Les projets de financement participatif pullulent sur le net mais il en est certains qui se démarquent des autres. Monsieur To adore dessiner des pin-up et il le fait très bien, l’idée de réaliser un sketchbook regroupant ses illustrations née. Lancée fin juin, la campagne rencontre un vif succès et ne cesse de battre des records (pour participer cliquez ICI). Alors que celle-ci se termine le 26 juillet, nous avons décidé d’aller à la rencontre de l’auteur.
Bonjour Monsieur To, vous êtes auteur de BD mais vous appréciez également de réaliser chaque jour une illustration et plus précisément sur le thème des pin-up. L’idée de créer un recueil de ces illustrations via un artbook s’est imposée d’elle-même ?
À la base, je faisais ça de manière totalement récréative. Il y a eu ensuite quelques commentaires et avis d’amis me suggérant d’en imprimer un recueil vu le petit succès d’estime. Comme je commence à réfléchir à démarrer une petite activité d’auto-édition, je me suis dit « pourquoi pas effectivement commencer par là ? »
Vous avez fait financer deux de vos précédemment albums sur la plateforme Ulule, en quoi cette expérience passée vous a été utile au moment de vous lancer avec ce nouveau projet ?
Pour l’estimation des coûts par exemple. Il est important de ne pas y aller trop de sa poche par excès de générosité mais il ne faut pas non plus être trop radin. Il y a aussi l’estimation du temps de la campagne, les 2 précédentes étaient peut-être un poil trop longues et sur la longueur c’est difficile à soutenir, on peut s’essouffler rapidement.
Au bout de 4 jours de campagne vous aviez déjà atteint l’objectif initial, depuis les objectifs ne cessent d’être atteint. Vous visez désormais la barre des 400%. Surpris par cet engouement croissant ?
Oui et non. Le thème de la pin-up ou plus généralement de la femme dénudée est un sujet simple à appréhender pour le public et fédérateur, principalement chez les hommes. Le succès croissant sur la page Facebook aurait pu être aussi un indicateur de cet engouement mais je me méfie naturellement de l’enthousiasme sur le net qui se traduit rarement par un soutien financier satisfaisant. Là-dessus j’ai beaucoup aimé me tromper. Il y a aussi l’aspect que mon dessin est très « grand public » avec ce semi-réalisme. Mes goûts sont assez représentatifs de ce qu’attend ce grand public en terme d’esthétisme, donc je tends naturellement à dessiner comme ça. Une anatomie à peu près correcte + un style à la croisée des genres (manga-franco-belge pour résumer) + le côté séduction un peu ingénue des filles, je pense que le cocktail était facile à boire. Après je ne suis clairement pas un nom connu, je ne peux pas jouer sur l’aspect fédérateur d’un collectif et je n’ai pas d’appui de grand auteur/illustrateur. Mon cercle proche n’est pas forcément le plus intéressé par cet aspect-là de mon travail donc j’ai misé directement sur mes réseaux, ce qui n’est pas très conseillé d’après les community managers d’Ulule.
Quel est votre secret pour réaliser une si belle campagne de crowdfunding ?
Dessiner des filles nues. Plus sérieusement, l’érotisme fait vendre. Sinon je n’ai pas de secret, j’y suis allé un peu comme ça. J’ai décidé de faire cette campagne de crowdfunding 10 jours avant qu’elle se lance le temps de rédiger, choisir les images et les contreparties, faire valider le tout par l’équipe d’Ulule, rectifier quelques trucs selon leurs conseils et zou. Avec le recul par contre, bien avant d’avoir décidé d’en faire un sketchbook, je prenais le temps de répondre aux gens qui se donnaient la peine de commenter sur la page ou d’envoyer des messages privés pour des conseils ou autres. Je crois que ça a permis de nouer une forme de relation de confiance. Il ne faut pas oublier non plus que c’est grâce aux ululeurs que le projet se fait donc il faut de la bonne carotte juteuse, leur en donner pour leur argent et donner envie de partager le projet par des promesses de contreparties supplémentaires si certains paliers sont atteints. Et puis il y a les sous-bocks. Je me suis rendu compte il y a peu sur la remarque d’une amie de l’aspect pratique et collection de l’objet. C’est tout con mais je pense qu’il y a pas mal de monde qui aime ça. Après je pense qu’il y a des erreurs que j’ai commises. Commencer une campagne sur le départ des vacances, alors que le budget est souvent bouclé, c’est pas très fin de ma part. Surtout en fin de mois. Pendant les soldes. Mais comme je l’ai dit, j’avais juste envie de lancer la campagne.
La collecte se termine le 26 juillet, jusqu’où pensez-vous aller ?
Vers l’infini et au-delà. Je n’en sais rien en fait, je suis déjà surpris d’avoir atteint le premier objectif aussi vite et encore plus les 200%. J’avais réfléchi en amont aux paliers supplémentaires si ça se présentait mais je ne comptais pas là-dessus.
Pas trop compliqué de trouver de nouvelles idées de contributions pour les nouveaux objectifs ?
Par chance, je dispose d’un « capital contreparties » 😀
Entre des cartes postales que j’avais illustrées et dont on m’a filé un lot en plus, le stock de BD que j’ai racheté, les croquis que je faisais, ça m’a permis de pouvoir proposer tout ça. Bon maintenant à 400 %, on atteint le seuil des idées, je n’ai jamais eu beaucoup d’imagination. Je vais y réfléchir, au rythme où ça va, il n’est pas impossible que ça dépasse 🙂
Le succès de votre collecte vous donne-t-elle des idées pour renouveler l’expérience avec un prochain artbook ?
Là encore, on m’a suggéré de mentionner sur le sketchbook qu’il s’agit du tome 1. Ce que je vais faire. Donc oui, je renouvellerai probablement l’expérience avec un prochain, peut-être avec une ligne directrice plus marquée histoire que ça ne soit pas redondant. Et probablement des BD vu que quelques-unes sont déjà bien entamées et à différents stades de confection.
Merci, Monsieur To, d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 15 juillet 2015.
Réagissez !
Pas de réponses à “Dans la bulle de… Monsieur To”