Titre : Les Destructeurs
Scénariste – Dessinateur : François Amoretti
Éditeur : Auto-édition
Parution : Janvier 2016
Prix : 39€
Shauna Bubblebottom vit à Londres. Elle travaille en tant que serveuse dans un pub le soir et étudie la journée. Afin de joindre les deux bouts, elle a crée un site de webcams coquines car Shauna est vachement jolie. Autant en profiter ! Cependant, elle se sent de moins en moins bien et pas vraiment chez elle dans cette ville. Pour couronner le tout, elle est victime d’une violente agression en rentrant du boulot. Elle s’en sort sans mal grâce à sa force mais prend la décision de lever le camp et partir. Une téléportation plus tard, la plantureuse jeune fille se retrouve en Écosse, sur l’île de Skye plus précisément, où James l’attend. MoonMoon, qui la surveillait, avertit son compère Masse qu’elle a perdu le contact visuel avec leur cible. Les vilains à la solde du Dieu unique comptent sur Little Boy pour la suite des opérations. Ces incarnations de la dérive de l’Humanité n’ont qu’un but : Tuer Shauna. Pourquoi ? Qui est réellement Miss Bubblebottom ?
François Amoretti souhaitait faire un album sans concession où il écrirait et dessinerait ce qu’il voudrait. Fort de cette conviction est né Les Destructeurs par le biais de la plateforme de crowfunding Ulule en auto-édition. Et ainsi, arrive dans les bacs des libraires cet incroyable roman graphique, que l’auteur qualifie volontiers de protéiforme, lové dans un magnifique écrin en simili cuir vert, aux embossages accompagnés de dorures et aux tranches couleur chardon (clin d’œil à l’emblème de l’Écosse chère à l’auteur). Un objet livre atypique qui abrite un récit fantastique très intimiste où sont mis en avant nombre de sujets très sérieux. Il y est question de tous les maux de notre monde : la pollution, le nucléaire, le consumérisme à outrance, l’égoïsme de l’être humain ou encore le sexisme pour ne citer que ceux-là. A l’instar de Violette dans Burlesque Girrrl, le personnage central est une femme pulpeuse, forte et emblématique mais ayant ici un rôle crucial pour l’Humanité : Shauna. Le tout est traité avec un humour style british qui contrebalance avec la violence nécessaire à l’illustration des propos. MoonMoon n’est-elle pas le contre-emploi de la célèbre Sailor Moon ? La lecture est très dense, sur deux niveaux et riche de nombreuses références aux mythologies nordique, indienne ainsi qu’au vaudou (un petit lexique en fin d’album éclairera certaines lanternes !), mais reste fluide et prenante. Le traitement graphique se fait le parfait écho de la liberté du texte car le dessinateur ne s’impose rien. En effet, le plus «scottish» des auteurs français oscille avec bonheur entre dessins pleine page, doubles planches et gaufriers ajourés sous son trait minutieux.
Juste magnifique ! C’est sans concession, engagé et on aime ça !
Stéphane Girardot
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