Alors que l’édition 2016 du Vendée Globe débute dans quelques jours, nous avons l’occasion d’aller à la rencontre de Polpino. Quel rapport ? Le second tome de la série Alban Dmerlu a pour thème la célèbre course vendéenne. Rencontre.
Avant de conquérir les rayons des librairies de l’hexagone, Alban Dmerlu s’est d’abord fait connaître de façon locale. Pouvez-vous nous raconter les débuts de votre série ?
J’ai créé ce personnage il y a vingt-et-un ans maintenant dans le but de l’utiliser dans la presse locale. J’en suis aujourd’hui à plus de mille strips noir et blanc sur l’actualité de la semaine dans le Journal des Sables. Le personnage d’Alban Dmerlu est devenu très populaire auprès du lectorat du journal et on me disait souvent qu’il avait le potentiel pour faire autre chose. Cela me trottait d’ailleurs dans la tête d’en faire une vraie bande dessinée en se détachant de l’actualité pour qu’il puisse être lu par tout le monde. Le premier tome est sorti en juillet 2014 et près de 4000 exemplaires ont été vendus rien que dans la région vendéenne ce qui constitue déjà un beau succès, maintenant il faut exporter le personnage pour pouvoir toucher encore plus de monde.
Avez-vous rencontré des difficultés à passer de strips à des gags en une planche ?
Non, pour moi l’exercice est exactement le même sauf que j’ai un peu plus de place. Dans le strip c’est un exercice où il faut être très concis et efficace en trois cases. Parfois on a des idées qui ne tiennent pas dans cet espace donc on est obligé d’abandonner ou de modifier, là avec les planches de gags j’ai un peu plus d’espace et cela me permet d’avoir plus de liberté dans l’écriture. Malgré tout, que ce soit des strips ou des gags en une planche, j’aime rester sur des histoires courtes.
Gags en une planche mais continuité dans le récit malgré tout dans le tome 2 qui vient de paraître.
En effet, dans cet album il y a une vraie continuité et j’ai pris un plaisir différent à l’écriture par rapport au tome 1 où ce sont plutôt des gags en « vrac » puisque l’ordre a été décidé après la réalisation des planches. Le sujet qui était les vacances aux Sables d’Olonne s’y prêtait puisque toutes les situations présentes dans cet album peuvent être vécues dans n’importe quel sens chronologique, aller à la plage ou faire un barbecue. J’ai une préférence pour le second tome car plus j’avance dans l’écriture de cette série et plus je ressens une évolution dans mon travail qui me plaît. En espérant que ce sentiment perdure sur les prochains tomes.
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez appelé votre personnage principal ainsi ?
J’avais envie, quand j’ai créé ce personnage, de lui donner un nom à jeu de mots dans le même esprit qu’un personnage tel que Pat Hibulaire qui a bercé mon enfance. Il fallait que cela ait un rapport avec la mer bien entendu, Alban a failli s’appeler Dsardine mais ce poisson est plutôt la spécialité de Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui est située à une trentaine de kilomètres des Sables d’Olonne. Mon choix s’est finalement arrêté sur le merlu.
Si Alban Demerlu avait un trait de caractère en commun avec vous, ce serait lequel ?
Il paraît que je suis un peu râleur au même titre qu’Alban. Je suis ce qu’on appelle un râleur au grand cœur, je suis souvent un petit peu en colère. Une personne mal garée ça m’énerve par exemple. Au-delà de ça Alban Dmerlu aime les animaux, il possède d’ailleurs un chien, je suis moi-même assez proche des animaux et de la nature en général.
Pour ce second tome vous avez choisi d’aborder un thème d’actualité puisque le Vendée Globe débute tout bientôt. Vous serez présent pour le départ de cette course ?
Bien sûr, il y a ce que l’on appelle le village du Vendée Globe et j’y ai déjà réalisé quelques séances de dédicaces. J’en ferais d’autres d’ici le début de la course, on ne peut pas passer à côté d’un événement tel que le Vendée Globe. Cela fait maintenant deux ans que j’ai cette course dans la tête et que j’ai prévu cet album-là avec mon éditeur. Ce second tome aborde ce thème dans le but d’aller vers une diffusion nationale de la série et donc un public plus large. Il y a des millions de personnes qui passent aux Sables d’Olonne en ce moment, c’est donc le moment d’en profiter.
Après la saison estivale et le Vendée Globe, de quelle manière comptez-vous mettre en scène ce personnage aussi bougon qu’attachant ?
J’ai envie d’enrichir l’univers de mon personnage, jusque-là il a un univers très réduit, on sait qu’il est marin-pêcheur à la retraite, qu’il a une femme, un copain et un chien mais on ne sait pas grand-chose d’autre. Je n’ai jamais pris le temps d’enrichir son univers, on ne sait pas s’il a des enfants, un frère ou une sœur, des commerçants préférés. Il reste plein de choses à créer autour d’Alban Dmerlu et c’est à cela que je vais m’atteler désormais. Il va sûrement partir un petit peu et on va peut-être justement découvrir une partie de sa famille que l’on ne connaissait pas jusque-là.
D’autres projets BD dans les tuyaux ?
Je continue le dessin de presse car, outre mon travail sur Alban Dmerlu pour le Journal des Sables, je collabore avec trois autres journaux locaux avec des personnages qui leur sont propres. En parallèle au dessin de presse, voilà bientôt deux ans que j’ai une planche publiée tous les mois dans le magazine Psikopat, je n’ai pas de personnage récurrent, j’y traite le thème du mois. Je consacre beaucoup de temps à Alban Dmerlu et à ces travaux pour la presse et je n’ai donc pas le temps de penser à d’autres projets BD dans l’immédiat. Il y a pourtant un scénariste qui insiste pour travailler avec moi, son idée m’intéresse mais je lui demande d’être patient car je n’ai pas le temps de m’en occuper pour le moment. Cela m’intéresserait de changer d’univers entre deux albums d’Alban Dmerlu et cela me permettrait de souffler de ne pas avoir à m’occuper du scénario sur ce projet.
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 28 octobre 2016.
Fiche du tome 2 : lien
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