Titre : Forban
Scénariste : François Troukens
Dessinateur : Alain Bardet
Éditeur : Le Lombard
Parution : Octobre 2017
Prix : 17,95€
1992, Bruxelles. Franck et ses collègues convoyeurs de fonds partent de la Banque Centrale. Sur la route, ils sont attaqués et leur cargaison de billets volée sans aucune effusion de sang. Un plan parfaitement huilé qui est en fait l’œuvre de Franck lui-même et de ses complices, Tino et Fred. Élégance et panache sans violence inutile est son credo. Après quelque temps passé à profiter du fruit de son juteux larcin, il est arrêté et mis en prison. Lui qui trouvait romanesque l’idée de voler aux riches pour devenir leur égal devient fou entre les quatre murs de sa cellule. Il n’a qu’une idée en tête : s’évader et recommencer. Chose qu’il fait grâce à l’aide de Marcel à l’intérieur et de Tino et Jeanne à l’extérieur. À partir de là, les braquages s’enchaînent au cours d’une continuelle cavale. Il est désormais l’ennemi public n°1 en Belgique. Cependant, il veut faire un dernier gros coup, en Suisse, avant de raccrocher. Comment et pourquoi Franck en est-il arrivé là ? Mais surtout, comment cela finira-t-il ?
Si le récit de Forban parait si réaliste, c’est tout simplement parce que le parcours de Franck, le héros, est librement inspiré de celui de François Troukens, le scénariste lui-même. L’ex-ennemi public n°1 de Belgique, qui a embrassé le grand banditisme très tôt, loin de faire un mea culpa avec cette première incursion dans la bande dessinée, assume entièrement ses actes passés et préfère témoigner de son parcours afin qu’il serve à d’autres. Il y a toujours de l’espoir et François Troukens en est le parfait exemple car il est aujourd’hui scénariste, réalisateur et même présentateur de télévision (le 2 novembre est sorti son premier roman, Armé de résilience, aux éditions First, et le 2 décembre arrive dans les salles obscures sont premier long métrage, Tueurs). Pour revenir à la BD, l’écriture est réfléchie, pertinente et profonde car, même si il y a des scènes de braquages, elles ne constituent pas l’essentiel du récit. En effet, l’auteur revient sur les raisons qui l’ont mené à ses actes via des flashbacks autour notamment de son enfance et son éducation un peu spéciale ou encore de ses références littéraires. Mais il dénonce également le système pénitentiaire qui ne lui a offert aucune possibilité de réinsertion lors de son premier passage par la case prison. Une chose contre laquelle il lutte aujourd’hui avec l’association Chrysalibre qu’il a créée en 2015. Une autre raison majeure qui rend l’histoire bien réelle, c’est le graphisme percutant d’Alain Bardet. Le dessinateur suisse retranscrit parfaitement le caractère brut et cru du scénario en choisissant le noir et blanc. Le rendu de la texture et du travail des matières est saisissant. Une prestation – audacieuse pour un premier album – réussie où les cadrages cinématographiques sont très efficaces. Une BD à mettre dans les bibliothèques de toutes les prisons pour encourager ceux qui souhaitent s’en sortir, car il est clair qu’elle a été pensée comme cela.
Une « BD-réalité » choc et intelligente servie par un graphisme des plus percutants !
Stéphane Girardot
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