François Darnaudet et Elric étaient présents à l’occasion du festival d’Angoulême pour présenter leur série Witchazel. L’occasion de revenir avec eux sur les deux premiers tomes de cette série animalière mais également sur la naissance de leur collaboration. Rencontre.
Bonjour François et Elric. Witchazel est votre seconde collaboration. Comment est née cette série ?
Elric : En fait ce n’est pas vraiment notre seconde collaboration, c’est notre seconde publiée en album mais cela fait longtemps que l’on travaille ensemble. Nous avons fait par le passé une histoire courte qui a été publiée dans la revue Yéti il y a plus de dix ans.
François Darnaudet : En effet, nous faisions des histoires courtes pour la revue Yéti qui s’appelait Les Affreuses histoires du cousin Paulo (cliquez ICI pour lire l’intégralité de l’histoire) et qui étaient une parodie des histoires de l’oncle Paul. A chaque fois, on choisissait un thème, on a réalisé une quarantaine de planches mais seules quatre ont été publiées. Pendant longtemps on n’a publié que ça et puis on a travaillé sur plusieurs projets non aboutis, notre premier qui s’est concrétisé est Harpignies. Il s’agit d’une BD sur la vie du peintre paysagiste Harpignies, qui est l’ancêtre d’Elric.
E : Nous avons eu plus ou moins l’idée d’une suite à cet album qui est, avouons-le, intimiste, mais Pierre Paquet souhaitait que l’on travaille sur un projet plus commercial. Il adorait le travail de Raymond Macherot sur Chlorophylle et Sibylline et il voulait une série animalière bucolique. On a donc travaillé sur le sujet et cela a abouti à Witchazel.
Harpignies et Witchazel sont assez opposés que ce soit au niveau graphique que scénaristique. C’était une volonté commune de faire autre chose ?
FD : Notre base de travail est commune au projet, on souhaite avant tout avoir une histoire bien structurée et, une fois que l’on a cette structure, il y a la réflexion au niveau du style graphique à adopter. A la base de tout bon projet, il faut chercher à avoir un projet cohérent.
E : Personnellement mes affluences sont diverses. Dans Harpignies, on ressentait plus le côté ligne claire ; j’ai beaucoup recopié Hergé quand j’étais tout petit. Là, avec Witchazel, on retrouve le style de Raymond Macherot ainsi que d’autres influences que j’ai puisées dans les lectures de ma jeunesse, je pense par exemple à Floyd Gottfredson, Carl Barks ou bien encore Romano Scarpa. On voit également que je dessine les chevaux un peu comme Morris. Cela donne de toutes ces influences que j’ai eues jusqu’à aujourd’hui.
Que nous réserve la suite des aventures de Witchazel ?
FD : Le troisième tome est achevé sur le plan scénaristique, des dialogues, du découpage et du storyboard. Il y a trois planches terminées déjà et trois autres en cours de réalisation.
E : L’album devrait être terminé vers juillet pour une sortie en librairie en septembre.
FD : Et nous planchons déjà sur le scénario du tome 4.
Quand vous avez signé cette série, c’était pour réaliser quatre tomes. C’est plutôt intéressant quand on est auteur de savoir que l’on va pouvoir développer sa série jusqu’au bout ?
FD : Effectivement c’était une idée de l’éditeur, il fallait qu’on lui présente le storyboard du premier tome, un scénario un peu conséquent du second tome et puis uniquement un résumé pour les deux tomes suivants. C’est ce qui fait que les quatre tomes de la série pourront être lus indépendamment les uns des autres mais il y a une certaine continuité dans le récit. Des personnages apparus dans le tome 1 réapparaîtront dans le tome 4 également. On essaye de faire en sorte qu’à la dernière page de chaque album on ait le début du suivant.
Les quatre premiers tomes constitueront donc un premier cycle. Peut-on d’ores et déjà imaginer un second cycle ?
FD : Oui tout à fait, nous avons déjà trouvé le titre du tome 5 et l’intrigue de cet album qui, espérons-le, pourra voir le jour.
François, tu es écrivain de fantastique et de roman policier, qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la bande dessinée ?
FD : Depuis mon adolescence, ce qui me fait rêver c’est la bande dessinée, mais je ne savais pas dessiner donc je me suis retrouvé face à ce problème et je me suis tourné vers l’écriture de scénario. Je me suis intéressé à la façon d’écrire des scénarios en lisant Franquin et Jijé mais tout ça est resté en stand-by pendant un certain temps. A un moment, je me suis lancé après avoir lu pas mal d’ouvrages de science-fiction et je me suis mis à écrire du fantastique. A force d’écrire, on finit toujours par tomber sur des gens qui dessinent et qui nous demandent de leur écrire un scénario. Tout au long de ma vie, j’ai fait cela assez souvent sans que les projets aillent jusqu’au bout, cela a été différent avec Elric que j’ai rencontré il y a une dizaine d’années. Cela a collé tout de suite entre nous, notre premier projet, dont nous parlions précédemment, a été publié dès notre seconde histoire. Cela a été déterminant dans notre collaboration, même si nous avons eu pendant longtemps uniquement ce succès à notre actif. Après, la différence entre écrire un scénario de BD ou un roman, c’est presque pareil sauf qu’à un moment je ne maîtrise plus rien, le dessinateur a un rôle de réalisateur au cinéma.
Elric, qu’en est-il de ta petite souris dont les strips étaient publiés sur le Huffington Post ? Fin de l’aventure ?
E : J’ai du mal à réagir sur l’actualité, ça me fatigue un peu dans le sens où ce n’est qu’un blog et que je dessine à l’envie. Je ne suis pas très motivé actuellement mais en revanche il y a un petit album qui est sorti en septembre dernier aux éditions Onapratut, qui s’appelle Trivial pour cuite et qui met en scène la petite souris. C’est une histoire burlesque avec un savant fou, une journaliste et un tueur en série.
D’autres projets BD à venir ?
FD : Nous en avons des tonnes.
E : Nous avons un scénario fini, ce n’est pas à proprement parler une suite de Harpignies mais ça reste dans le même ton.
FD : Nous travaillons également sur l’adaptation d’un de mes romans policiers autour du Graf Zeppelin qui avait fait le tour du monde à la fin des années 20. Ça serait dans le style Tintin et l’histoire tournerait autour d’un sabre qui a été volé et caché dans la structure du Zeppelin. Ça serait un peu comme dans une intrigue d’Agatha Christie en milieu clos, le héros serait l’un des grooms de l’équipage et il essayerait de trouver le coupable.
Merci à vous deux d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 27 janvier 2017.
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