Titre : La Paresse du panda
Scénariste – Dessinateur : Fred Bernard
Éditeur : Casterman
Collection : Écritures
Parution : Janvier 2016
Prix : 25€
Himalaya, automne 1925. Pamela Balandine Riverside et Timoty Python sont à la recherche de Jeanne Picquigny et Eugène Love Peacock. Ces derniers ont pénétré dans des grottes depuis un certain temps maintenant et n’en sont toujours pas revenus. Pam y retourne une nouvelle fois en compagnie de son singe, Peter Primrose, afin de les retrouver avant que la société de Thulé ne leur mette la main dessus. En vain ! Cependant, la révolutionnaire découvre un créature étrange : la craigne. Qu’est-il advenu de Jeanne et Eugène ? Sont-ils encore vivants ? De nos jours, en Bourgogne. Lily Love Peacock se refait une santé dans le manoir de Jeanne, sa grand-mère, suite à un «burn out». Après avoir envoyé bouler manager, tourneur et le monde de la mode, elle veut franchir une nouvelle étape et en savoir plus sur ses grands-parents. C’est en compagnie de Victoire Golfrapp, une amie d’enfance de son grand-père tournée vers le merveilleux, qu’elle vit depuis des semaines dans la bâtisse. Lily y découvre tous les ouvrages écrits par Jeanne et regarde les films qu’elle a tournés durant ses expéditions. C’est ainsi qu’elle parcoure les pages de La Paresse du panda. Mais il est l’heure d’aller chercher Rubis Rachmaninov, son amie et membre du groupe Perle & Rubis, qui vient lui rendre visite. Est-ce réellement le début d’une nouvelle vie/ère musicale pour Lily ? Et qu’en est-il de sa relation avec Pierre qui est si proche et si loin à la fois ?
L’aventure, le fantastique, l’Histoire, l’érotisme, des idées fortes, la musique et la littérature sont les composantes de base de cet incroyable roman graphique d’un peu moins de quatre cents pages écrit par Fred Bernard (Chroniques de la vigne) et qui offre la suite des Aventures de Jeanne Picquigny. Un scénario dépaysant, captivant voire enivrant qui propose deux niveaux de lecture bien distincts auquel répond une écriture graphique tout aussi fascinante. Tellement bien écrit que vous ferez fi du nombre de pages. L’auteur y dépeint en alternance l’aventure de Jeanne et Eugène dans l’Himalaya puis la Chine pour regagner la France et la reconstruction de Lily dans le manoir familial grâce aux livres et films de sa grand-mère. Le scénariste articule ces deux histoires, séparées dans le temps mais intimement liées, de manière tout à fait fluide. Vous lirez avec plaisir le récit de Jeanne l’aventurière, qui n’a rien à envier au grand Corto Maltese, ainsi que celui de la jeune top model/musicienne qui découvre le passé de ses grands-parents. L’ensemble étant parsemé de références littéraires à Lamartine, Annie Ernaux, Platon ou encore Nietzsche. Tout comme vous apprécierez à leurs justes valeurs les idées défendues par le truchement de Rubis qui dénonce le nombre de femmes violées dans le monde, les injustices sociales, les travers de l’univers de la finance et de ses traders entre autres. Moment jubilatoire également de constater que les goûts musicaux du groupe The Craigne et à priori de l’auteur s’articulent autour de Björk, P.J. Harvey et Led Zeppelin pour ne citer qu’eux. Et le cramer de pubis de Rubis… enfin, rien de vulgaire. Tout n’est qu’érotisme ! Une saga familiale parfaitement servie par le dessin faussement simple de Fred Bernard. Les illustrations sont tantôt très fouillées, tantôt très épurées mais en disent tout autant que les textes. Certaines sont pleine page et superbes comme celles de l’épisode en Chine. Et la mise en page répétée où sont représentées des pellicules de films accompagnées des annotations de Jeanne, comme si vous visionniez ses films et lisiez ses carnets de voyage, rajoute un côté intime rafraichissant.
Un roman graphique à vivre absolument !
Stéphane Girardot
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Une réponse à “Jeanne Picquigny (Une aventure de) #4”