Titre : L’Astragale
Scénariste : Anne-Caroline Pandolfo
Dessinateur : Terkel Risbjerg
Éditeur : Sarbacane
Parution : Octobre 2013
Prix : 22€
« A mesure que je respire, le silence atténue l’explosion d’étoiles dont les retombées crépitent encore dans ma tête ». Douleur atroce. Anne, 19 ans, vient de s’évader de la prison-école de Doullens. Incapable de marcher, fracture de l’astragale, os du pied pivot de la cheville, elle se traîne jusqu’à la route dans l’espoir du faire du stop jusqu’à Paris. Le premier chauffeur refuse mais recherche celui qui pourrait lui venir en aide. Un jeune truand, Julien, la prend en charge et la cache chez sa mère. La cavale commence pour Anne mais une peur la tient au ventre : va-t-elle perdre sa jambe ? Incapable de se déplacer, Julien doit la porter et la changer de lieu d’accueil. La douleur ne se calme pas, elle finira à l’hôpital sous un faux nom et sera enfin opérée. Entre Anne, qui se disait amoureuse de Rolande, incarcérée avec elle, et Julien, qui sort de Centrale et est interdit de séjour dans le département, naît une extraordinaire histoire d’amour. Elle n’a jamais connu cela et peu lui importe les planques dans lesquelles elle doit se réfugier et les moyens de gagner de l’argent. Elle ne vit que pour ces instants avec lui.
En 1965, la France apprend le nom de cet os étrange, l’astragale, et surtout en 1968 lors de la sortie d’un premier film avec Marlène Jobert. Cet album graphique adapté du roman d’Albertine Sarrazin est une superbe adaptation. Les sentiments sont portés par le choix du noir et blanc. Les visages sont ciselés et reflètent les ressentis de chacun des personnages. Le petit visage fragile d’Anne exprime toute la détresse puis tout l’amour par un simple regard. Petits truands, péripatéticiennes, bistrotiers, le monde interlope d’un Paris des années 50 renaît au fil des pages. Le dessin est admirable de précision pour les détails d’époque mais aussi riche d’émotion même lorsqu’il est sans texte. Non, la vie n’était pas plus belle autrefois lorsque vous étiez abandonné à la naissance, lorsque vous étiez violé à dix et que vous étiez en cavale à 16 ans.
Puisse ce remarquable album vous donner envie de lire le livre d’Albertine dont il s’inspire.
Aline Boyrie
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