Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir Sti, un auteur à la fois talentueux et ambitieux qui se fixe bon nombre d’objectifs et qui les atteint irrémédiablement un jour ou l’autre. Si vous le cherchez sur un festival, vous ne pourrez pas le rater, il arbore son inusable sourire et accueille ses lecteurs avec une gentillesse non feinte. Rencontre.
Bonjour Sti, depuis quelques années tu multiplies les albums en librairie tel un magicien. Quelle est ta recette ?
Je n’ai pas vraiment de recette, par contre je pense que j’ai une imagination assez débordante. Je n’ai pas le temps de dessiner moi-même tout ce que j’ai envie de réaliser, du coup je me suis dit pourquoi pas bosser avec plusieurs dessinateurs afin de développer tout ce que j’ai dans la tête et ne pas me sentir frustré par plein d’idées par manque de temps. Actuellement j’ai une petite dizaine de séries en cours.
D’ailleurs tu te consacres désormais complètement à ton métier d’auteur, chose qui n’était pas le cas lorsque tu t’es lancé avec la série Les Rabbit en 2008.
Effectivement, lors de mes deux-trois premiers albums, je bossais sur mes planches la nuit après ma journée de boulot (NDLR : Sti était informaticien). Je m’occupais de ma famille et ensuite je bossais sur ma BD de 22h jusqu’à 3h du matin, puis debout dès 7h pour retourner travailler. C’est devenu trop dur de gérer mes deux carrières de front et, vu que les premiers succès arrivaient, j’ai pu réduire progressivement mes horaires de boulot d’informaticien pour finalement complètement arrêter et me consacrer à 100% à la BD. Je réalise un rêve de gosse.
Y a-t-il un album ou une série en particulier dont tu es le plus fier ?
C’est toujours difficile de répondre à ce type de question, c’est un peu comme si on me demandait de choisir lequel de mes enfants je préfère. Après, forcément, ceux qui me marqueront le plus, ce sont le premier album (T1 des Rabbit) qui m’a mis le pied à l’étrier et puis le dernier paru parce qu’au fur et à mesure des années j’ai appris à maîtriser certaines techniques de dessin mais également au niveau du scénario. Le dernier album réalisé est toujours le plus abouti de tous ceux que j’ai pu faire jusqu’à maintenant. J’ai du mal à regarder en face mon premier album de par ses maladresses mais j’en reste malgré tout fier. Donc l’album dont je vais être le plus fier prochainement, ce sera L’Île carrément perdue, la série que je fais dans Spirou avec Luc Cromheecke et qui sortira aux éditions Paquet au mois de mars.
L’humour est un élément essentiel dans tes albums. Penses-tu un jour écrire une histoire un tant soit peu sérieuse ?
J’ai essayé. J’avais essayé de raconter la vie de quelqu’un et au bout de deux pages je me suis dit que je n’allais pas y arriver et que je risquais de rapidement m’ennuyer car ce que j’aime c’est faire rigoler les lecteurs. Je ne lis quasiment que de la BD d’humour donc forcément c’est mon univers. Je ne me vois pas faire autre chose, je ne pense pas que ça arrivera un jour mais on ne sait pas de quoi est fait l’avenir…
Quand tu écris des gags, les testes-tu sur tes proches afin de les valider ?
Oui, j’ai un comité de lecture restreint, je teste sur ma famille et mes copains auteurs, je pense par exemple à Mic avec qui je travaille sur la série Michel chien fidèle. J’envoie également mes gags à mon éditeur mais c’est bien entendu un passage obligé. En ce qui concerne mes séries dans les magazines, j’envoie mes storyboards aux rédac chef auparavant, Frédéric Niffle pour Spirou et Dominique Latil et Christophe Arleston pour le Lanfeust Mag qui valident ou non le gag avant d’aller plus loin.
Tu es publié dans le Journal de Mickey ainsi que dans Spirou. Qu’est-ce que cela représente pour toi ? Etais-tu d’ailleurs lecteur de ces magazines ?
J’ai été abonné à Picsou Magazine et à Spirou de 11 à 20 ans mais je lisais aussi Pif Poche dans ma jeunesse, d’ailleurs ce titre me manque beaucoup. Travailler pour ces trois magazines était mon but à la base quand j’ai commencé à faire de la BD. Le fait de travailler avec d’autres auteurs dans une rédaction, je trouve ça génial, même si maintenant tout se fait à distance. C’est donc un rêve de gosse qui se réalise.
Marathonien des planches de BD, tu l’es également sur route. Comment concilies-tu tes deux passions ?
C’est compliqué aujourd’hui de pouvoir faire les deux parce qu’à l’époque où je bossais dans l’informatique, nous avions une bande de coureurs, du coup tous les midis nous allions courir ensemble sans oublier les week-ends où nous faisions de plus longues distances. Aujourd’hui, le fait de bosser seul chez moi n’aide pas à me motiver pour sortir courir et les week-ends où je faisais mes sorties longues sont aujourd’hui remplacés par les festivals de BD où je viens dédicacer. Je continue malgré tout à courir un peu mais mes performances en ont pris un coup et je n’ai plus vraiment d’espoir de battre mon record à l’avenir. Cela ne m’empêche pas de m’être inscrit à un 100km, j’essaye de m’entretenir un peu…
Quel est ton programme pour 2014 ?
J’ai eu une année 2013 assez light du fait que je préparais bon nombre de projets pour 2014. Les tomes 1 et 2 de L’Île carrément perdue devraient sortir cette année avec quelques mois d’écart, les deux tomes étant déjà faits. J’ai bouclé récemment le scénario du tome 4 de Michel chien fidèle, il y aura également le second tome de La Ferme sur lequel je bosse seul mais je suis en retard sur mes planches. On retrouvera à la rentrée le tome 2 de Ze Jacky Touch avec Pau. Au niveau des nouveaux projets, je vais enchaîner avec le 2ème tome de La Fin du monde que je commencerais dès que j’aurais fini mon travail sur La Ferme. Un beau programme en perspective.
Pour conclure, y a-t-il une question que tu aimerais que l’on te pose mais qu’on ne te pose jamais ?
On ne me demande jamais quelle série existante j’aimerais reprendre, pour un one-shot ou pour une plus longue période. En fait il n’y en aurait pas une mais deux. Il y a tout d’abord Spirou que j’apprécie particulièrement, d’ailleurs nous avions, mon copain Luc Cromheecke et moi, réalisé quatre pages pour le numéro spécial 75 ans du magazine Spirou. Je rêverais de faire un album complet autour de ce personnage. Pour la seconde reprise, ce serait un album de Bob et Bobette qui est la série phare en Flandre et aux Pays-Bas. J’aimerais également faire cet album avec Luc Cromheecke qui est aussi un grand fan. A suivre…
Merci à toi d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 30 janvier 2014
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