Titre : Tome 6
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Cosey
Éditeur : Le Lombard
Parution : Janvier 2018
Prix : 20,50€
Atsuko – Jonathan est à May Myo en Birmanie où il loge dans une pension en attendant de pourvoir repartir pour Rangoon et ainsi récupérer sa moto en réparation. Il y rencontre Atsuko, une jolie japonaise, venue photographier la chambre de Jon car c’est dans celle-ci qu’ont vécu un temps sa mère, alors nourrisson, et Hisa, la cousine de son grand-père, qui s’est occupée d’elle. La jeune fille qui est à la recherche de cette grand-tante, mystérieusement disparue la veille de son mariage, propose au jeune amnésique de lui faire découvrir le Japon. Une promesse qu’elle doit tenir très rapidement car Jonathan entre en possession d’un carnet – appartenant à Hisa – qu’il est contraint, par la force des choses, de lui remettre en mains propres. Cependant, cela ne le dérange pas car il ne refuse jamais une invitation au voyage même si elle est enrobée de mystère.
Celle qui fut – Après un pèlerinage des 88 temples de Shikoku au Japon, Jonathan retourne à Rangoon pour retrouver sa vénérable Xing-Fú avec une nouvelle culasse. Un bonheur de courte durée qui l’oblige à prendre le Tamil Nadu Express 2621 en direction de Delhi. Lors d’un arrêt imprévu dans une gare inconnue, Jon fait passer le temps et se balade. Il est interpelé par une chanson sortie tout droit d’une cage. Le mainate qui la chante n’est autre que Garuda, l’oiseau de compagnie d’une amie d’enfance. Un souvenir qui le replonge près de deux décennies en arrière. Il décide d’acheter l’oiseau et de partir à la recherche d‘April, qui ne l’aurait jamais abandonné, en laissant son train partir sans lui. Un retour en arrière sur sa scolarité au « Pine Trees Breeze College » à Almora, station d’altitude de l’Uttarakhand, sous l’œil de Kâli et du Tigre Rouge.
Ce sixième et dernier tome de l’intégrale de Jonathan est introduit par un entretien fleuve, mené par Isabelle Dillmann (Journaliste, essayiste et biographe), où Cosey parle de ses nombreuses inspirations pour la série et se livre sans philtre sur son process de création. Une petite mine d’informations, richement illustrée, qui éclaire et permet de se lancer dans une lecture, sous un autre jour pour les fans ou sous la forme d’une découverte accompagnée pour les néophytes, des deux ultimes aventures de cette « autobiographie imaginaire en bande dessinée » selon les propres termes de l’auteur : Atsuko (Tome 15) qui a été meilleur album et grand prix 2012 au Soleil d’Or de Solliès, et Celle qui fut (Tome 16). Ces deux histoires sont captivantes et assez fortes non seulement au niveau de la narration mais aussi d’un point de vue graphique. Chaque voyage de Jonathan, de la Birmanie au Japon (Atsuko) et ensuite de la Birmanie vers l’Inde (Celle qui fut), est une véritable invitation à l’évasion et plonge le double de papier de Cosey dans des phases d’introspection au coeur d’une enquête saupoudrée de mysticisme. Sans oublier le romantisme, car il y a toujours une fille – de caractère et jolie de surcroît – sur son chemin (Atsuko puis April) avec laquelle se mettent en place des rapports de différents types. Celui qui a été consacré en 2017 Grand Prix du FIBD d’Angoulême est passé maître dans l’Art de suggérer. En effet, il ne dessine jamais la neige mais se sert du blanc des feuilles pour ce faire ! Bien loin des gaufriers classiques, les planches offrent des décors somptueux où aussi bien les villes que la nature sont parfaitement rendues. Conséquences directes des nombreux voyages que le conteur suisse a faits et qu’il a parfaitement laissés décanter avant d’en retranscrire les ambiances. L’Uttarakhand de Celle qui fut en est le parfait exemple. Une restitution où les nuances chromatiques dégagent une force incroyable et une maitrise parfaite de la notion de relation des couleurs entre-elles qui est des plus immersives.
Un album qui achève de belle manière l’intégrale d’une œuvre majeure d’un des Maîtres du 9ème Art.
Stéphane Girardot
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