Eric Pierre, administrateur délégué du MOOF, devant la fresque des Spirou
2014 © La Ribambulle / AG
Si Bruxelles est la capitale européenne de la bande dessinée, c’est à la fois pour son patrimoine historique unique et pour son activité incessante dans le domaine du 9ème art. Pour preuve, le MOOF (Museum Of Original Figurines), inauguré en 2011 dans son emplacement actuel.
Encore tout jeune, ce musée au nom amusant est parti d’une collection privée. Celle de Paul Tasiaux, collectionneur exceptionnel qui souhaitait partager ses pièces avec les amateurs. Hélas décédé peu de temps après l’ouverture, l’idée de transformer cette exposition en musée a rapidement fait son chemin, avant de s’installer définitivement dans la galerie Horta, tout près de la gare centrale de Bruxelles. Un lieu à découvrir, que l’on soit simple curieux ou fan averti.
Ici, chacun pourra découvrir les figurines et sculptures consacrées à tous les personnages de la bande dessinée franco-belge. Les grands classiques comme les plus récents héros. Et des pièces toujours commercialisées comme des œuvres uniques. « Le musée se veut accessible à tous les publics, explique Eric Pierre, administrateur délégué du MOOF. Nous avions commencé à détailler chaque pièce pour préciser sa date de fabrication, son nombre d’exemplaires, son fabricant, mais nous nous sommes rendus compte que ça n’intéressait pas tout le monde. Alors nous misons davantage sur la présentation, le cadre ou les décors. »
La mystérieuse fresque de Tintin
2014 © La Ribambulle / AG
Au milieu de centaines de pièces exploitant les univers de Gaston Lagaffe, de Tintin, d’Astérix, de Spirou ou des Tuniques Bleues, certaines méritaient une explication quant à leur présence. Comme cette fresque en céramique reprenant une scène du Trésor de Rackham le Rouge. « Nous savons juste que cette fresque a été récupérée au fond de la piscine d’un particulier, raconte Eric Pierre. Après avoir été nettoyée, elle s’est révélée magnifique, d’une extrême qualité. Mais nous ne savons pas du tout à qui elle a appartenu, ni comment elle a été conçu. Nous essayons de le savoir, à travers les collectionneurs et les visiteurs qui pourraient peut-être un jour y répondre.«
2014 © La Ribambulle / AG
Evidemment à l’honneur dans ce musée bruxellois, Tintin reste un atout important auprès du public. Mais il a fallu aux responsables faire leurs preuves auprès de la société Moulinsart. « En ce qui nous concerne, les relations sont excellentes avec Nick Rodwell, et nous avons la possibilité de présenter ce que nous voulons sans contrainte. » Comme en témoigne la pièce majeure du lieu, un sarcophage de Milou. Une pièce unique au monde, spécialement surveillée et protégée. De grands collectionneurs auraient même proposé toutes leurs pièces personnelles en échange de celle-ci !
2014 © La Ribambulle / AG
Autre rareté pour les tintinophiles, les statues spécialement créées pour la sortie du film de Steven Spielberg. « L’avant-première avait eu lieu à Bruxelles et de nombreuses photos avaient été faites à la gare, en présence d’un grand nombre de personnalités. Mais, au moment de repartir, s’est posée la question du retour des statues, explique encore Eric Pierre. Ayant vu ce qu’on avait fait de nos belles pièces, la production nous a alors proposé de les conserver en attendant de les récupérer afin de les détruire pour éviter la création de copies. Au bout de quelques mois, nous recevons un coup de fil de leur part. On s’est dit : ça y est, c’est fini. En fait, les Américains nous ont raconté que la promotion du film était terminée mais que, mises en valeur chez nous, ces pièces leur serviraient bien mieux. Et qu’on pouvait les garder définitivement. Nous n’avons pas refusé ! Et les relations avec eux sont tellement bonnes qu’ils nous ont offert des statues sorties pour les films de super-héros tels que Man of Steel ou Amazing Spider-Man. Si bien que nous réfléchissons à créer un coin comics. »
2014 © La Ribambulle / AG
Autre anecdote lié au cinéma, qui contribue grandement à la mise en avant d’une oeuvre, celle des Schtroumpfs. « Nous avions invité Nine Culliford, la veuve de Peyo, pour lui présenter le Musée et la section consacré aux Schtroumpfs, pour avoir son avis et l’autorisation de présenter les produits dérivés. Le lendemain, elle revient avec une grande valise jaune et nous explique qu’elle a beaucoup aimé ce que nous avions fait et qu’elle avait un cadeau pour nous. Elle a hésité à nous dire de quoi il s’agissait puis a préféré qu’on attende une annonce officielle. Dans le flou, nous avons ouvert la valise et découvert trois figurines. Mais elles ne ressemblaient pas à ce que nous connaissions, avec des yeux étranges. Puis, une semaine plus tard, le film a été dévoilé, avec le nouveau look des personnages. Ces trois figurines arrivaient en fait tout droit des Etats-Unis, il s’agissait des trois exemplaires originaux qui ont servi au travail des animateurs. Un cadeau extraordinaire !«
Vous l’aurez compris, le MOOF fait partie des haltes indispensables lors d’une visite des lieux BD de la capitale belge. D’autant que ses responsables, aussi passionnés qu’intéressants, ne rechigneront jamais à vous raconter les histoires étonnantes de certaines pièces fantastiques.
Arnaud Gueury
MOOF
Galerie Horta – Gare Centrale
Rue du Marché-aux-herbes 116
1000 Bruxelles
http://wp.moof-museum.be
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