Titre : Altitude 3954
Scénariste : Olivier Bocquet
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jean-Marc Rochette
Éditeur : Casterman
Parution : Mars 2018
Prix : 28€
C’est lors d’une marche avec sa mère, après avoir arpenté pendant des heures le musée de Grenoble et contemplé longuement une toile de Chaïm Soutine, que Jean-Marc Rochette tombe amoureux de la montagne. Une passion qu’il va développer en faisant notamment ses premières grimpes avec son pote Sempé. Leur terrain de jeu : le Massif des Écrins. Tous les deux se mettent en tête de faire leurs listes courses pour se présenter à l’Aspi (la formation d’aspirant guide) et se promettent de gravir ensemble la face nord d’Ailefroide. Une adolescence joyeuse et insouciante malgré un internat forcé pour indiscipline et débordements artistiques. Jusqu’à ce que la montagne vienne chercher son dû. Ainsi, Jean-Marc perd des amis et manque de peu d’y passer lui aussi après une chute de pierres. Son corps s’en rappelle encore aujourd’hui. Avec cette prise de conscience que l’on n’est pas immortel, il se détourne peu à peu de l’alpinisme en 1976 et s’engage dans la voie qui est la sienne encore de nos jours. Commence alors une vie d’artiste où Edmond le cochon est le premier compagnon de cordée dessiné de l’artiste.
Ailefroide – Altitude 3954 est à la fois un récit autobiographique sans concession et une période de vie initiatique de l’auteur Jean-Marc Rochette qui court des années 60, son adolescence, jusqu’à l’aube des années 80 et le début de sa collaboration avec Jacques Lob pour Le Transperceneige. Une ode à la montagne et à la vie de près de 280 pages co-scénarisée avec l’excellent Olivier Bocquet (Le Transperceneige : Terminus). Une ode à la montagne parce qu’il y est question d’alpinisme et du Massif des Écrins entre autres. Où nous apprenons les premières notions de ce sport en même temps que l’adolescent, nous assistons à son évolution, ses exploits dans le milieu mais où surtout un hommage est rendu à tous ceux qui ont ouvert les voies pratiquées aujourd’hui (Maurice Laloue, Andéol Madier, Michel Chevalier, Gaston Rebuffat, Jean-Antoine Carrel, Victor Chaud, etc.) ainsi qu’à ses partenaires de cordée, morts ou encore en vie, comme son pote Sempé. Une ode à la vie car la portée du récit est universelle. Où l’on voit comment un sport, une passion, peut faire grandir ou prendre de l’assurance dans une période difficile comme l’adolescence ou encore comment les coups durs de la vie permettent une remise en question et un changement de cap. Peut-être plus facile pour l’auteur qui a toujours été fasciné par l’Art et le dessin. D’ailleurs, Ailefroide marque son retour à la bande dessinée après sept ans passés à Berlin, entre 2009 et 2016, consacrés à la peinture. Une influence que l’on ressent aisément dans les représentations des roches à mi-chemin entre le réalisme et une stylisation très personnelle et très marquante. Le trait épais et les hachures associés à la mise en couleurs dégagent toute la puissance évocatrice nécessaire à cette histoire qui relate un destin hors du commun.
Un superbe roman graphique et autobiographique très fort qui embarquera sans aucun mal les fous de montagne mais également les autres. Respect Monsieur Rochette !
Stéphane Girardot
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3 Responses à “Ailefroide”