Titre : La Petite Mosquée dans la cité
Auteure : Solenne Jouanneau
Scénariste – Dessinatrice : Kim Consigny
Éditeur : Casterman
Collection : Sociorama
Parution : Juin 2018
Prix : 12€
En 1985 naît la Mosquée du quartier du peuplier. À l’origine, ce n’était qu’un lieu permettant aux étudiants de pouvoir prier non loin de leur fac mais, au fur et à mesure, de plus en plus de gens du quartier sont venus grossir les rangs des fidèles. Ainsi Anouar, un commerçant, devient le président de l’association et Moussa l’Imam bénévole. Trente ans plus tard, la Mosquée – rebaptisée Salam – a toujours Moussa, devenu architecte, à sa tête. Il jongle entre ses vies professionnelle, personnelle et religieuse. Cependant, un projet de rénovation urbaine vient bouleverser toute l’organisation mise en place depuis trois décennies. Un nouveau local leur est nécessaire pour le culte mais tout le monde n’est pas d‘accord sur la manière de procéder. Des dissensions apparaissent entre Moussa, qui est pour une religion moderne et intégrée dans la société française, et Omar, son suppléant, qui est plus virulent et prône un Islam fort reposant sur ses traditions. À cela, il faut rajouter les attentes des fidèles, la situation difficile due à l’état d’urgence ainsi que la surveillance policière inhérente et la méfiance des gens envers la communauté.
Comme chaque album de la collection Sociorama – dirigée rappelons-le par Lisa Mandel et Yasmine Bouagga – La Petite Mosquée dans la cité est l’adaptation d’une réelle étude sociologique réalisée par un(e) auteur(e) de bande dessinée. En l’occurrence, Kim Consigny met en images celle de Solenne Jouanneau intitulée Les Imams en France : une autorité religieuse sous contrôle et éditée en 2013 aux éditions Agone. Un exercice de vulgarisation parfaitement réussi qui nous permet d’appréhender le fait que les Imams, bénévoles la plupart du temps, doivent composer avec de nombreux éléments comme leurs vies professionnelle et personnelle, les attentes de leur communauté, l’état d’urgence, les enquêtes policières, le racisme… Mais ils sont aussi menés, au sein de leur propre mosquée, à lutter contre la radicalisation afin qu’il n’y ait pas d’amalgame, de dérives et ainsi aboutir à une meilleure intégration dans la société française. C’est le cas de Moussa qui voit bien le changement qui s’opère chez son suppléant Omar. L’acteur principal est l’exemple même d’un Imam très ouvert d’esprit et qui est un réel vecteur positif pour les siens. Notons également que le projet de nouvelle mosquée met en avant la grande solidarité des fidèles. La retranscription graphique de cette fiction par Kim Consigny est sobre, efficace et permet au lecteur de se plonger facilement dans le sujet.
Un opus très intéressant et instructif qui permettra à certains d’avoir un autre regard sur la communauté musulmane.
Stéphane Girardot
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