennes engagées en Europe lors de la Première Guerre Mondiale, héros qui sont une source d’inspiration libre – comme Francis Pegahmagabow ou encore Henry Norwest – pour l’auteur, mais aussi au western, ici transposé/intégré dans un autre genre. De plus, on ne s’attend pas forcément à certains coups de théâtre qui sont de fait efficaces et que nous ne pouvons décemment pas vous spoiler ! Une inspiration historique également, avec les vols du patrimoine artistique français par l’ennemi, et poétique – via les textes de John Keats – vient densifier une trame scénaristique où le spectre d’Odawaa plane. Après le magnifique et lumineux Le Cœur des amazones, Christian Rossi interprète cette nouvelle partition dans un registre beaucoup plus sombre mais avec toujours autant de maestria. Le dessinateur donne toutes les justes et nécessaires intentions au trait et à la couleur pour immerger le lecteur au cœur de l’action.
Du cinéma en grand format BD pour un très bon divertissement !
Stéphane Girardot
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