Titre : Encaisser !
Auteure : Marlène Benquet
Scénariste – Dessinateur : Anne Simon
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2016
Prix : 12€
Madame Vaquin, la cheffe de caisse, accueille une nouvelle caissière en la personne de Sabrina. Elle lui fait un rapide topo de leur métier – qui n’est pas sorcier mais quand même chiant, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle est cheffe – et lui énumère les valeurs essentielles du groupe Batax qu’elle intègre. Elle a même droit à un fascicule sur l’histoire du supermarché où l’on trouve de tout, comme le souhaitait son fondateur. Cependant, Sabrina va vite se rendre compte que depuis la création de cette entreprise familiale – qui a réussi – les choses ont bien changé. Entre les pressions au rendement, les politiques changeantes du groupe voulues par les actionnaires, les clients mécontents, voire pénibles et malpolis, et les syndicats complaisants, la vie derrière la caisse est loin d’être facile. Alors « Encaisser ! » au sens propre comme au figuré, oui ! Mais il y a des limites à ne pas dépasser !
Anne Simon (Einstein) adapte ici une enquête très intéressante réalisée par la sociologue Marlène Blenquet concernant les salariés de caisses d’un grand groupe de la grande distribution française. Cette dernière a d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage : Encaisser!, enquête en immersion dans la grande distribution. Pour ce faire, la scientifique a travaillé en tant que caissière à temps partiel et a été recrutée comme stagiaire au sein du siège du groupe puis de l’organisation syndicale Force Ouvrière (FO). L’enseigne concernée n’est pas la fictive « Batax » mais vous pourrez aisément en deviner le nom grâce à la signalétique. Trois phases d’étude que l’on retrouve dans la bande dessinée et qui montrent clairement qu’aujourd’hui le capitalisme actionnarial remplace le capitalisme managérial des débuts. Cela permet ainsi de bien appréhender les mutations des conditions de travail du dit poste où les mots féminisation, tertiarisation et précarisation sont clés. En effet, on dit « caissière » pour cet emploi du secteur des services dont le salaire est proche du minimum légal, sans oublier les horaires très – trop ? – flexibles, un faible volume d’heures travaillées et des opportunités de promotion sociale très faibles. Pour faire passer la pilule, Anne Simon traite le sujet avec beaucoup d’humour. Et, à l’instar des autres albums de la collection, le dessin en noir et blanc – très journalistique – sert parfaitement les propos.
Encore un sujet pertinent dans la collection ! Quand vous ferez vos courses, faites preuve d’empathie envers ces hôtesses qui font de leur mieux pour vous être agréables et travaillent dans des conditions qui ne sont pas forcément les meilleures…
Stéphane Girardot
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