Titre : Cornelia & Lindbergh
Scénariste : Arnaud Le Gouëfflec
Dessinateur – Coloriste : Dominique Bertail
Éditeur : Fluide Glacial
Parution : Janvier 2018
Prix : 16,90€
La Conquête de l’Ouest ne s’est pas faite grâce aux foies jaunes et aux chochottes qui portent dentelles et jupons mais par de vraies femmes, adeptes de la gâchette et du règlement de compte par le plomb. Les hommes, eux, trop délicats et sensibles, ne sont bons qu’à remplir les bordels des villes-champignons ou à parader au côté de femmes d’affaires venues faire fortune loin des villes. Cornelia, une dure-à-cuire, traîne son colt en tentant d’échapper aux chasseuses de primes, tandis que Lindbergh s’émancipe en se faisant passer pour une femme. Le destin va les réunir sur la piste d’un philtre capable de bouleverser les certitudes de ce Mondo Reverso…
« Des filles avec des robes !! Ce pays part en couille, Cornelia ! Un homme, c’est un homme, une femme, c’est une femme, c’est pas compliqué, merde ! »
Si l’idée de départ d’Arnaud Le Gouëfflec pour Mondo Reverso était bien dans l’air du temps avec cet original et inattendu western transgenre, on pouvait craindre que la parution par courts chapitres dans le magazine Fluide Glacial ne nuise à l’ensemble et que le postulat ne se liquéfie dans une simple inversion des sexes. Ce qui n’est heureusement pas vraiment le cas. La narration gagne en énergie et l’humour omniprésent permet d’accepter cette découpe particulière, tandis que l’échange homme/femme est plutôt bien exploité sur la longueur au-delà de jeux de mots faciles mais amusants et de situations volontairement poussées jusqu’au grotesque. Les auteurs s’étant déjà attelés à une suite, on peut même espérer qu’ils développent davantage les rapports entre les personnages et décrivent un univers totalement marqué par cette idée de changement. Si le sujet peut peiner à convaincre certains, le dessin de Dominique Bertail est épatant et offre un gage de sérieux quand le titre pourrait plonger dans un humour graveleux basique. La justesse de son trait oscille entre le réalisme le plus fin et la caricature la plus poussée, sans que cela ne choque. Sa colorisation en bichromie, faite au brou de noix, apporte même un ton unique à cette aventure pas comme les autres.
Un western bien barré qui détourne les codes au profit de la franche rigolade.
Arnaud Gueury
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2 Responses to “Mondo Reverso #1”
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