Titre : Les Esclaves oubliés de Tromelin
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Sylvain Savoia
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Parution : Avril 2015
Prix : 20,50€
En découvrant une émission consacrée à Max Guérout, archéologue sous-marin et co-fondateur du Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN), le dessinateur Sylvain Savoia s’émerveille à l’idée de l’accompagner pour témoigner de ses recherches et renouer avec l’excitation des récits de naufrages. Quelques temps après, le voilà à bord d’un appareil à destination de l’île Tromelin, une langue de sable perdue en plein Océan Indien. Loin de la civilisation, Sylvain participe aux fouilles censées mettre en lumière une histoire hors du commun, celle d’esclaves malgaches abandonnés là en 1761 après le naufrage d’un navire français. Pendant quinze ans, une communauté s’était alors formée pour survivre jusqu’à leur sauvetage…
Cet album absolument passionnant suit deux histoires en parallèle grâce à une narration parfaitement pensée. Sylvain Savoia, dessinateur de la série Marzi, relate avec beaucoup de recul, d’humour et d’honnêteté cette aventure humaine, parfois difficile mais toujours enrichissante, d’un mois à l’écart du monde. Un séjour scientifique et historique capital pour comprendre la tragédie ayant eu lieu sur cet îlot 350 ans auparavant et dont les traces ont pu être mises à jour lentement et minutieusement. Pour alterner avec ce carnet de voyage détaillé, l’auteur s’appuie sur les éléments surgissant du passé pour imaginer quelle a pu être la vie des esclaves, notamment celle d’une survivante recueillie sur l’île Maurice en 1776. Cette histoire double bénéficie de deux graphismes distincts : un journal de bord avec ses croquis « sur le vif », annotés de réflexions et de commentaires, et un dessin plus poussé pour la retranscription du drame. Un exceptionnel commentaire de Max Guérout, rempli de documents et de photos, complète cet album essentiel.
Un témoignage au plus près de l’Histoire, réalisé avec une inspiration et une implication en tous points fantastiques.
Arnaud Gueury
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