Titre : Magritte, ceci n’est pas une biographie
Scénariste : Zabus
Dessinateur – Coloriste : Thomas Campi
Éditeur : Le Lombard
Parution : Octobre 2016
Prix : 14,99€
Charles Singullier mène une vie paisible voire assez ennuyeuse jusqu’au jour où il trouve un chapeau melon au marché aux puces de Bruxelles. Lui-même n’aurait jamais imaginé avoir la fantaisie d’acheter une futilité pareille. Et avec plaisir en plus ! Il pousse même le vice à le porter, c’est pour dire comme sa vie est calme. Peut-être est-ce tout simplement parce qu’il va être promu ce lundi par son responsable ? Cependant en rentrant chez lui, il commence à avoir des hallucinations et ne peut plus enlever son couvre-chef. De surprenantes personnes apparaissent alors pour lui indiquer l’objet de sa mission car en le mettant il est entré dans le monde de son propriétaire : René Magritte. Il doit absolument saisir les secrets du peintre sinon il gardera à jamais le chapeau vissé sur sa tête. L’enquête commence au Cinéma Bleu à la séance de 13 heures et va mener Charles dans la vie de l’artiste de façon tout à fait surréaliste.
Les auteurs de Les petites gens font très fort avec cette histoire complètement incroyable qui sans être une biographie de René Magritte, le célèbre peintre surréaliste, en est quand même une des plus digestes et distrayantes. Le scénariste, Vincent Zabus, a très habilement introduit la vie, les œuvres et l’artiste lui-même dans la mission de Charles, un banal quidam à la vie ennuyeuse, qui devient enquêteur malgré lui. Une approche qui permet détourner l’existence de l’anti-héros à l’instar de Magritte qui aimait détourner l’aspect figuratif de la peinture. Le récit, qui se suffit à lui-même, vous prend par la main et sans vous la lâcher du début à la fin vous fait vivre une aventure rocambolesque avec moult rebondissements aux allures de visite de musée. Non seulement la psychologie de l’artiste y est présentée mais aussi celle de Charles qui évolue petit à petit et ose des choses jusqu’au au point de tenter d’embrasser la jolie fille qu’il croise et recroise. Il ne ressort donc pas indemne d’autant plus qu’il se brûle un « L » en se frottant au mystère Magritte. Un subtil travail d’écriture qui est mis en images avec maestria par Thomas Campi. Le dessinateur, loin d’être impressionné ou bloqué par les toiles du Maitre, les représente telles quelles (qu’elles soient très connues ou pas) et utilise des fragments de certaines pour dessiner les tribulations de Charles. Une belle prouesse où sa sensibilité graphique est accompagnée de l’environnement chromatique de Magritte qu’il a parfaitement su intégrer.
Ceci est réellement ce que nous pensons de cet album hommage incontestablement original.
Stéphane Girardot
Réagissez !
Pas de réponses à “Magritte”