Pour leur première collaboration, Ingrid Chabbert et Cédrick Le Bihan ont concocté un savant mélange pour donner vie à une série jeunesse originale. Nous avons souhaité en savoir plus sur la naissance de la série Lulu et son dragon. Rencontre.
Pouvez-vous nous raconter votre rencontre et la naissance de votre collaboration sur cette série qu’est Lulu et son dragon ?
Ingrid Chabbert : Nous nous connaissons depuis quelques années via les réseaux sociaux. Je n’ai pas encore eu la chance de rencontrer en vrai ce cher Cédrick et j’espère que cela ne saurait tarder ! Cette BD a connu un parcours un peu chaotique. Au départ, une éditrice freelance nous avait contacté pour lui mijoter une BD jeunesse afin qu’elle la présente à un éditeur. Le projet n’a pas abouti mais grâce à cette éditrice, Lulu était née et nous avons décidé, Cédrick et moi, de tenter notre chance auprès d’autres éditeurs. Jungle Jeunesse a rapidement été intéressé.
Cédrick Le Bihan : Comme le dit Ingrid, nous nous connaissons depuis maintenant un petit moment, j’ai contacté Ingrid car je voulais m’essayer aux albums jeunesse pour me diversifier un petit peu. Elle m’a tout de suite dit oui ! Et j’étais super fier que mon travail l’intéresse ! Elle était en contact avec une éditrice freelance pour la création d’un projet de BD jeunesse à proposer à un éditeur précis. Ce dernier ne l’a pas pris, grand bien lui en a pris car nous voilà chez Jungle avec notre Lulu ! Qui a d’ailleurs bien changé depuis les premières esquisses ! Et du coup j’ai dû mettre de coté mon envie d’album jeunesse ! (ah ah ah).
Lulu, de par sa passion aveugle pour les dragons, est différente des autres enfants. La différence est quelque chose que tu souhaitais aborder dans ce récit ?
IC : La différence est un thème que j’ai abordé de nombreuses fois. Un jour, lors d’une rencontre, j’ai fait la connaissance d’un petit garçon passionné par les escargots. J’ai bien vu que ses camarades ne comprenaient pas cette passion, si loin des leurs. Il m’avait beaucoup touché.
Si tu t’inspires parfois de ton histoire pour écrire des scénarios, comme par exemple avec Écumes, peut-on imaginer que tu étais attirée par les dragons étant enfant ? Si non, qu’est-ce qui t’a poussé à aborder ce sujet ?
IC : Pas du tout, ou alors je ne m’en souviens pas ! J’ai eu envie de déconstruire l’image collective qui suppose que seuls les petits garçons peuvent se passionner pour les dragons. Lulu est une fillette qui s’affirme, y compris dans ce qu’elle aime. Tiens, la prochaine fois, je vais écrire sur un petit garçon qui adore les princesses, pour continuer à lutter contre les clichés !
Cédrick, quand on sait que l’un de tes fils s’appelle Elliott, on se dit que tu étais prédestiné pour illustrer une histoire de dragon.
CLB : Ah ah ah ! Prédestiné je ne sais pas, car je n’ai longtemps dessiné que des humains, dans un trait semi-réaliste, et pour mes deux livres cette année j’ai dessiné des dragons et des animaux ! Mais en effet, le plus grand de mes deux fils s’appelle Elliott. Comme le dragon ! Nous avons d’ailleurs choisi d’en prendre aussi l’orthographe !
Aviez-vous des amis imaginaires dans votre jeunesse ?
IC : Oui, une petite fille. Je n’en ai que peu de souvenirs mais il paraît qu’il lui fallait toujours sa peluche, dans le lit, près de moi.
CLB : Non, pas pour ma part.
Les planches sont très colorées, est-ce un choix commun ou Cédrick avait-il carte blanche ?
IC : Cédrick a toujours eu et aura toujours carte blanche de ma part. J’ai une confiance absolue en lui, en son travail et son talent. Plus absolue, c’est impossible !
CLB : Ingrid me fait sûrement trop confiance ! (rires) Si du coté d’Ingrid j’avais en effet carte blanche, Héloïse (l’éditrice qui s’occupe de nous chez Jungle) m’a un peu plus «coaché» pour arriver à quelque chose d’acidulé, vif et pétillant. J’ai tendance à assombrir mes couleurs a ajouter des matières, des textures, du bruit… Plein de petites choses que nous permet de faire Photoshop. Elle m’a demandé d’épurer tout ça, et elle a bien fait !
La fin du tome 1 montre clairement qu’une suite est attendue, avez-vous commencé à travailler dessus ? Sans trop en dévoiler, qu’est-ce qui attend les lecteurs dans ce second tome ?
IC : Non, nous n’avons pas commencé. Nous n’aurons pas l’accord pour un tome 2 avant que l’éditeur ait un premier retour sur les ventes. S’il y en a un, on peut vous dire que la petite sœur rigolote de Zygo aura plus de place dans cette suite. En attendant, Cédrick et moi cogitons à d’autres projets…
CLB : Là, ce n’est pas de mon ressort ! En effet, c’est d’abord l’éditeur qui va décider en fonction du retour sur les ventes, puis Ingrid décidera de ce qui arrivera à Lulu, Zygo et Styl. Mais je suis certain qu’Ingrid est capable de nous écrire encore une bonne vingtaines d’histoires pour nos héros !
Pour conclure, quel est votre programme éditorial respectif pour cette année 2017 ?
IC : En BD, sortira en novembre l’adaptation du roman d’Olivier Bourdeaut En attendant Bojangles, avec Carole Maurel (chez Steinkis). J’ai également le tome 2 de ma BD jeunesse chez Frimousse, Tine & Junior, avec Brice Follet et plusieurs sorties sont également prévues en albums.
CLB : Pour 2017, j’ai donc Lulu et son dragon avec Ingrid qui vient de sortir chez Jungle et, le 18 août, j’ai Mulo avec Pog qui sortira chez Dargaud. A part cela, pour finir 2017, je travaille sur le tome 2 de Mulo. Pour ceux qui suivent un peu ce que je fais, je travaille aussi sur La Maison hurlante qui est une nouvelle aventure de Miss Sterre (Des voix dans la nuit) avec Véronique Cauchy chez PEMF. Un autre projet sur lequel je ne peux encore rien dire et vous vous doutez bien pourquoi ! Et aussi et surtout un beau projet, un peu fou, que nous essayons de monter avec Ingrid pour une BD ado/adulte ce coup-ci. Et encore plein plein plein d’autres projets dans les cartons !
Merci à vous deux d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 7 juillet 2017.
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