Rencontrée lors du festival BD et livres jeunesse de Luisant, Virginie Esia ne nous a pas laissés insensible. Son livre jeunesse La Zaïmer, abordant le sujet de la maladie d’Alzheimer, est touchant. Nous avons souhaité poser quelques questions à l’auteure afin d’en savoir un peu plus sur elle, son livre et ses projets. Rencontre.
Bonjour Virginie, La Zaïmer est le premier livre jeunesse que tu écris et illustres. Peux-tu nous expliquer comment t’es venue cette envie de devenir auteure ?
Un été, chez mes grands-parents, je me suis plongée dans les histoires de la Comtesse de Ségur. Ce dont je me souviens ce n’est ni des personnages, ni des « malheurs » de Sophie mais de cette sensation indescriptible de bonheur d’avoir entre les mains ces livres qui avaient appartenu à ma tante et de me sentir dans une bulle rassurante. En grandissant j’ai eu de plus en plus de mal à retrouver cette sensation d’être hors du temps un livre entre les mains. Écrire est alors devenu le moyen de partir à la recherche de ses souvenirs. Devenir auteure c’est magique, c’est pouvoir construire et partager un imaginaire où se ressourcer.
Le sujet n’est pas des plus simples à traiter, as-tu rencontré des difficultés dans la réalisation de ce livre ?
Le sujet n’est pas simple, c’est vrai… Comment réussir à accepter l’éloignement de la personne qu’on aime ? Quels mots pour aider à comprendre l’incompréhensible, pour que chacun puisse s’y retrouver ? Comment personnifier la maladie ? Quel nom lui donner ? Bizarrement c’est le jour où j’ai arrêté de me poser toutes ces questions que les réponses me sont apparues comme par magie ! Alors ma plus grande difficulté c’est je dirais de ne pas avoir peur de ce que j’écris et d’avoir confiance en moi.
Pourquoi avoir choisi de développer ton histoire autour de la maladie d’Alzheimer ?
C’est étudiante, en travaillant l’été en maison de retraite, que j’ai eu mon premier contact avec cette maladie. C’était surréaliste, je me souviens avoir été entraînée dans une valse par une mamie aux cheveux blancs fluo en pyjama, qui me répétait « danse maman danse » ! Par la suite, des proches ont été confrontés à l’annonce de cette maladie, aux aléas des souvenirs jusqu’à leur absence… Cette oscillation entre le plein et le vide, le farfelu et le silence m’ont donné envie d’écrire sur ce thème.
Tu as étudié à l’école Estienne et obtenu un diplôme des métiers d’art en reliure dorure. De quelle manière as-tu mis à profit cette expérience dans la réalisation de ton livre ?
Pendant mes années d’étude à l’école Estienne, j’ai appris à lire les images et découvrir leurs pouvoirs. La reliure c’est un dialogue avec l’écrit : en prendre son essence et le donner à voir au premier coup d’œil sans toutefois le plagier… Un vrai jeu d’équilibriste !
En tant qu’enseignante, comptes-tu faire étudier ton livre à tes élèves mais aussi le conseiller à tes collègues dans le même but ?
À vrai dire je ne me suis jamais posée cette question, tout simplement parce que je suis trop impliquée, c’est une part de moi cette histoire… J’ai honnêtement beaucoup de mal à parler de mon livre, je bute déjà sur cette interview et en particulier cette question 🙂 !
As-tu déjà un nouveau livre en cours de réalisation ou bien des projets dans tes cartons ?
J’ai deux histoires qui me tiennent à cœur dans un petit coin de ma tête. Je pars en transhumance cet été, j’aimerais profiter de cette expérience en pleine nature pour en coucher une ou deux sur le papier…
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 23 juin 2015.
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