Le festival Quai des Bulles de Saint-Malo était l’occasion pour Giorgia Casetti et Eric Le Berre de dévoiler au public le premier album de leur série Océane et la Fée des Houles. Nous en avons profité pour aller leur poser quelques questions. Rencontre.
Bonjour Giorgia et Eric, tout d’abord j’aimerais savoir comment est née votre collaboration ?
Giorgia Casetti : Nous nous sommes rencontrés lors d’un festival au Luxembourg. On a découvert qu’on avait beaucoup de références communes, qu’on avait lu pas mal de BD en commun, que nous aimions les mêmes auteurs. On a gardé contact suite au festival et, quand Eric a vu mes dessins, il a eu l’idée de travailler avec moi. Au début, il m’avait proposé une histoire courte, je n’avais pas le temps car je cherchais un éditeur pour mon projet personnel mais du coup je n’avais jamais rien de concret. J’ai accepté sa proposition et finalement c’est devenu une histoire longue.
L’histoire d’Océane et la Fée des Houles tourne autour des fées, est-ce que c’est quelque chose qui t’intéressait à la base ?
GC : J’ai toujours aimé le fantastique, je pense que cela se voit dans mes dessins et cela a permis à Eric de faire le lien avec tout ce qui est imaginaire, magique, les animaux, les fées, etc. C’est venu assez naturellement, par contre j’ai dû étudier les bateaux et la ville de Saint-Malo. Pour le reste, j’ai nourri la recherche des personnages avec ce que j’avais déjà connu.
Tout ce qui est féerie en Bretagne est un peu l’identité même des éditions Guymic, cette série correspond à l’idée que l’on se fait de cette maison d’édition.
Eric Le Berre : Vu que tu abordes le sujet, au niveau de Guymic j’ai entamé la mise en place de collections. Du coup, c’est vrai que les contes et légendes c’est pile-poil dans ce que l’on voulait, Guy Michel et moi. En voyant le trait de Giorgia, j’ai tout de suite percuté parce que c’est ce que je voulais pour des histoires que j’avais en tête. C’était cohérent avec l’esprit de Guymic.
On reconnaît au premier coup d’œil l’école italienne en regardant les planches de Giorgia.
ELB : On reconnaît la patte italienne mais plus dans la mise en couleurs que dans le trait. Une référence que nous avions en commun, c’est le film d’animation Le Chant de la mer.
GC : C’est vrai que nous avions beaucoup de références communes dans l’animation. J’ai d’ailleurs travaillé dans le domaine et j’y reste très attachée, je pense qu’il y a beaucoup à s’inspirer de la narration et du character design. C’est quelque chose de magique et enrichissant, que ce soit pour la BD ou l’illustration. Je préfère les BD avec des personnages qui sont presque vivants comme dans l’animation plutôt que des BD qui jouent plus sur l’atmosphère et la narration. Je reste très attachée à l’animation car c’est une source d’inspiration pour mon travail de dessinatrice. Par contre, contrairement à l’animation où l’on doit aller à l’essentiel, j’aime beaucoup rentrer dans les détails.
ELB : J’aimerais rebondir sur la petite différence entre un auteur BD et un animateur. Aussi talentueux soit-il, ce dernier va s’atteler à un projet et passer à un autre. En BD et plus particulièrement ici avec Giorgia, on est vraiment dans un travail d’auteur dans le sens où elle a été chercher les détails, elle a « bidouillé » des bouts de scénario que je lui avais envoyé.
Votre série est prévue en combien de tomes ?
ELB : J’ai fait un découpage de l’histoire pour trois tomes. Si le tome 1 se déroule du côté de Saint-Malo, pour le tome 2 on va plutôt se diriger vers Brocéliande. Le but du jeu est de créer des liens entre les contes et légendes et je pense que l’on a un angle d’attaque qui permet de faire fonctionner tout ça. Ce qui est intéressant est que c’est de la féerie d’aujourd’hui.
GC : Ce qui me plaît aussi avec cette série, c’est que l’on se déplace et que niveau décor cela permet de varier les plaisirs. Cela me permet de découvrir des endroits magnifiques et je trouve cela enrichissant.
Le tome 1 de la série est sorti pour le festival Quai des Bulles mais le tirage de tête était disponible avant.
ELB : Il s’agissait d’un tirage vraiment limité. En voyant les pages de Giorgia arriver avec Guy Michel, je lui ai proposé de sortir un tirage en bleu. Guy a accepté tout de suite de réaliser cet ouvrage tout en bleu avec le dos toilé et les recherches à la fin, cela nous semblait une bonne idée. Ce qui est marrant à voir c’est que les planches en bleu attirent aussi un lectorat jeune alors qu’à la base on pourrait se dire que ça serait plutôt un ouvrage réservé aux collectionneurs.
Giorgia, tu es installée en France depuis plus de six ans, est-ce que cette expérience t’a enrichie professionnellement parlant ?
GC : Quitter l’Italie a été une étape très importante, je ne me voyais aller nulle part ailleurs qu’à Paris. Je trouve que Paris te permet de connaître vraiment tout ce que l’édition propose. J’en ai profité pour découvrir les librairies, les galeries célèbres et les vernissages d’expositions. Je suis rentrée dans le milieu de la BD grâce à Luigi Critone qui m’avait confié la mise en couleurs de l’une de ses séries et j’ai pu me faire connaître par bon nombre d’auteurs à Paris grâce à cela. Cette expérience m’a complètement ouvert l’esprit parce qu’en Italie on a tendance à ne pas s’ouvrir aux autres cultures. Ce qui me plaît à Paris est qu’on retrouve de tout, il y a la Chine, le Japon, les auteurs du Nord qui arrivent… Je continue ma découverte depuis que je suis installée en résidence à la maison des auteurs à Angoulême. La ville étant plus petite qu’à Paris, cela nous permet d’échanger beaucoup plus entre auteurs.
Merci beaucoup à vous deux !
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 13 octobre 2018.
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