Dans la bulle de… Turf

Par | le 15 janvier 2018 |

Le créateur de la mythique série La nef des fous (Si vous vous posez la question, c’est également le nom d’une célèbre oeuvre du peintre néerlandais Jérôme Bosch !) était présent à Quai des Bulles 2017. Quel plaisir pour votre serviteur d’interviewer Turf (Prononcez Teurf et non Tûrf !) pour échanger autour du nouveau tome de l’univers, le huitième pour être précis (Disparition), qui est paru huit ans après les révélations « finales » de Terminus. Attention, un petit vent de folie se lève sur la cité malouine !

La nef des fous #8 – Page 5 © Delcourt/Turf

Bonjour Turf. La première question qui me brûle les lèvres est la suivante : Pourquoi un nouveau tome de La nef des fous alors que tu en as livré la conclusion avec Terminus, il y a de cela huit ans ? Ce qui est une belle surprise pour les fans soit dit en passant ! Était-ce prévu ou est-ce parce que tes personnages te manquaient ?

Bonjour. En fait quand j’ai écrit le texte de conclusion de la dernière page de Terminus, j’avais envie de le dessiner. Je raconte que Baltimore a quitté la police et a ouvert une boutique de matelas, de sommiers et de coussins. Et ça, j’avais envie de le dessiner. Lorsque j’ai dessiné d’autres couvertures du tome sept, donc la fin, j’ai fait Arthur et Chlorenthe, les personnages principaux, en Prince et Princesse. Chose que je n’avais jamais faite dans toute la série. Je me suis dit : « Ha ! C’est dommage ! Il faudra qu’un jour je fasse ça ! » Donc ça a trainé. J’avais cela sous le coude. Et à cette époque-là, j’avais tellement envie de raconter Magasin sexuel, cette histoire qui trainait depuis trois ans, que je l’ai d’abord faite puis Le voyage improbable. Puis, le retour de La nef des fous.

Ce qui est assez extraordinaire, c’est le fait qu’après deux tomes du Magasin sexuel et deux autres de Le voyage improbable, l’ensemble n’a pas pris une ride et que l’on retrouve intacts l‘onirisme et l’humour qui avaient séduit tant de lecteurs. Comme si on avait quitté l’univers depuis quelques mois, quelques heures.

Oui, mais cela n’a pas été aussi évident pour moi. Il a fallu que je fasse la première planche qui a duré onze jours pour le noir et blanc, dix-sept avec les couleurs ! Donc au bout de onze jours, j’étais à nouveau dans l’univers. Mais, il m’a quand même fallu ce temps-là de réadaptation ! À partir du moment où j’ai commencé à faire des petites machines rigolotes, des petits véhicules improbables, j’étais à nouveau dans La nef des fous. Il n’y avait plus qu’à écrire les dialogues qui allaient avec.

Magasin sexuel #1 © Delcourt/Turf

Tu as dit que tu voulais dessiner, raconter Magasin sexuel et Le voyage improbable après La nef des fous. Tu avais envie de changer d’air, de quitter cet univers et de passer à autre choses ?

J’étais arrivé à la fin de l’histoire. J’avais signé chez Guy Delcourt vingt ans auparavant. Donc, j’étais au point final de ce projet-là. Normalement à la base, c’était un double album, une histoire de quatre-vingt-dix pages que j’ai faite en sept albums finalement. Et en fait comme j’avais Magasin sexuel en tête depuis trois ans, j’avais vraiment envie de raconter cette histoire de sex-shop ambulant. Donc, il fallait que j’arrête la Nef pour pouvoir faire ça. J’ai essayé dans le passé de faire deux séries en même temps et je n’y suis pas arrivé. J’ai commencé Gribouillis et au bout d’un certain temps, j’ai mis la Nef de côté pour faire Gribouillis que je voulais vraiment raconter aussi. Comme ce ne sont pas les mêmes personnages, tu ne les fais pas vivre de la même façon. Enfin, je me mets dans une sorte d’ambiance, une bulle Gribouillis, une bulle Nef des fous, et j’essaye de ne pas trop en sortir.

Alors dans ce nouvel album, on a enfin le nom du Sergent : Bonvoisin ! J’ai quand même vérifié dans tous les tomes pour être sûr du fait et ne pas dire de bêtise. En référence à Bernie Bonvoisin ?

Oui. En fait, c’est difficile de donner un nom à un personnage. Sauf quand il l’on depuis le début. Moi, je voulais que le Sergent reste anonyme, qu’il s’appelle Le Sergent et qu’on ne voit jamais ses yeux. On voit ses yeux seulement lors de sa première apparition dans La nef des fous et après, j’ai arrêté. Et lui donner un nom… Le nom, c’est son caractère, c’est toute une histoire. Et celui-là n’a pas été évident à trouver. Et puis d’un coup, je me suis dit : « Pourquoi pas Bonvoisin comme Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust ? » En plus, ça sonnait bien.

Turf – Quai des Bulles 2017 © La Ribambulle

Et cela fait un bel hommage !

Oui. C’est pareil pour le nouveau flic qui apparait. Il s’appelle l’inspecteur Roussin. Ce n’est pas évident de trouver un nom de flic !

Hommage à Simon Roussin ? (Rires)

Non ! Comme la rousse, les flics quoi !

En ce qui concerne la construction de la trame scénaristique, tu as fait quelque chose de différent. Tu utilises des flashbacks régressifs, ce qui change des autres albums. Pourquoi ce choix ?

Oui, tout à fait ! Et cela a été très dur. J’ai eu du mal. Parce qu’en fait, je n’écris pas à l’avance. Sur les séries précédentes Magasin sexuel et Le voyage improbable, c’était écrit et je savais où j’allais, d’un point A à un point B. Mais pour La nef des fous, je préfère travailler de manière improvisée. Avoir un début, une fin et puis choisir tous les chemins possibles pour pouvoir y arriver. Et donc là, je commence par raconter la fin ou le milieu de l’histoire plutôt ! Et ce n’était pas du tout évident parce que je ne savais pas du tout comment cela allait se passer après. Donc, j’écrivais des petits bouts et je n’étais pas sûr. Et puis, je revenais en arrière. J’ai plutôt galéré. Mais bon, je m’en suis plutôt bien sorti. J’aimais le fait de dire : « Je vais vous raconter une histoire mais ce n’est pas comme cela qu’elle a commencé, c’est plutôt comme ça ! Ha, mais j’ai oublié de vous dire que ça a plutôt commencé comme cela !» J’aimais bien cette idée-là. Mais surtout, cela amène quelque part. « Il y aura une fin au bout. Je voulais vous raconter ça non pas pour l’histoire que vous êtes en train de lire, mais pour autre chose ! »

La nef des fous #8 © Delcourt/Turf

Qu’as-tu prévu pour la suite ? Un nouveau cycle long de sept albums ou des diptyques qui s’inscrivent dans l’univers ubuesque eauxfollois ?

Normalement, c’est un triptyque. Normalement ! Il faut faire gaffe ! (Rires) Je ne tiens pas mes promesses ! (Rires) Peut-être quatre ? Vu que j’ai quand-même rajouté pas mal d’éléments. Il y a trois enquêtes : la disparition de la Reine, les dindes folles et les coloquintes.

Ha ! Les fameuses coloquintes qui reviennent !

Oui. Les pauvres gardes ont trois enquêtes en cours. En plus, il y a un autre policier qui fait son enquête de son côté. Cela fait donc beaucoup de personnages à mettre en situation. Et au plus tu as de personnages et moins tu as de place pour eux à chaque album. Je ne suis pas inquiet. S’il faut que je mette encore dix ans pour raconter tout ça, je mettrais dix ans ! Voilà ! Moi, je m’amuse avec mes personnages. Et, je préfère perdre cinq pages pour ne rien raconter mais faire des pages impressionnantes en découpage, plutôt qu’à tout prix tout resserrer, pour faire un bel album. Le scénario sera toujours là ! Mais, j’attends toujours de trouver la bonne idée, le truc qu’on ne voit pas dans les autres BD. Et c’est pour cela en partie que c’est improvisé. Parce que j’attends la bonne idée, qui va arriver et qui arrive forcément un matin ou l’autre, et que je vais essayer à tout prix d’intégrer dans mon histoire.

Dans tes planches, il y a toujours des cadrages incroyables et des découpages avec des cases assez longues et fines où on ne voit que les lunettes ou les regards.

J’aime bien jouer avec ce genre de trucs, les mises en page, essayer de ne pas faire une page qui ressemble à la page précédente. Essayer de m’étonner moi-même à chaque fois que je fais une page. Comme cela, j’espère aussi étonner mes lecteurs !

La nef des fous #3 – Cases © Delcourt/Turf

Tu abordes également des thèmes sociétaux bien contemporains lors, notamment, de la dispute entre Chlorenthe et Ophélie, sur les diktats de la mode, alors que tu ne le faisais pas précédemment dans la série ? Est-ce une influence de Magasin sexuel et Le voyage improbable ?

Oui, oui. Ce sont des petits à côtés. C’est en plus de l’histoire. Pour les disputes entre filles, il faut bien un sujet. Mais à part cela, j’ai l’impression de toujours avoir travaillé comme ça. De toute façon, La nef des fous a toujours été une critique de la société ou, en tout cas, du pouvoir. C’est une grosse moquerie du pouvoir. À partir du moment où le Roi met un tee-shirt à pois, le pouvoir est maltraité ! (Rires)

La nef des fous #7 © Delcourt/Turf

As-tu des sources d’inspirations particulières qui te permettent de développer toutes tes histoires ou tu es sur du 100% création ?

C’est du 100% création. J’évite, justement, d’être inspiré par quelque chose. Autrement, ce n’est plus mon boulot. La nef des fous, j’aurais pu la faire enfermé dans une pièce pratiquement. Écrire ça et même dessiner ça, sans documentation, sans rien. C’est ce que je revendique. Cela m’énerve toujours quand… par exemple pour la couverture du tome sept, le robot, un jour quelqu’un est venu me dire : « Ha ! Mais vous avez copié sur un auteur japonais !! » Non, parce que je n’ai pas une culture manga. Et dernièrement sur Facebook en effet, j’ai vu que c’était Otomo qui avait fait une affiche avec un robot à qui il manque la moitié du visage et où l’on voit l’intérieur. Et on voit donc que c’est un robot. Vue de face. Mais je n’ai pas copié ce dessin car cela ne m’aurait pas intéressé. Surtout que pour une couverture, moi, j’en propose plusieurs à l’éditeur. Et, c’est lui qui choisit parmi celles que j’ai proposées.

Donc si elle a été choisie, c’est qu’elle convenait parfaitement…

Et comme tu viens de le dire, elle convenait parfaitement à cet album-là ! C’était la solution, l’explication de La nef des fous.

Illustration définitive de la couverture de La nef des fous #8 © Delcourt/Turf

Tu utilises toujours tes techniques habituelles : encrage au rotring, collages, aquarelles, etc…. Toujours pas d’informatique pour ton dessin ?

Alors, il y a un peu de travail avec Photoshop pour remplir les affiches maintenant. Autrefois, je m’amusais à tracer en perspective les lettres. Mais, c’est trop de boulot. Deux heures ou trois heures pour un bout d’affiche de trois centimètres. Maintenant, je fais les affiches en plus grand. La typographie et la déformation sont faites par ordinateur et ensuite, j’intègre ça à mon image. Mais cela ne représente rien par rapport à l’ensemble. C’est après les cinquante heures de travail qu’il y a déjà sur la page. C’est du plus quoi ! En fait, c’est bien, c’est pratique mais c’est moins chouette que quand c’était fait à la main. Cependant faire les petites lettres en perspective à la main, et plusieurs fois de suite sinon on voit toujours la même affiche, c’est un peu dingue !

En plus, on peut voir lors des séances de dédicaces le rendu qui est toujours magique. Car tu fais toujours une mise en couleurs comme dans tes albums.

C’est marrant de prendre un pinceau et d’arriver à sortir quelque chose. Moi, j’aime bien le challenge. Prendre une grande feuille blanche… Par exemple mes couvertures mesurent 50 centimètres par 70, ce qui est quand même assez grand. Et puis tu y vas et tu te bats contre le papier des fois. La couverture du tome huit, celui qui vient de sortir, est passée deux fois sous la douche parce que ça séchait trop vite. J’ai mis des couleurs, ça séchait trop vite et ce n’était pas beau. Et hop, je monte à l’étage pour passer tout le dessin sous la douche pour enlever la couleur. Hop, je redescends, le papier gondole, je remets des couleurs. Ça rate à nouveau ! Je remonte vite à l’étage…. Pfffff !!! En fait sur le premier coup, je voulais faire le ciel tellement foncé et j’avais tellement mis de couleur que le pigment bleu devenait rose métallisée. (Rires) Tellement il y avait de pigments et tellement j’avais saturé ! Je ne pouvais pas laisser ça en l’état bien sûr et il a fallu recommencer. Avec une crainte, c’est qu’à la fin tu abîmes le papier tellement tu le mouilles. Et après, tu es obligé de refaire le noir et blanc. Et tu n’es pas sûr de réussir le dessin quand tu le refais une deuxième fois.

Turf – Quai des Bulles 2017 © La Ribambulle

Je suppose que tu travailles déjà sur le neuvième tome de La nef des fous ?

Oui. J’ai démarré assez vite mais ça a été ralenti par la tournée de dédicaces qui me prend tous mes week-ends. Et quand tu rentres chez toi, il ne te reste que quatre jours. Un jour pour remplir la feuille d’impôts, un jour pour faire les courses et après, deux jours pour faire vite fait une case… que tu espères réussir, c’est un peu juste.

Je sors un peu de La nef pour te poser une question en ce qui concerne Magasin sexuel. Malgré le succès fou de La nef, pourquoi le tirage de cette nouvelle série a-t-il été aussi faible ? D’autant plus que le fond est vite parti et que les éditions Delcourt ont dû rééditer le tome un !

En fait, il y a une explication. C’est que l’éditeur ne tire qu’en fonction des demandes des libraires. Si les libraires n’en veulent pas beaucoup, l’éditeur tire un peu plus que ce que veulent les libraires. Là, ce que l’équipe éditoriale a voulu faire, c’était de créer une sorte de manque. Imprimer juste ce que voulaient les libraires. C’est-à-dire que dès qu’il est épuisé et que tout le monde le veux, l’album est introuvable et on pourra peut-être l’acheter après. Ils l’ont réimprimé plus d’un mois et demi après et les libraires étaient passé à d’autres séries. Et les gens aussi. Moi, j’ai annulé des dédicaces. Les libraires me disaient qu’ils en avaient pris une vingtaine et qu’ils n’en avaient plus ! « Je ne peux pas venir ! Il fallait en prendre quarante et pas vingt ! » (Rires) C’est passé à la télé au Magazine de la santé sur Canal Plus et le bouquin n’était pas en librairie. C’était une erreur tactique de mon éditeur. Est-ce que cela aurait mieux marché s’il y en avait eu plus ? Je ne sais pas ! Beaucoup de mes lecteurs ont boudé ça. Par contre, j’ai touché un autre public qui n’aimait pas La nef des fous, qui connaissait mais qui n‘avait pas envie de lire ça. C’est un peu étrange. Par contre, j’en en croise encore qui aiment tout ce que je sors. Heureusement !

Le voyage improbable – Intégrale © Delcourt/Turf

En ce qui concerne Le voyage improbable, j’aimerais savoir si c’est toi qui a choisi ce format allongé si particulier pour l’intégrale et pourquoi ?

C’est moi, oui ! J’ai l’ai plus que choisi, c’est moi qui l’aie trouvé ! Je l’ai inventé ! Je cherchais une idée pour un tirage de luxe et j’ai eu l’idée de superposer les planches l’une sur l’autre pour faire un long tirage en forme phare. C’était la première idée. Et je me suis dit que j’en ferai un tirage de luxe chez Forbidden Zone, un libraire belge qui me suit depuis le début. Mais, faire un tel travail pour deux-cent lecteurs… Je me suis dit que j’allais peut-être aussi le proposer à Delcourt. Et en Janvier il y a deux ans, j’ai montré une maquette au format du bouquin et la maison d’édition a dit : « Ok ! On le fait. » Sauf qu’ils m’ont dit ensuite: « Ok, on va réfléchir plutôt ! » Et quatre mois plus tard, on m’a dit : « Ha ! Le bouquin, il faut que tu fasses vite le montage car on imprime à la fin du mois ! » Et moi, je comptais rajouter des pages supplémentaires, jouer avec le format…

Comme tu le fais avec tous les tirages spéciaux de tes séries…

Oui. Mais là, j’ai juste eu le temps de faire la couverture, des cases supplémentaires pour pouvoir bien bricoler mon truc pour que tout fonctionne et faire tout le montage de l’album. Et deux fois car au début je l’ai fait en RVB (Rouge Vert Bleu) au lieu de le faire en CMJN (Cyan Magenta Jaune Noir). (Rires) Ça, c’est quand j’ai fini le truc qu’ils m’ont dit : « Tu ne l’as pas fait sous le bon format ! » Du coup, j’ai dû tout refaire. Mais je savais ce qu’il fallait faire par contre ! (Rires)

La nef des fous #2 – Tirage de luxe Triangle Rouge – Cases Page 3 © Delcourt/Turf

Justement, ce goût que tu as de rajouter dans les tirages de luxe des pliages, de collages, de vraies fausses photos, de faux télégrammes… cela te vient d’où ?

Je ne sais pas d’où il vient mais mon regret c’est d’être arrivé trop tard ! J’aurais fait cela dix ou quinze ans avant… entre-temps, l’ordinateur est arrivé ! Là, on se serait demandé : « Mais comment il a fait ça ? » Les gens croient que c’est fait par ordinateur. Dans Le petit Roi quand on voit des pâtes alimentaires dans les cases, on croit que c’est une image Photoshop. Et bien non ! J’ai réellement collé des pâtes alimentaires sur mes planches ! Et des ampoules, des bouts de bois, des feuilles d’arbre…

Dans le tirage de luxe de Pluvior 627 (La nef des fous #2), il y a même un véritable pliage de bateau en papier collé dans une case !

Oui, cela fait un relief ! Une fois, j’ai même cousu sur une page pour faire la reliure d’un livre. Oui, j’aime bien faire ce que les autres ne font pas ! Après, il faut trouver les idées et ce n’est pas évident. Tu vois, coller un bout de bois sur une planche, il faut que cela serve à quelque chose. Surtout quand tu colles au fer à repasser ! (Rires) Il faut l’intégrer à l’histoire. J’ai quelques idées d’avance. Des fois, les idées ne peuvent pas servir au bouquin. Donc, j’attends et elles finissent par servir pour la série suivante. Des fois, cela ne sert pas et d’autres fois, j’oublie même les idées. (Rires)

Il faut les noter !

Non ! Justement, c’est mieux quand ça reste dans la tête ! C’est mieux parce que tu as une part d’improvisation. C’est pareil pour les dialogues, je ne note pas toujours. Je préfère attaquer et tant pis si ça ne vient pas !

Il faut dire que les dialogues de tes séries sont toujours truculents !

(Rires) Ça j’en parle assez peu souvent. En fait, on aborde toujours les choses par le biais du dessin, la mise en page, tout ça. Mais moi, la partie la plus importante, c’est de faire vivre mes personnages par le dialogue. Et leur faire dire des trucs incompréhensibles ou des méchancetés incroyables. Le maire de Magasin sexuel, c’était un régal ! Il est pourri, de droite même d’extrême droite on va dire, raciste… il a tous les défauts de la planète mais, la façon dont il dit les choses fait qu’on l’aime bien quand même ! Un gros pourri misogyne !! (Rires) Et tu te dis, avec un personnage de cet extrémisme, que si tu dis ça dans la vraie vie, tu vas te faire huer. Le faire dire à l’autre, par lui, c’est différent. Il faut vraiment écrire des dialogues comme si les personnages étaient un peu à côté de la plaque. Ou alors les disputes mère/fille, c’est pas mal aussi ! Surtout que j’ai du vécu ! (Rires) J’en ai entendues ! (Rires)

Magasin sexuel #2 – Cases page 8 © Delcourt/Turf

Merci Turf d’avoir répondu à mes questions. Tu nous as régalés !

Merci à toi.

Propos recueillis par Stéphane Girardot.

Interview réalisée le 28 octobre 2017

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Description de l'auteur

Stéphane Girardot

Département : Bouches-du-Rhône / Séries préférées : Capricorne, Alter Ego, La Quête de l’Oiseau du Temps, L’Épée de cristal, Aquablue, Le Chant des Stryges, City Hall, Lastman, Sisco, END, Sky Doll, Rapaces, De capes et de crocs, La Nef des fous… / Auteurs préférés : Andreas, Régis Loisel, Barbara Canepa, Serge Le Tendre, Olivier Vatine, Mathieu Reynès, Matéo Guerrero, Turf… / J’aime aussi : ma famille, le cinéma, la cuisine vietnamienne, le tatouage et la boisson typique du Sud (devinez laquelle !).

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