Titre : La Forêt envahissante
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Davide Tosello
Éditeur : Vents d’Ouest
Parution : Février 2020
Prix : 14,95€
Blue, une petite fille pas tout à fait comme les autres, nous raconte sa propre histoire. Celle où elle reçoit des avions en papier qui heurtent sa fenêtre, celle où un jour, elle reçoit un colis avec un aquarium et une espère de petite baleine. Blue aime se réfugier dans ses propres rêves, dans sa propre enfance, exorcisant ses démons intérieurs justement extériorisés. Elle se souvient de son père avec lequel elle fabriquait et faisait voler les avions de papier… et puis, comme si les démons lointains avaient décidé de ne pas la laisser en toute sérénité, le monstre est apparu et lui a promis de tout faire disparaître autour d’elle… tout sauf elle. Mais si elle vient à recroiser son chemin, ce sera alors son tour. L’apocalypse de Blue, tout disparaît, même son papa. Elle décide alors de rester cloîtrée chez elle afin de ne pas avoir à son tour à être dévorée.
Blue vit une succession de scènes magiques, fantasques, effrayantes, joyeuses… Tout s’entremêle. C’est tout son activité mentale, ses rêves, ses fantasmes qu’elle nous livre dans une suite d’hallucinations visuelles qui nous laissent souvent dans la plus jolie des confusions. Difficile d’expliquer l’état d’esprit d’un adulte qui plonge à proprement parler dans ce chef d’œuvre comme il plongerait dans les tripes de son enfant. Cette immersion qui l’aiderait à mieux comprendre ses facultés à élaborer, à imaginer, à rêver, à fuir, à se protéger. Davide Tosello a fait ses armes dans le monde des jeux vidéo, et a notamment collaboré avec Supercell. Il nous offre ici sa toute première œuvre, abandonnant par la même occasion tous les codes identitaires de la bande dessinée pour enfant et laissant libre cours complètement à une allégorie poétique qui traite les thèmes de la nature, de la peur des monstres, de l’enfance. La double lecture enchante, le dessin surprend, les couleurs intriguent. Le dessinateur se fait ici assister d’Ingrid Chabbert, autrice d’ouvrages pour la jeunesse qui scénarise une partie de cette BD. On ne sait pas très bien qui fait quoi mais la réussite finale fait matcher le duo. Il suffit alors de se laisser aller, de se faire porter par ce petit nuage « blue » afin de voler, de traverser les frontières entre les rêves et la réalité. Ne pas s’accrocher et faire de Blue son alliée pour fuir le quotidien.
Il faut absolument prendre le moyen de transport le plus pratique et se laisser embarquer par cette galerie de personnages tous plus barrés les uns que les autres. Une vraie réussite !
Jérôme Prévot
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