Après un footing matinal le long des côtes malouines, Alexandre Tefenkgi a eu la gentillesse de nous rejoindre frais comme un gardon pour répondre à nos questions. Rencontre.
Le tome 2 d’Où sont passés les grands jours ? est paru il y a un peu plus d’un mois. L’histoire y trouve sa conclusion. Quels sont les retours de lecteurs jusqu’à maintenant ?
Les premiers retours ont été globalement positifs, les lecteurs qui étaient justement dans l’attente de ce tome 2, après un final assez dramatique dans le tome 1, ont été agréablement surpris par ce que nous avons raconté.
Ce récit est loin d’être un conte de fée avec un happy end, la fin est loin d’être conventionnelle, c’est ce que vous recherchez quand vous signez pour un projet ?
Ce que je recherche avant tout ce sont des histoires qui me touchent, qui me parlent et justement les histoires de Jim abordent des thèmes assez universels. La vie, le couple, la famille, les amitiés, c’est ce que j’ai retrouvé dans Où sont passés les grands jours ? et qui m’a plu.
Jim, votre scénariste sur Où sont passés les grands jours ? travaille également pour l’audiovisuel. Est-ce que sa façon de travailler diffère de celle d’Olivier Merle, avec qui vous avez travaillé sur Tranquille courage, par exemple ?
Effectivement leur façon de travailler diffère mais n’est pas pour autant totalement opposée. Jim travaille dans le milieu de la BD depuis de nombreuses années et même si le cinéma transpire dans son travail, dans sa manière de découper le texte il reste avant tout un auteur de BD. Il a toujours cet œil très esthétique et le souci du détail aussi, nous sommes sur la même longueur d’onde. Pour revenir au sujet de la question, Jim et Olivier Merle sont tous deux dessinateurs en plus d’être scénaristes donc leur manière de travailler reste malgré tout assez proche.
Vous arrive-t-il de vous identifier aux personnages que vous dessinez ?
Je ne dirais pas ça mais je dirais plus que j’ai beaucoup d’empathie pour ces personnages-là car ce sont des personnages qui pourraient être tout le monde. C’est cette facilité d’empathie à travers les personnages créés par Jim. Les lecteurs que je rencontre en dédicaces me racontent certaines anecdotes qu’ils ont vécu et font des parallèles avec ce qui s’est passé dans l’album. On parle également beaucoup de leur vie, de la mienne, de nos expériences et ces rencontres sont vraiment très enrichissantes. Ces rencontres tranchent avec celles que j’avais pu faire lorsque j’ai travaillé sur la série Tranquille courage puisque je rencontrais plutôt des professeurs d’Histoire ou des passionnés de l’époque historique développée dans les deux albums.
Il s’agit de votre troisième série chez Bamboo, hasard ou choix ?
C’est un choix délibéré parce que je me sens bien dans cette maison d’édition mais aussi parce que c’est le premier éditeur à m’avoir fait confiance, cela compte forcément. Je m’entends très bien avec cet éditeur, les personnes qui travaillent chez Bamboo sont très professionnelles et se démènent pour vendre les albums. Il y a une dynamique chez Bamboo qui me plaît.
Vous avez jusque-là travaillé sur plusieurs genres de BD en dessinant aussi bien une BD plutôt historique de par son sujet que contemporaine. Êtes-vous tenté pour dessiner autre chose encore ?
Je ne choisis pas les albums que je souhaite dessiner vis-à-vis du genre, c’est plutôt le contexte dans lequel évoluent les personnages de mes différentes BD qui sont différents. Si je compare Tranquille courage aux Âmes nomades, on est toujours dans l’humain. Même si le contexte est la guerre pour Tranquille courage, on parle de la famille et de l’amitié qui se crée entre les deux personnages principaux, c’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans Où sont passés les grands jours ?.
Vous avez travaillé en atelier avec Mauricet qui fait pas mal de BD d’humour, est-ce que c’est quelque chose qui peut vous tenter ?
L’humour n’est pas ce vers quoi je tends à aller mais la comédie oui. Justement mon prochain projet sera une comédie scénarisée une nouvelle fois par Jim. Ce sera une histoire plus ensoleillé que Où sont passés les grands jours ?
Philippe Fenech a été votre professeur de BD il y a quelques années. Aujourd’hui vous êtes tous deux auteurs chez Bamboo, sympa comme clin d’œil.
C’est un plaisir mutuel que de se retrouver tous les deux chez Bamboo parce que je l’ai connu sur les bancs de l’école à Montpellier. Philippe donnait des cours de BD et d’analyse filmique, pour tout dire, je n’étais pas très assidu à ces cours-là. C’est à l’extérieur que nous avons lié une amitié et que je suis allé dessiner chez lui. Je faisais des études d’infographie et je me dirigeais vers un métier de modeleur 3D, je n’avais pas cette vision de la BD comme un métier. C’est grâce à Philippe que j’ai pris conscience que je pouvais en faire mon métier. Désormais on dédicace l’un à côté de l’autre et ce n’est que du bonheur.
Merci à vous d’avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis par Nicolas Vadeau
Interview réalisée le 24 octobre 2015.
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