Titre : Les reflets changeants
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Aude Mermilliod
Éditeur : Le Lombard
Parution : Août 2017
Prix : 22,50€
Nice, au mois de juillet. Elsa a la vingtaine. Elle est belle, fraichement diplômée et très amoureuse de Micka qui est plus âgé. Avec lui, tous ses complexes disparaissent. Cependant, il est dépressif et ce n’est pas tout le temps simple à gérer. De plus, sa meilleure amie Julie ne l’aime pas et aimerait bien qu’elle sorte avec Idir. Jean a la cinquantaine passée et conduit des trains. C’est un marin frustré qui a du faire un choix et rester à terre pour s’occuper de sa fille Alda qu’il a eu avec Marcella lors d’une amourette qui n’a durée qu’un temps. Lui qui rêvait de liberté se retrouve plus enchainé que jamais mais il aime sa fille plus que tout. Émile quant à lui à bientôt quatre-vingt ans. Devenu sourd pendant la Guerre d’Algérie, il a de plus en plus de mal à supporter sa condition malgré l’amour de sa femme Yvette, de sa famille et de son chien. Le silence qui l’entoure lui pèse énormément et il aimerait que cela s’arrête un jour. Ces trois personnes, qui ne se connaissent pas et ne se sont croisés que quelques instants à un moment de leurs vies, vont se retrouver liées à jamais suite à un drame.
C’est avec Les reflets changeants qu’Aude Mermilliod est devenue la lauréate du Prix Raymond Leblanc de la jeune création en 2015. Un roman graphique de cent quatre-vingt-quinze planches que l’on pourrait assimiler à une jolie pierre ronde qui ricoche à la surface de l’eau avant de couler à pic dans la mer. Les ricochets sont comme les petits contacts superficiels entre les personnages dans la gare de Cannes (Elsa/Jean et Jean/Émile) ou à la plage (Elsa/Émile) qui permettent les enchainements entre les différentes tranches de vie, et la fin de la course de la pierre matérialise le drame qui unie leurs histoires pour toujours. D’un point de vue scénaristique, il y a une belle maturité d’écriture où l’auteure fait montre d’une grande sensibilité et de beaucoup de subtilité. Le récit est également très intimiste puisque l’histoire d’Émile est librement inspirée de celle du grand-père d’Aude Mermilliod. Très touchant ! Et celle d’Elsa est peut-être en partie le reflet romancé d’un pan de vie de l’auteure. Une douce lecture d’été au trait tout en rondeur qui témoigne de la légèreté de certains sujets abordés (la sexualité, les fêtes de fin d’année, les sorties entre amis, etc…) et qui contrebalance avec la gravité de certains autres (le malaise de Jean, l’infirmité d’Émile et ses conséquences au quotidien, la dépression de Micka, les relations amoureuses complexes, les séparations, etc…). Le style graphique est déjà bien affirmé et agréable à l’œil. De même que la mise en couleurs est bien maitrisée et dégage de belles ambiances qui vous donnent l’impression de sentir le soleil de la Côte d’Azur vous caressez la peau.
Aude Mermilliod offre avec ce roman graphique un très beau et touchant moment de lecture où n’importe quel quidam pourra aisément s’identifier à l’un ou l’autre des personnages. Une belle réussite qui en appelle d’autres.
Stéphane Girardot
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2 Responses to “Reflets changeants (Les)”
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