Titre : A Pink Story
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Kate Charlesworth
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2021
Prix : 25€
2016. À la faveur d’un séjour à Tenerife avec sa compagne Dianne, son ex-compagne Ness et Wren, une amie commune, Kate Charlesworth revient sur l’histoire de la communauté LGBTQIA+ en Grande-Bretagne, prenant comme point de départ 1950, l’année de sa naissance, quand l’homosexualité masculine était passible d’emprisonnement, contrairement à celle féminine qui n’a jamais constitué un délit, ce qui a contribué à rendre les lesbiennes encore plus invisibles. Car aussi bien les hommes que les femmes ne répondant pas à l’hétéronormativité de l’époque restent pour la grande majorité « dans le placard ». C’est d’ailleurs en 1953 qu’est prononcé pour la première fois à la BBC le mot homosexuel. La dessinatrice humoristique britannique, dont la vie de goudou débute dans les années 50, réalise une rétrospective assez exhaustive de presque soixante-dix ans de combats et de luttes mêlée aux moments-clés de sa vie. Un véritable défilé auquel prennent part d’innombrables icônes et célébrités gays issues de divers milieux.
Au-delà d’être une étude graphique édifiante et indispensable de l’histoire LGBTQIA+, A Pink Story est un récit émouvant, révoltant à plus d’un titre, instructif, drôle, sincère, sans langue de bois. Bien évidemment, il est engagé et constitue de fait un acte politique fort complètement assumé par l’autrice. Cette œuvre colossale réalisée avec minutie, dont la prise de notes a commencé à partir de 2007, voit une première version mise de côté en 2011 pendant la réalisation de Sally Heathcote – Suffragette avec Mary et Brian Talbot. Par la suite, Kate Charlesworth réécrit le script et en commence la mise en images en 2016. L’album paraît en 2019 en Angleterre sous le titre Sensible Footwear, avant d’atterrir avec bonheur dans le catalogue des éditions Casterman cette année. Le parti-pris de mêler ses mémoires de lesbienne aux différents événements historiques exposés donne de l’intensité au récit mais aussi permet un changement du rythme appréciable tout au long des 320 planches. Si le contenu interpelle et capte l’attention du lecteur, c’est également en grande partie dû à l’interprétation visuelle qui en faite. En effet, par le truchement de nombreuses techniques (noir & blanc, photoréalisme, crayonnés avec touches de couleurs sur des calques Photoshop pour les souvenirs, dessins au crayon et à l’aquarelle pour les années 50 et 60…), Kate Charlesworth donne du corps et de la fougue à cet album qui est d’ores et déjà une référence.
Chapeau bas pour cette œuvre remarquable et incontournable !
Stéphane Girardot
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