C’est à l’occasion du festival BD de Château-Gontier, dans le superbe cadre du Couvent des Ursulines, et avec la complicité des membres du festival Adaptations de Cholet, que nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer Erik Juszezak. Avec sa gentillesse habituelle, il a accepté de nous répondre à quelques questions sur son parcours et sa carrière.
Bonjour, merci beaucoup de nous accorder ce petit temps d’échange. On vous connaît entre autres pour votre série Dantès, évoluant autour du monde des traders. Pour le raconter, comment obtient-on une telle connaissance de la finance ?
Bonjour ! Alors, pour la petite histoire, il y avait un des scénaristes de la série qui avait une formation non seulement journalistique, mais également d’économiste. C’est donc tout naturellement lui qui nous a apporté toute la documentation technique nécessaire au montage scénaristique.
Était-ce compliqué de retranscrire le bon « jargon » financier, mettre en scène les bonnes gestuelles dans les albums de la série ?
En cours de réalisation, nous avions dans notre équipe quelqu’un qui avait travaillé à la bourse de Paris comme trader. Il nous a fait découvrir les différentes gestuelles pratiquées pour les achats, les ventes, les quantités, etc. Nous avons donc pu réaliser plusieurs plans afin que le climat soit le plus juste possible. Encore une fois, quand on ne connaît pas, on apprend, c’était très intéressant. Toutefois, ne me demandez pas de reproduire un geste ou l’autre aujourd’hui, je serais incapable de vous dire lequel signifie quoi ! (rires)
Comment est née l’idée de reproduire Le Comte de Monte-Cristo à notre époque ?
L’idée était assez simple en réalité. Nous sommes partis sur l’idée de la vengeance selon Alexandre Dumas, à travers son roman. Nous étions séduits par la structure narrative sur la chute et la remontée à la surface de son personnage. Le héros est piégé, déchu, et il revient, comme pour une sorte de rédemption pour assouvir sa vengeance. Je trouve, sur un point de vue un peu personnel, qu’Alexandre Dumas a été le précurseur de ce type de scénario. D’ailleurs, d’une manière anecdotique, notre personnage principal s’appelle Alexandre dans notre récit (sourires). Après, il ne s’agissait pas simplement de réadapter Le Comte de Monte-Cristo, cela ne représentait pas spécialement d’intérêt. Nous nous sommes attachés à reprendre la base de l’histoire et de repositionner certains éléments dans le contexte actuel.
Le cours de votre récit a t’il été influencé par l’affaire Kerviel ? Cela vous a-t-il incité à modifier votre scénario ?
Non, pas du tout. L’idée n’était pas de « coller » à l’actualité de l’époque. D’ailleurs, notre récit était bouclé depuis plusieurs mois lorsque cette affaire a eu lieu. C’est vrai que l’on pourrait y voir quelques similitudes, mais ce n’est que le hasard du calendrier, puisque Dantès était terminé en 2008 et l’affaire Kerviel a eu lieu en 2009. Par contre, nous nous étions « inspirés » d’une histoire financière arrivée dix ans plus tôt, laquelle avait également servie de support pour un film avec Ewan McGregor (NDR : Trader, de James Dearden).
Vous êtes autodidacte, vous avez appris à dessiner vous-même…Comment cela se passe-t-il ?
Autodidacte, oui, comme quelques dessinateurs de ma génération, ceux-là mêmes qui apprenaient dans le studio en regardant les albums des autres auteurs. Bon, j’ai commencé en dessinant Tintin d’abord, et dieu sait qu’il est difficile à dessiner… (Rires). Ensuite, je me suis plutôt tourné vers le trait réaliste et puis, à force de passer des heures et des heures derrière ma table, cela fait plus d’une vingtaine d’années que cela dure…
Merci beaucoup pour ces réponses.
Propos recueillis par Joël Leroy avec Frédérique Biron et Nicolas Blondel
Interview réalisée le 1er octobre 2016
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